Au Royaume des désormais 6 couronnes, le peuple se remet de la courte emprise d'un tyran. Jon est exilé au Mur, le cœur plein d'amertume, et les Starks sont à la tête du pouvoir. Mais Bran est-il vraiment un monarque sans volonté de diriger ?
Et où...
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𝓮𝓭𝓲𝓽 : // moi
VOLANTIS.
Ses pas légers soulevaient la poussière alors qu'elle s'approchait d'une demeure d'une simplicité déconcertante. Jon, tapi dans l'ombre de la maison voisine, n'aurait su dire si la tête lui tournait de par la chaleur infernale ou bien à cause cette vision saugrenue qu'il peinait à croire. Son rêve le plus fou lui avait été exaucé, et cependant il ne savait trouver en cela le moindre réconfort. À son cœur avait manqué sa présence, mais son désir immédiat de s'approcher d'elle, de s'enivrer de son délicieux parfum était impossible à réaliser. Que devrait-il faire pour un jour espérer son pardon ? Si fort qu'il voulut la rejoindre, entendre le son de sa voix, effleurer le ventre devenu rond de sa reine, il ne connaissait que trop bien le sort terrible réservé aux traîtres, et ne souhaitait aucunement imaginer celui des meurtriers. Le vent lui soufflait de passer la lourde porte, de se jeter vers la mort si c'était cela qui l'attendait, ne serait-ce que pour avoir la certitude de sa présence. Si je rentrais dedans, je ne pourrais plus jamais regarder dans ses yeux, songea Jon. Pas après ce que j'ai fait. Leur douceur bleuté lui revint en mémoire, et il eut soudainement envie de courir vers la maison pour plonger son regard dans le sien comme il en avait l'habitude autrefois. Au fond, rien de plus irréaliste que cette pensée. De quelle cruauté ai-je été saisi pour ainsi l'embrasser tandis que j'enfonçait la dague dans son cœur ?
Il ne souhaitait que s'abandonner à elle, lui expliquer à quel point son absence l'avait fait souffrir, mais alors qu'il trouvait enfin la bravoure pour l'affronter, les souvenirs douloureux de sa propre mort venaient le frapper de plein fouet. Lorsque le dernier poignard, manié par Olly, avait traversé sa peau, le froid l'avait enveloppé sans qu'il put rien y faire. Et la noirceur effrayante de la mort l'avait terrifié au point qu'il aurait préféré ne jamais revenir, pour ne pas se rappeler ce qu'était le trépas. Quand il avait ouvert les yeux, et inspiré péniblement l'air frais qui se présentait à lui, la souffrance de la trahison mêlée à celle de ses blessures noya son être sous un flot de tourments qui le hantaient encore aujourd'hui. Et désormais il osait espérer voir grandir son enfant, se montrer aimant comme il l'aurait été auparavant, faire comme si le pouvoir n'avait pas détruit sa vie et comme si les manipulations perfides ne l'avaient pas détournées de son honneur.
Son regard toujours rivé sur la fenêtre aux volets bosselés du logis, il entreprit de cogner à la porte, mais se ravisa à nouveau lorsqu'il y aperçut passer une ombre aux cheveux argentés. Décontenancé, Jon fit lentement demi tour, et son corps entier convulsait à l'idée de s'éloigner encore d'elle. « - Je le savais, annonça bien haut une voix derrière lui. Les flammes ne se trompent que rarement. » Il se retourna pour découvrir une jeune femme aux cheveux ébènes et aux prunelles vertes qui le toisait, emmitouflée sous d'épais tissus de soie et de flanelle cramoisie. Ses mains entrelacées dans son dos, elle fixait le jeune homme d'un regard impénétrable et arborait un sourire triomphant. Identiquement à la sorcière rouge Mélissandre, son cou était serré d'un collier d'argent serti de rubis flamboyants. Elle s'approcha calmement de lui tout en ajustant sa longue robe. Il devina de par son air assuré qu'elle était la raison de la résurrection de la Mère des dragons. « - Vous êtes venu plus tôt que je le pensais, déclara-t-elle enfin. - Qui êtes vous ? - Milles excuses, lord Snow. Mon nom est Kinvara, servante du Maître de la Lumière. - Comment me connaissez vous ? s'inquiéta-t-il. - Après avoir ramené parmi nous Daenerys Targaryen, j'ai vu votre retour dans le feu. Vous êtes tout deux promis à une grande destinée. Ensemble, vous êtes d'un pouvoir que nul ne peux égaler. - Je l'ai tuée, chuchota Jon alors qu'une larme dévalait sa joue à toute vitesse. - Cela faisait partie du plan du Maître. Les erreurs que nous pensons avoir commises peuvent parfois nous faire avancer, Jon Snow. Ce qui compte est la façon dont nos fautes nous guiderons par la suite. - J'ai assassiné la femme que j'aimais, emportant notre enfant avec elle. Je suis coupable d'une félonie inexpiable, dites moi alors si je pourrais jamais me faire pardonner cet acte ? En quoi cela me fera donc avancer ? - Suivez moi et vous le découvrirez bien assez tôt, » lança-t-elle en s'éloignant.
