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Petit garçon déjà, Gabriel rêvait de justice. Sa chambre d'enfant était plein de poster de super-héros, et il passait son temps à lire des BD sur des justiciers masqués qui sauvaient la ville en crise des criminels, et permettaient aux habitants de dormir sur leur deux oreilles. Voilà le monde qu'il désirait. C'était son utopie d'enfant. Au fond de lui, dans un coin de son cœur, il voulait lui aussi devenir, plus tard, une figure de la justice, sur qui on pourrait compter. Rendre le monde meilleur, aider la veuve et l'orphelin tout en gardant l'anonymat. Il n'avait pas besoin de reconnaissance ou d'être sous les feux des projecteurs : juste d'être là, et de venir en aide à ceux qui en avait besoin.
Mais le temps a raison des âmes les plus nobles et en grandissant, il fut forcé de constater que les héros, ça n'existait pas. Que les criminels s'en tiraient souvent à bon compte, et que les crimes les plus odieux n'étaient que rarement puni. Alors c'était ça, le monde dans lequel il vivait ? Un monde qui toléré l'injustice ? Mais en y pensant, on pouvait ce demander ce que c'était, la justice. Tout n'était pas noir ou blanc comme il s'en était persuadé. Et ce fut très dur pour lui de s'y faire.
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Gabriel possède à cœur tendre que les années n'ont su assécher. Mais il n'est plus l'enfant naïf et crédule qui pensait pouvoir changer le monde à lui tout seul. Bien plus dur et froid qu'il ne l'était autrefois, il a appris à s'adapter à son environnement. Parfois, il y pensait. À ce qu'il était devenu, à ce qu'il aurait pu être. Mais il n'avait jamais aimé les regrets ou les remords : alors il chassait simplement ses idées noires de son esprit, comme on se débarrasse d'un insecte qui se serait introduit chez nous. Parce que c'était exactement ce que représentait ses pensées pour lui : des insectes qui s'infiltraient partout, l'empêchant d'être en paix.
