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- Pourquoi tu es là ? me demande Vanessa quelques minutes après que je sois retournée dans ma cellule.

Allongée sur le lit, je tourne la tête vers elle avant de me reconcentrer sur le plafond.

- Pourquoi tu veux le savoir ?

- On pose cette question à toutes les personnes qui entrent dans notre cellule. Tout le monde fait ça. On veut savoir à qui on a affaire.

- J'ai tué trois mecs, en une nuit.

- C'est pour ça que tu es à Rikers ? s'étonne-t-elle. Les gens sont ici pour beaucoup plus grave.

- Je n'ai pas voulu dire à la police la raison qui m'a poussée à les tuer. Enfin, à les massacrer comme je l'ai fait. Ils ont pensé que j'étais folle et que j'étais un danger public, alors ils m'ont foutu ici.

- Et c'est la vérité ?

- Non.

- C'était quoi la raison ?

Je ne réponds pas. Bien sûr que Lorenzo m'a inventée une raison qui tient la route mais je ne la leur dirais pas. Pas que je n'en ai pas envie mais, si je leur dis alors qu'on ne se connait seulement depuis une heure, elles pourraient se demander pourquoi je n'ai alors rien dit à la police si cela pouvait m'aider à réduire ma peine. Moins j'en dis, mieux c'est.

- Et vous, pourquoi vous êtes là ?

- J'ai aidé mon mari à vendre de la drogue dure pendant plusieurs années mais il arnaquait les gens, ce que je ne savais pas, commence Vanessa. Sa came a tué une personne, la mauvaise personne. Son père est venu buter mon mari sur notre propre pelouse. C'était l'homme de ma vie alors j'ai tout fait pour retrouver ce mec et j'ai buté, sa femme d'abord, devant ses yeux, pour qu'il ressente ce que j'ai ressenti, puis lui. J'ai ensuite appris qu'il me trompait avec plusieurs femmes. J'ai tué toutes ces femmes. J'étais incontrôlable, je ne me reconnaissais même plus. Trafic de drogues, escroquerie, complicité de meurtre involontaire et tueuse en série, ça ne fait pas bon ménage, rit-elle nerveusement.

Etonnée qu'elle me raconte tout ça mais aussi très touchée par son histoire, j'allais lui répondre lorsqu'Eli me coupa.

- J'ai tenté de tuer le roi de Thaïlande. On m'a directement jetée ici ensuite.

Stupéfaite, je me retourne vers elle mais elle se rallonge dans son lit, comme pour éviter les questions. Elle a dit ça si rapidement, comme si elle se sentait obligée de le dire et, plus vite elle le disait, plus vite ce serait finit.

- Est-ce qu'il y a des choses importantes à savoir ici, demandais-je après plusieurs minutes de silence. Des choses à ne pas faire ?

- Nous mangeons à 12h puis à 19h, commence Vanessa. Nous avons le droit de sortir une heure dans la cour, à 15h. Nous sommes toujours séparées des détenus hommes. La seule fois où nous les voyons c'est pendant l'heure des repas, nous sommes séparés d'une vitre épaisse mais nous pouvons toujours les entendre. Ne fais pas attention à ce qu'ils disent, ce sont des gros porcs qui, pour la plupart, n'ont pas touché de femmes depuis des années, ils redeviennent des animaux dans cette situation-là, rit-elle. Les gardiens sont froids et distants mais ils sont sympas quand on l'est avec eux. En revanche, un mot de travers et ils te tombent dessus. Les conditions pour l'isolement sont les bagarres, la possession d'objets dangereux, si tu voles un couteau dans la cuisine, par exemple, et si tu t'attaques violemment physiquement ou verbalement à un gardien. Bien sûr, il y en a d'autres, c'est surtout selon l'humeur des gardiens. Pour avoir des bons, que ce soit pour pouvoir appeler ou pouvoir acheter des cigarettes, il faut aller dans des ateliers, puis c'est Maria qui nous les donne.

- Pour les douches, comment ça se passe ?

- Nous avons le droit à une douche à 9h tous les deux jours. Quand tu es en isolement, tu auras le droit à une douche seulement à ta sortie. Pour laver les vêtements, il y a des roulements. Demain matin, ce sera notre couloir qui sera en charge de laver le linge de tout le bâtiment des femmes.

- Ok, super, je pense avoir tout compris. Est-ce qu'il y a des gens à craindre ou à ne surtout pas approcher ?

Je ne pose pas cette question par peur mais bien dans le but qu'elle me parle de Devon.

- Les femmes restent plutôt en groupe, il y en a quelques-unes qui cherchent souvent la bagarre mais, une fois que tu les as remises à leur place, elles ne bronchent plus. Certaines aiment souvent tester les nouvelles pour savoir à qui elles ont affaire. Si tu es faible, elles te tomberont dessus à chaque fois qu'elles le pourront. Il faut montrer les crocs ici.

- Il y a surtout Mandy, tu la repèreras directement, poursuit Eli. Elle cherche à se battre pour pouvoir être emmenée en isolement et se taper Dave, un des gardiens.

- Et chez les hommes ?

- Tu ne les verras pas souvent mais autant que tu le saches tout de suite, m'explique Vanessa. Le pire de tous mais aussi le plus beau de tous, c'est Devon. Il est le chef d'un des cartels de la Camorra, la mafia napolitaine. Je parle au présent parce qu'apparemment, il réussit toujours à contrôler son business depuis la prison. Il est aussi le chef de la cour des hommes. Il est très discret mais sanglant et autoritaire. Tout le monde raconte qu'il a un petit business dans Rikers et qu'il aurait déjà réussit à tuer des hommes qui ne lui avaient pas obéit. Tout le monde en entend parler mais personne ne l'a jamais vu faire. Il est toujours entouré de quatre autres détenus, ses hommes de mains, comme tout le monde les appelle. Alessio, Falco, Antonio et Luca.

Je la remercie puis me rallonge sur mon lit pour repenser à tout ce qu'elle vient de me dire. Maintenant que je sais tout ce dont j'ai besoin de savoir, il va falloir que je trouve comment m'approcher de lui. Il faut que j'en sache plus sur son petit business afin de pouvoir y entrer. La seule question est : comment ?

Il est bientôt 19h et, je ne sais pas vous mais, personnellement, je suis impatiente de voir Devon de plus près.

À moiWhere stories live. Discover now