Tachycardie

Depuis le début
                                    

-Si tu le touches- Non, si tu t'approche encore de lui, je te jure que ce n'est pas que ton nez qui saignera la prochaine fois, le menaça Javi.

-J-je vais te reporter ! Tu seras exclu des compétitions !

-Essaye, soufflai-je en essayant de retrouver un minimum de contenance. Et je m'arrangerai pour que tu ne puisses plus jamais approcher d'une patinoire.

Quand il s'enfuit en disparaissant dans un autre couloir, même en sachant que je ne risquais plus rien je n'arrivai pas à décrisper mes muscles. Je n'arrivais même pas à complètement comprendre ce qui venait de se passer...

-Yuzu, est-ce ça va aller ?, répéta Javi en me scannant du regard avec inquiétude.

Je vis qu'il gardait une distance entre nous malgré ses bras tendus dans ma direction ; comme s'il voulait me toucher mais n'osait pas vraiment. Je ne répondis pas et attrapai sa manche pour le rapprocher, ce qui lui suffit pour venir m'enlacer. Il ne s'était rien passé, juste un effleurement, mais je me sentais sale, dégoûtant, souillé et rabaissé. Je fermai les yeux en essayant de supprimer mes tremblements et les larmes que je sentais monter, parce que je n'étais ni une victime ni un faible, et que je ne voulais pas qu'on me regarde comme une petite chose fragile incapable de se défendre. J'avais envie de vomir. J'allais vraiment vomir. Il fallait que je parte d'ici.

-Porte plainte pour harcèlement sexuel, sinon il recommencera.

-Non... Je vais dire au JSF, finir ça discrètement, pas de scandale...

-Yuzu...

-Non, répètai-je. Ça va aller, ça ira...

-Je te raccompagne à ta chambre. Sauf si tu veux aller ailleurs ? Voir Brian ?

-Ma chambre, chuchotai-je.

Il me conduisit à travers les couloirs et je me laissai guider. De toute façon je n'étais pas en état pour retrouver ma chambre et encore moins de m'y rendre seul.
Il n'y avait rien au monde que je détestais plus que cette sensation de vulnérabilité, ce sentiment de ne pas pouvoir agir et de devoir supporter des regards condescendants qui ne faisaient qu'en rajouter.

-Javi, s'il te plaît, promets...

-Je ne dirai rien à personne si tu veux que je me taise mais s'il te plaît, promets moi d'en parler au moins à Brian. Ou à Tracy. Je sais que ta fédération gèrera et fera en sorte de tout régler mais... Ce n'est pas quelque chose qui nécessite juste un avocat.

J'acquiesçai silencieusement en fixant l'hideuse moquette du couloir devant ma porte.

-Et si tu veux en parler... Tu sais que je peux te prêter une oreille, conclut-il.

-Merci Javi...

-C'est normal, ne me remercie pas pour ça. Et je te promets que je ne dirais rien aux autres, ça ne les regarde pas.

J'acquiesçai de nouveau et serrai le poing contre ma jambe, là où ce porc m'avait touché. L'envie de vomir revint et je dus me retenir de recommencer à pleurer pathétiquement. Tout ça parce que j'avais été incapable de lui mettre un genou dans le bas ventre...

-Yuzu, tu n'es pas obligé de me dire mais... Il t'a touché ?

-Non, soufflai-je en détournant le regard.

-Ne mens pas, dis moi juste que tu ne veux pas en parler, je l'accepterai.

Il y eut un silence et même sans le voir je savais que Javi me couvait avec des yeux inquiets, comme à chaque fois qu'il se faisait du soucis pour moi : souvent.

-Pas beaucoup, finis-je par avouer.

-Où ?... Je peux repartir à sa recherche et l'achever.

-Non, c'est juste... Il a... juste la cuisse...

Étreinte (V2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant