Tachycardie

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Yuzu

Je n'étais pas faible.

C'était ce que je m'étais toujours dit. Après tout j'étais un athlète, un sportif de haut niveau, même si j'étais fin j'avais quand même de la force ! Je n'étais pas stupide au point de penser que personne ne pouvait me battre physiquement (loin de là) mais je pouvais aisément me défendre. Il me semblait aussi que j'étais relativement solide mentalement : le fait d'être athlète jouait sur les nerfs mais le fait que je sois particulièrement admiré dans mon pays, que les médias me suivent partout, les attentes qui pesaient sur mes épaules, tout ça faisait que je m'étais bétonné ! Je savais gérer le stress, m'adapter, réagir vite, j'avais même une expérience de mort imminente à mon actif alors qu'est-ce qui pourrait encore m'ébranler ? Pas grand chose, j'en avais été certain. « Avais été » au passé.

Jamais je ne m'étais laissé impressionner par des adversaires, peu importe s'ils étaient nombreux, plus vieux, plus forts, peu importe les menaces, je n'avais jamais baissé les yeux.
Alors pourquoi quand ça comptait et que ce n'était même pas des menaces réelles, j'étais incapable de bouger ? Le type devant moi n'était même pas un de mes adversaires, juste un gars que j'avais vaguement déjà vu en coulisses, je ne savais même pas s'il était en paire ou en danse... Et il me collait depuis la fin du banquet.
Pendant la soirée il avait insisté pour discuter et par politesse j'avais accepté, mais il était devenu vite lourd (et bourré) et j'avais préféré prendre mes distances. J'avais rejoint des gens que je connaissais mieux, je l'avais oublié : il n'était ni le premier ni le dernier à faire des blagues vaseuses sur mon physique.

Je ne restais jamais jusqu'à la fin des banquets, je faisais juste acte de présence par politesse et je m'éclipsais le plus vite possible une fois le dîner terminé parce que j'étais souvent fatigué. Aujourd'hui n'avait rien de différent et je m'étais donc discrètement faufilé hors de la salle de réception en espérant atteindre mon lit le plus vite possible. Sauf que je n'avais pas été aussi discret que ce que j'avais supposé et que le type dont je ne connaissais toujours pas le nom m'avait suivi et arrêté dans un couloir où il n'y avait évidemment personne à cette heure-ci...

-Vraiment, pour un mec t'es mignon, surtout de dos... Ma chambre est juste à côté tu sais ?

Je ne comprenais pas tout ce qu'il disait mais le peu qui m'était intelligible me suffisait à saisir ma situation. Ça et le fait qu'il m'ait coincé contre un mur.
J'aurais dû lui mettre un coup, le bousculer, faire quelque chose, il y avait vraiment pleins de choses que je pouvais faire, mais je ne sais pas pourquoi je n'y arrivais pas. Il était trop proche, beaucoup trop, il m'étouffait avec sa proximité, ça me paniquait et je n'arrivais pas à réfléchir, juste à me coller encore plus au mur dans une vaine tentative de mettre de la distance entre nous. Quand je le sentis glisser une main sur ma cuisse un cri se bloqua dans ma gorge et je crus que mon asthme allait se déclencher tellement l'impression de ne plus pouvoir respirer était présente mais avant que je ne puisse hyper-ventiler, une main agrippa l'épaule du type et le tira en arrière avec suffisamment de force pour qu'il titube contre le mur d'en face.

-Est-ce que ça va ?!

J'ouvris la bouche en tremblant sans arriver à répondre et faillis tomber dans les bras de Javi de soulagement.

Ne pleure pas.

-Putain, ça devenait juste intéressant, grogna l'autre. Chacun son tour mec, je l'ai vu en premier ce soir, tu peux partager un peu... Un cul comme ça, tout le monde veut en profiter.

Javi se retourna tellement vite que je n'eus pas le temps de cligner des yeux et il lui balança son poing en pleine figure, le faisant réellement tomber cette fois.

-Répète pour voir, pauvre con !

Je ne l'avais jamais vu aussi en colère, ou en colère tout court : agacé pourquoi pas, mais furieux comme maintenant ? Jamais. Et je pense que c'était mieux comme ça...
Le type ne répéta pas d'ailleurs, trop occupé à essayer de presser sa main sur son visage où son nez dégoulinait de sang (peut-être cassé, mais ça n'avait pas d'importance).

Étreinte (V2)Where stories live. Discover now