Varda

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Varda habitait une minuscule cabane près de la forêt d'Améthyste. Née des amours d'une fée et d'un elfe, elle était bien plus intelligente que ses congénères qui ne pouvaient ressentir qu'une émotion à la fois. Philomène l'avait rencontré lorsqu'elle était petite et qu'elle s'était mise en tête d'aller explorer la forêt en semant la nourrice et les gardes qui avaient la responsabilité de la surveiller. L'amitié qu'elle avait noué avec la fée perdura au fil des ans et les talents de celle-ci en potions diverses allait lui servir afin de piéger Smaragdus.

La jeune princesse descendit de son cheval et le laissa brouter pendant qu'elle s'approchait de la cabane de Varda. Celle-ci, construite par Philomène à base de pierre, de bois et d'herbe, était toujours là. Des fleurs de toutes les couleurs avaient été ajoutées sur le toit, ce qui attirait des papillons. Philomène s'essuya le visage grâce à un mouchoir répugnant qu'elle aurait refusé de toucher encore quelques jours plus tôt puis toqua à la porte.

Le battant s'ouvrit immédiatement et une petite femme arrivant aux hanches de la princesse apparut. La peau claire et les yeux de cristal typique des elfes, son métissage transparaissait par ses longs cheveux ondulés, d'un joli vert forêt, et deux petites ailes translucides qui lui sortait du dos. A l'instar des autres fées, elle portait une courte tunique fait de végétaux et qui lui laissait le dos nu. Sa bouche délicate sourit et laissa voir de petites dents blanches lorsqu'elle reconnut sa visiteuse.

— Philomène ! Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes pas vues, qu'est-ce que tu as grandis ! C'est gentil de rendre visite à la vieille Varda.
— Tu n'es pas vieille, rétorqua la jeune femme avant de sourire à son tour. Tu es toujours aussi jolie.

Varda rougit puis fit un geste dans les airs comme si elle chassait une mouche invisible afin de dissimuler sa gêne.

— Que viens tu faire par ici ? Tu as changé de style vestimentaire depuis notre dernière rencontre.
— Ce n'est que temporaire, rassures-toi.

Varda éclata d'un rire cristallin avant de lui faire signe de s'installer.

— Veux-tu un peu de rosée du matin pour te désaltérer avant de me raconter ton histoire ? J'en ai récupéré un seau entier ce matin. J'ai l'impression que tu as fais une longue route pour venir me voir.
— Je veux bien, merci.

Une fois installée à proximité de la maison, Philomène raconta à son amie les diverses péripéties qui lui étaient arrivés ainsi que son problème avec le dragon. Elle lui fit alors part de son idée pour récupérer Antonin. Une fois qu'elle se fut tue, la fée réfléchit si longuement que Philomène commença à s'impatienter. Elle respecta cependant le silence de Varda en déchaînant sa nervosité contre un innocent brin d'herbe qu'elle réduisit en pièces. C'est alors que la fée prit à nouveau la parole.

— Cesse de t'en prendre à ce pauvre brin d'herbe, dit-elle avant de la regarder. N'as-tu pas essayé de lui donner du vin ?
— Ça a déjà été essayé, grogna Philomène, sans succès. Le vin n'a aucun effet sur lui.
— Il faudrait y ajouter un somnifère alors. Je vais t'en concocter un assez puissant pour l'endormir à coup sûr. Cependant, je n'ai pas tous les ingrédients pour la réaliser et sachant qu'elle nécessite un peu de temps pour être préparée, j'ai besoin de toi pour aller chercher ce dont j'ai besoin.

Philomène hocha la tête.

— Très bien, dis moi ce dont tu as besoin.

Les ingrédients demandés par Varda n'étaient pas très difficiles à trouver, mais Philomène n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre à faire de la cueillette. Elle se tordit la cheville en allant ramasser de la valériane, se fit méchamment piquer par les moustiques rôdant autour des plans de lavande et crut fondre en larmes lorsqu'une paysanne accepta qu'elle prenne du lait en échange de la traite des vingts chèvres qu'elle possédait.

Lorsque Philomène revint avec les ingrédients plusieurs heures plus tard, lessivée par tout le travail qu'elle avait fourni pour la paysanne, Varda était occupée à préparer la potion chez elle. Un gros chaudron avait été installé dans sa petite cheminée et elle était en train de surveiller attentivement la fumée argentée se dégageant de la potion.

— Ah, Philomène, tu tombes bien, dit-elle en lui jetant un coup d'œil. Donne moi le lait de chèvre, je vais bientôt en avoir besoin. Peux-tu préparer les plants de valériane et de lavande ? Il suffit de les hacher le plus finement possible.
— D'accord.

Philomène étant trop grande pour entrer chez Varda, elle emporta les herbes et les hacha sur le plat d'une souche d'arbre non loin de là. La nuit tombant, elle avait du mal à distinguer ce qu'elle faisait, mais elle réussit à terminer sa tâche sans se couper, sous les injonctions de la fée qui en avait un besoin urgent. Aussitôt qu'elle eut fini, Varda s'empara des herbes et fila les jeter dans le chaudron. La potion devint opaque d'une belle couleur miel et la fée s'écarta de la cheminée.

— Il n'y a plus qu'à la laisser mijoter une dizaine de minutes puis elle sera prête, dit elle à l'adresse de Philomène. Dormiras-tu ici cette nuit?

La jeune fille jeta un œil au ciel. Il était clair et dégagé de tout nuage. Les étoiles commençaient à briller au loin et la lueur du soleil couchant teintant l'horizon de délicates teintes de rouge, orange et jaune.

— Aucune pluie n'est prévue cette nuit si tu veux savoir, l'informa Varda. Je suis navrée de ne pas pouvoir te faire entrer chez moi, mais j'ai un coussin et quelques couvertures que je peux te prêter.
— Je les veux bien, merci.

*********

Après une nuit agitée, une racine lui rentrant dans le dos, Philomène reprit le chemin de bonne heure. La précieuse fiole de somnifère était soigneusement rangée dans la sacoche qu'elle avait accroché à son cheval. Varda lui avait aussi enseigné un symbole à graver sur une des parois de la caverne permettant d'enchaîner le dragon magiquement et d'éviter qu'il les poursuive une fois qu'elle aurait sorti Antonin de là. Pour cela fasse effet, Philomène devait également faire avaler un caillou portant le même symbole au dragon.

Tandis qu'elle menait son cheval au trot vers la caverne, la jeune fille se plongea dans ses pensées. Malgré la rigueur des nuits à la belle étoile et l'argent qu'elle gardait pour manger, Philomène avait l'impression de vivre intensément pour la première fois de sa vie. Certes, la propreté douteuse de ses vêtements et de sa peau la gênait, mais c'était bien la première fois qu'elle n'avait aucun planning prévu à la minute près ni personne autour d'elle à lui faire des réprimandes. Elle pouvait faire ce qui lui plaisait et rien de tel qu'une aventure pour retrouver celui qui avait fait battre son cœur plus vite. Cela l'amusait beaucoup que les rôles soient inversés puisque d'habitude, c'était l'homme qui allait chercher la jeune fille en détresse. Secrètement, Philomène espérait épater Antonin et que si relation il y avait, il comprendrait qu'elle avait soif d'action et désirait garder sa liberté.

*********

Un nouveau personnage rentre en scène, permettant de trouver une solution au problème de Philomène. Mais la potion fabriquée par Varda va-t-elle fonctionner ? Philomène va-t-elle réussir à délivrer Antonin ? N'hésitez pas à laisser un vote et/ou un commentaire ;)

Une princesse pas en détresseWhere stories live. Discover now