Chapitre 11

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Blue

Elle était assise sur le sable, il faisait chaud, les embruns chassaient sa sueur. Blue réalisa qu'elle n'avait nulle part où aller. 20'14''59. Le temps s'éloignait puis revenait à elle comme les vagues grignotant peu à peu la plage. Le ciel rougissait comme pour faire écho à la honte qui s'était installée dans son cerveau et se faufilait peu à peu à travers ses muscles et ses os. Elle regardait Hund avec tristesse et enviait cette énergie naïve qu'il dégageait. Si seulement elle pouvait encore croire à quelque chose. Mais MG n'était qu'une larme d'espoir dans un océan de cyanure, deux initiales sans visage, dont la vie était résumée sous forme de statistiques. Epsilon, un personnage énigmatique mais vraisemblablement décevant. Quant à Tobias... elle ne pourrait jamais se résoudre à lui pardonner.

« C'est toi et moi maintenant, Hund, songea-t-elle.

Epuisée, ses mains bleuies par ses veines gonflées, elle s'allongea sur son drap de plage et le chiot vint se blottir à ses côtés. Elle avait retiré tout l'argent de son compte, acheté quelques affaires, puis s'était débarrassée de son portable et de ses vêtements. Le prix exorbitant du vol la contraignait à une vie de sans-abri. Mais cela ne la dérangeait pas, elle ne s'était jamais aussi sentie chez elle que perdue sur cette plage étrangère. Le sommeil la frappa violemment, comme une massue la fit sombrer dans les dédales noirs et vaporeux d'un cauchemar. Au milieu de la nuit elle entendit Hund aboyer. Elle se leva avec un sursaut et saisi sa lampe torche pour découvrir une silhouette à quelques dizaines de mètres d'elle. Instinctivement elle se mit à courir dans la direction opposée de l'inconnu. S'avançant vers l'océan, essoufflée, elle s'écroula. Son assaillant se rapprochait dangereusement d'elle. D'un bon, elle se redressa avant de réaliser l'eau arrivait déjà à la hauteur de ses chevilles.

« C'est moi, Blue.

Blue se tourna vers la voix fluette et douce qui avait prononcé ces mots, comme si elle avait entendu un spectre. Elle reconnaîtrait la voix de son amie d'enfance entre mille. Weng. Celle-ci se rua vers elle, l'enlaça.

« Allez viens, on s'en va, tu ne peux pas rester ici. J'ai réservé une chambre pour toi dans un hôtel pas très loin.  

HenryDonde viven las historias. Descúbrelo ahora