Sixième mois

1.7K 89 7
                                    

- Je crois qu'il va bientôt me falloir de nouveaux vêtements de grossesse... J'ai tellement grossi.

Ma femme est debout, de profil devant le miroir et elle me jette un regard pour voir si j'ai bien entendu sa dernière phrase. Et effectivement, je l'ai bien entendu. Mais il ne vaut mieux pas pour elle que je rebondisse sur ce qu'elle vient de dire, car ça risquerai de la vexer fortement. Oui, elle est grosse, elle ressemble à une baleine... Mais si elle arrêtait un peu de manger comme une vache, elle serait peut-être moins grosse. Elle ne fait que ça en ce moment : manger, manger et manger.

- Je suis grosse, ça me déprime... Je mangerais bien une plaquette de chocolat pour aller mieux.

- Lya...

- Quoi ?

- Il est dix heures vingt du matin.

- Je sais.

- Donc repose ce chocolat. 

- Non. 

Et elle croque dedans en me fixant droit dans les yeux. 

Bah qu'elle arrête de se plaindre alors vu qu'elle continue de manger. 

- Jay' chéri ?

- Mmm ?

- Tu me masses les pieds ?

- Bien sûr. 

Prends sur toi Jay', tu l'aimes, ne l'oublies pas. 

- Et voilà. 

- Top. Tu me masses les épaules aussi ?

- Vu que la réponse non ne fais pas parti de ton vocabulaire, je vais dire oui.

- Oh merci. 

Elle se détend sous mes doigts et je prie pour que le temps passe vite et que je retourne ma Clélya du début.

***

Quelle journée épuisante ! Je viens à peine de sortir de la salle de réunion. C'était d'un ennui. Encore pire que les cours du lycée. 

Arrivé au bureau, je remarque un petit papier posé sur ma table. Je le prends, le regarde, et la, je me demande une énième fois pourquoi j'ai mis Clélya enceinte.
Bastien arrive et lit par-dessus mon épaule, en riant. Il sait faire que ça dit donc, se foutre de ma gueule.

Jayden que j'aime éperdument. 
J'ai envie de manger couscous , je ne pense qu'à ça. Mais pas un tout fait qu'on trouve au supermarché, non un vrai couscous. Dès que tu sors du travail, tu peux t'arrêter au restaurant, ils font à emporter. Au passage, voici la liste de courses, j'ai vidé le frigo. À ce soir
, je t'aime. "

Je me pince le nez et m'assois sur mon fauteuil, avant de me relever pour aller faire les courses. Oh, joie, ma journée n'est pas finie.

- Ah, bah, enfin, on a le temps de mourir. 

Lya me saute dessus et m'arrache le repas des mains.

- Bonjour à toi aussi. 

Je m'installe à côté d'elle sur le canapé et essaye de piquer un bout avec ma fourchette. 

- Tu fais quoi là Jayden ?

- Ça se voit ? Je goûte. 

- Repose ta fourchette, c'est à moi.

- Quoi ? 

- Pose ça tout de suite, c'est mon repas de femme enceinte. 

J'enfourne ma fourchette sous son regard ahuri et elle pose lentement son plat sur la table basse avant de me jeter dessus. Mais elle est folle ! Elle est en train de me griffer.

J'ai compris le message, les dieux ne m'épaule plus et s'interposer entre une femme enceinte et de la nourriture peut être très dangereux. 

Retenez bien ça les gars, femme et enceinte et nourriture, ça cause des dégâts. 

Elle part manger dans la chambre et je sors mon téléphone pour parler aux gars : 

De : Moi 
À : JBN 

Putain les gars, j'ai fait une connerie. 

De : Nico
À : JBN

Pour changer. Vas y raconte. 

De : Moi
À : JBN

Premièrement, je vais avoir un gosse avec Clélya Jenny Melena Leray. Et neuf mois, c'est très long. 
Deuxièmement, j'ai eu le malheur de manger un bout de son couscous. Elle m'a griffé ! Avec ma fourchette ! Je suis un homme violenté ! 

Bastien envoie un emoji qui pleure de rire et Nico me sort un " pas de bol mec ". Bande de cons.

De : Moi
À : JBN

Quels soutiens les amis, vivement votre tour.

Je plaisante bien sur, s'ils ont besoin de moi, je serais là. 

De : Nico 
À : JBN 

Ça viendra peut être plus tôt que prévu


De : Bastien
À : JBN 

Quoi ?! 

De : Moi 
À : JBN 

Quoi ?! 

De : Nico 
À : JBN 

Mais nan, je déconne ! On te laisse dans ta merde, Jay', et on attend de voir comment ça se passe ! 

De : Moi 
À : JBN 

Pff, bande de gamins.

Je leur dis au revoir, coupant court à leur hilarité face à ma situation. 

Je suis super heureux d'être papa, d'avoir ma petite famille avec Clélya, de serrer ma petite crevette dans mes bras.

Mais dans cette histoire, je souffre autant que Lya souffre. On se partage les rôles. 

Il n'empêche, même si elle m'en vais baver , elle est géniale ma copine.

Un bébé qui change tout Where stories live. Discover now