Aleisha Grey - Démons intérieurs - Tome 1 - Wattys2019

Chapitre 30 - Tristesse et mort

Se réveiller aujourd'hui m'a semblé bizarre. D'ailleurs, toute la journée a sonné faux. Cela faisait pile un mois que Jennifer était « censée » être morte et alors que j'étais encore allongée dans le noir, fixant le plafond, je pensais à mes parents.

Ce devait être un jour horrible pour moi. J'aurais voulu pouvoir tout leur dire, que Jennifer était encore en vie. Mais cela reviendrait à devoir tout leur expliquer. Et la dure réalité aurait été bien pire pour eux.

De toute façon, il m'était interdit de leur téléphoner. C'était une des règles de Green Point. Tout nouvel arrivant devait attendre un mois avant d'avoir le droit de communiquer avec l'extérieur.

Tout à coup, l'idée que peut-être je ne parlerai plus jamais à mes parents m'étreignis. Si je perdais la compétition, la réalité serait tout à coup moins décalée : ils auraient en effet perdu leurs deux filles. Mais au moins ils seraient en vie. C'était la seule différence et la seule garantie qu'offrait ma coopération avec l'Ordre.

À cette idée, une nouvelle bouffée de rage monta en moi. Cependant je n'ai pas eu le temps de m'y attarder car elle fut aussitôt balayée par un grand fracas.

Je me redressai d'un bon. Il se passait quelque chose derrière la porte. Les autres filles étaient sorties de leur chambre et j'entendis la voix d'Anton.

Je me levai et ouvris la porte au moment où il demandait :

— Et Aleisha ?

Tous les regards se tournaient de concert vers moi.

Anton laissa échapper un soupir sonore en me voyant et cocha quelque chose sur son bloc-notes. À peine eut-il fini qu'il tourna les talons et s'engagea à toute vitesse dans l'escalier.

Je demandai :

— Que se passe-t-il ?

Une des filles pleurait et Kathy se trouvait près d'elle. Tout le monde chercher à la consoler. Comme je m'approchai, Kathy se tourna vers moi :

— Nous ne sommes pas sûres. Anton a frappé comme un fou aux portes et quand j'ai ouvert, il m'a dit que quelqu'un avait été tué et qu'il devait prendre les présences.

J'observais Kathy et lui trouvai quelque chose de changé, ses yeux brillaient d'un éclat nouveau et, aussi, elle paraissait plus vieille. Comme si elle avait senti que je l'étudiais, Kathy tourna subitement la tête pour se concentrer sur la jeune fille. Celle-ci avait maintenant arrêté de pleurer.

Aussitôt, l'image de Jennifer s'imposa à moi. Qui s'inquiétait de savoir si elle allait bien ? N'importe qui pouvait s'en prendre à elle dans l'état où elle était.

Sans réfléchir, je me dirigeai à mon tour vers les escaliers. Kathy m'attrapa le bras.

— Où vas-tu ? Anton nous a interdit de quitter le pavillon jusqu'à ce qu'on nous en donne l'autorisation.

— Je...

Et quelque chose chez Kathy déjà de continuer. Je n'en étais pas certaine, mais une sorte d'ombre était passée sur son visage. Et soudain, je ressentis la morsure de sa main qu'elle avait posée sur la peau nue de mon bras. Cette sensation me traversa jusque dans mes entrailles. Littéralement, quelque chose en moi se recroquevilla pour éviter à tout prix son contact. Une pulsation douloureuse transperça mon corps. Je n'avais jamais ressenti cela auparavant.

Kathy lâcha lentement mon bras. Elle ne semblait pas avoir remarqué quoique ce soit.

Sans rien ajouter, je retournai dans ma chambre. Mon cœur battait la chamade.

J'essayais de me rappeler si Kathy m'avait déjà touché auparavant et je me souvins sans mal qu'elle m'avait prise dans ses bras quand je m'étais confiée à elle la veille. Je n'avais alors rien ressenti. Qu'est-ce que tout cela voulait dire ?