Chapitre 2 - Dr Hampton

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« Docteur Grégory Hampton ».

A chaque fois que je franchis la porte de mon bureau, l'un des plus somptueux de l'hôpital je ne peux que sourire à la lecture de mon nom. Je me souviens parfaitement des remarques désobligeantes de certains camarades devenus malheureusement des confrères. Ce n'est pas parce que j'avais un domaine de spécialité hors du commun que je pourrais grimper les échelons plus rapidement que les autres. Grâce à mon domaine de spécialité ? Bien sûr que non. Grâce à mon travail, à mes nombreuses heures passées à l'université et dans les couloirs blancs, évidemment.

Je suis l'un des rares à disposer de ces vieux bureaux en bois, massifs, qui semblent rappeler que la médecine est aussi vieille que le monde. Mais mon plaisir ne s'arrête pas là, bien au contraire. Je suis seul dans mon bureau. Ni assistant, ni confrère ou consœur qui aurait le don de m'agacer pendant que je travaille. Je ne supporte personne, strictement personne, quand je dois me pencher sur les démêlés d'un patient ou, mieux, sur les cours que je prépare.

J'ai tout de même accepté que l'hôpital me propose un assistant. Après des mois de refus, j'ai fini par craquer, davantage par résignation et par temps perdu en réunions que par réelle motivation. Finalement, je dois reconnaître qu'il m'est souvent utile. Même, que nos relations sont devenues cordiales et sincères. Je lui fais confiance. Doucement.

Cependant, le jour où ils m'ont annoncé de but en blanc que je devais accueillir un interne, je crois que j'aurais pu démissionner. Un jeune dans les pattes, qui va jalouser ma position ? Non merci. Ai-je seulement le choix ? Non. Je préfère largement croiser les futurs médecins en conférence, là-bas au moins, ils sont loin de moi.

Fort heureusement, c'est Cunnings qui m'a sauvé, en me soufflant un nom. Oui, je devais de surcroît m'occuper de la procédure complète. C'est mon assistant qui s'en est chargé. Jusqu'à l'arrivée de ce dossier. Nolan, de mémoire. Et aussitôt mon cher Cunnings a dépassé le cadre professionnel pour me parler de qualités disons, relevant des nourritures charnelles.

J'ai vu sa photo, je dois reconnaître qu'il a du charme. Il a encore un air juvénile, ce qui aurait parfaitement pu me convenir si je l'avais croisé au détour d'un club ou d'une application de rencontres. Bien que pleinement investi dans mon travail qui est assurément le cœur de ma vie, je ne refuse assurément pas les plaisirs de la chair.

Malgré les commentaires tout à fait élogieux de Cunnings, j'espère que son cerveau saura dépasser cette première impression. Je n'ai pas tendance à laisser passer les erreurs, surtout dans mon service. Et s'il veut valider son internat, il faudra qu'il travaille autant que moi. Que je n'entende pas parler de petite-amie ou d'urgence familiale. La seule urgence ici, ce sont les patients.

J'espère qu'il aura pris la peine de lire mes travaux et d'être à la pointe des différentes propositions que je formule. Hors de question que je passe plus de temps à lui expliquer ce qu'il se passe ici qu'avec les patients ou sur mes recherches. Je ne suis pas du genre à donner des cours particuliers. Ou bien il faudra savoir payer cher. Très cher.

A peine installé à mon bureau et mon ordinateur allumé, que l'on frappe à ma porte. L'enfer.

– Entrez !

– Toujours aussi aimable Grégory ! me lance Cunnings dans un sourire immense.

– Ta gueule. Que me vaut ta visite ?

– Tu as ton nouveau costume ? C'est pour ton petit interne ?

– Je l'ai récupéré il y a peu en effet. Et non, ce n'est pas pour mon interne. Que tu es obsédé.

– Justement, il vient d'arriver, il va falloir que tu l'accueilles.

– Je ne suis peut-être pas aimable avec toi mais je comptais bien être tout à fait courtois avec lui, merci.

Gay Anatomy (B&B)Där berättelser lever. Upptäck nu