Aleisha Grey est une jeune chasseuse de démons. Mais quand sa sœur se fait tuer par sa faute au cours d'une mission, sa vie bascule.
Aujourd'hui, elle est confrontée à des visions démoniaques qui l'empêchent de tourner la page et de vivre normalemen...
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Trois jours s'étaient écoulés depuis l'incident du lycée. J'avais été renvoyée une semaine. Cependant, je pense que même sans cela, je n'y serais pas retournée. Il était clair que je ne maîtrisais plus ce qui m'arrivait et que la première hallucination venue pourrait me faire perdre les pédales.
Je me trouvais à présent dans la salle du conseil de l'Ordre. Malgré la tension que je sentais dans tout mon corps et la vague nausée contre laquelle je luttais, je tâchai de prendre une pause nonchalante, m'appuyant contre le dossier de mon siège d'un air ennuyé. Je sentais le regard de ma mère peser sur moi. Hormis mes parents, quatre autres personnes étaient présentes dans la salle. Rien que des hommes et, parmi eux, l'homme au costume élégant qui avait participé à mon audition. Les autres, je ne les connaissais pas, mais un simple coup d'œil suffisait à mesurer leur importance. Un léger frisson parcouru ma colonne vertébrale. Malgré tout, je continuai de ne rien laisser paraître, même si au fond de moi, je commençais à paniquer.
Leurs visages arboraient un air grave et la précipitation avec laquelle j'avais été convoquée par l'Ordre ne laissait aucune place à l'imagination. Ma situation était devenue pour eux une priorité sur laquelle il était devenu urgent de statuer. Maman m'avait aidée à choisir mes vêtements et c'est vêtue d'un chemisier crème et d'une jupe droite d'un bleu marine presque noir que je me présentais à ce qui devait finalement se résumer à n'être qu'une seule chose : mon procès. Ou pour être plus exacte, mon jugement car il était évident qu'ils avaient déjà statué sur mon sort et qu'ils ne me laisseraient pas la possibilité de défendre ma cause.
L'homme qui trônait face à moi était un des Référents les plus éminents de l'Ordre, comme l'affirmait son uniforme vert d'eau caractéristique et les deux décorations accrochées fièrement sur sa poitrine. Ses cheveux châtains étaient coiffés en arrière et son visage, quoi que anguleux, était beau. Quand il posa son regard aiguisé sur moi, mon estomac fit un nœud de plus. Le silence qui régnait dans la pièce était presque palpable. Finalement, le Référent le rompit : - Mademoiselle Grey, nous vous avons convoquée aujourd'hui afin de faire la lumière sur les derniers événements et de prendre une décision quant à votre affectation. Bien que je m'y attendais, ses propos me firent l'effet d'une giffle. Voilà, nous y étions. Ils allaient me séparer de ma famille. L'homme fronça les sourcils en croisant mon regard et poursuivit : - D'après les conclusions de l'enquête concernant la disparition de votre sœur, Jennifer Grey, il a été mis en évidence que votre manquement au règlement a causé le drame. J'avais arrêté de respirer. J'étais coupable, je le savais, je vivais chaque jour ce poids sur ma conscience. Ils avaient beau avoir raison, c'était douloureux pour moi de l'entendre dire à haute voix. - A cela s'ajoute le fait qu'il a été constaté que vous souffriez de séquelles, telles que hallucinations, visions et des troubles du comportement qui pourraient vous rendre inapte à la vie civile.
Sa voix retomba et il laissa le silence s'installer. Mes oreilles bourdonnaient tant le sang pulsait dans mes tempes. Je détestais leurs visages de marbre, l'importance qu'ils se donnaient et le pouvoir qui suintait d'eux. L'homme au costume élégant, celui qui avait été présent lors de mon audition, paraissait s'ennuyer. Il tapotait le sol du bout de sa chaussure hors de prix.
Le Référent reprit : - Il a été décidé que vous serez placée en observation dans un des centres de réhabilitation de l'Ordre. Monsieur Carnegie (il désigna d'un signe de tête l'homme élégant) a accepté de vous accueillir dans le nouveau complexe qu'il dirige et qui est consacré exclusivement aux personnes ayant été exposées ou contaminées au poison démoniaque. Son taux de réussite étant des meilleurs, nous n'avons aucun doute quant au fait que votre séjour y sera court et que vous pourrez ensuite retrouver votre vie ainsi qu'une nouvelle affectation. Je serrai les poings. - Souhaitez-vous ajouter quelque chose ? Je n'avais rien à ajouter. Ils avaient tout planifié d'avance. Je me contentai de demander : - Quand ? Le Référent jeta un bref coup d'œil sur les documents qui étaient étalés devant lui avant de reporter son attention sur moi : - Dans deux jours. Bien que cela me fit un coup au cœur, je me forçai à garder le silence. Je pensais à mes parents. Ils devaient déjà supporter d'avoir perdu Jennifer et maintenant ils allaient me perdre moi. Tout cela alors qu'ils n'avaient jamais autant eu besoin de ma présence. Bien que je sentais la peur s'insinuer en moi, l'Ordre ne me ferait pas fléchir. Je trouverai un moyen de rentrer au plus tôt chez moi.
Comme si cela avait été savamment orchestré, les quatre hommes se levèrent d'un seul mouvement. Tous m'ignoraient, à l'exception de Carnegie mais son expression était indéchiffrable. Sans attendre une minute de plus, je bondis de mon siège et me précipitai vers la sortie. Alors que je gagnais la sortie à toute vitesse, j'entendis ma mère m'appeler dans mon dos. Je l'ignorai et franchis la porte sans me retourner.
