Chapitre 2 : Le jour du Jugement.

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- Papa, je dois te dire quelque chose. » Je commence en m'approchant du canapé.

- Ange, va mettre la table s'il te plaît ! » Me coupe brusquement ma mère.

- Vas-y toi, je lui lance avec insistance, moi je dois parler à papa.

- Je peux le faire. » Reprend ma mère tout en me tirant par le bras en direction de la cuisine.

- Tu peux aussi mettre la table ! » Je continue, aussi têtue qu'elle.

- Est-ce que l'une de vous va finir par me dire ce qu'il se passe ! » Intervient finalement mon père en quittant le canapé pour nous rejoindre.

Il soupire et pose finalement ses yeux sur moi en attendant que je parle. Ma mère se tait mais elle reste tout de même à côté de moi.

- Mickaël est partie avec la voisine, je lui annonce alors, ils sont partis après l'école. J'ai essayé de l'en dissuader mais il ne m'a pas écoutée.

- Tant pis pour lui alors ! Bon débarras ! Il a fait son choix ! » Se contente de répondre mon père en haussant à peine la voix.

Il a l'air las, fatigué et plus vieux que d'habitude.

- Je vais aller mettre la table. » Termine finalement ma mère en tournant les talons avec tristesse.

Je sais qu'elle est très triste d'avoir perdu un deuxième enfant. En plus de cela, demain, je quitterai à mon tour la maison. Pourtant, elle n'ajoute rien car dans le fond, elle sait que mon père a raison. Mickaël a pris sa décision. Il est parti. On ne peut plus rien pour lui. J'ai perdu mon jumeau, peut-être pour toujours et mon cœur saigne à la moindre pensée à son sujet. Mais les choses sont comme elles sont. Et mes parents eux, l'acceptent bien plus que moi. Finalement, mon père décide d'aller aider ma mère et je le regarde aller l'enlacer afin qu'elle ait moins de peine. J'aperçois à ce moment-là leur coup de foudre réciproque qui date d'il y a tant années et cela me réchauffe un peu le cœur. Peut-être que je ne serais pas seule pendant longtemps. J'ai perdu mon frère mais demain, je gagnerai peut-être un fiancé.

Nous mangeons en silence puis ma mère m'envoie au lit en me rappelant que demain, c'est le grand jour ! Comme si je pouvais l'oublier ! Ma nervosité s'est maintenant transformée en une réelle peur qui s'est installée dans mon estomac. Lorsque je me couche dans mon lit, je sais déjà que je ne vais pas réussir à dormir. Je suis blessée par le départ de mon jumeau, par sa trahison. Je lui en veux de m'avoir abandonnée, je lui en veux de me laisser me rendre à mon Jugement seule demain alors que cela devait être notre journée à tous les deux. Et j'ai peur de ne pas aimer la vie qui m'attends, qui ne changera pas jusqu'à ma mort ...

Avant que je ne m'endorme, j'entends mes parents discuter avec des hommes de la Garde. Ils semblent se trouver dans la cuisine. J'écoute les hommes de la Garde interroger mes parents au sujet de mon frère d'un air suspicieux. Après pas moins de trente minutes d'interrogatoire, les hommes quittent enfin notre maison et je sais qu'à cet instant, la chasse à l'homme a commencé.

* * * * *

Le lendemain matin, ma mère entre dans ma chambre à l'aurore et me sort du lit. Je n'ai pas dormi mais je n'ai pas non plus envie de me lever. Ma mère ne me laisse pas le choix et m'entraîne avec elle dans la salle de bains. Elle me coiffe, me maquille puis m'amène ma robe et m'aide à me changer. Une fois que je suis prête, nous descendons ensemble jusqu'à la cuisine. Mon père m'y attend, tout sourire. Il semble fier de moi et cela me réchauffe le cœur. Il me prend dans ses bras, embrasse mes cheveux puis m'invite à manger quelque chose avant de partir. Mais je n'arrive rien à avaler.

J'attends que ma mère finisse de se préparer puis nous partons tous les trois alors que les rues sont encore presque vides dehors. Nous marchons en silence afin de rejoindre le centre de la ville où se trouve l'Assemblée. Ma peur monte d'un cran. Je n'ai plus envie de m'y rendre. Je ne veux pas changer de vie. Je veux rester celle que je suis. Je veux continuer d'aller à l'école. Je veux que mon frère rentre à la maison. Mais je sais que ce n'est pas possible ... A chaque nouveau pas, ma mère défroisse ma robe ou bien remet une mèche de cheveux dans ma tresse. Elle est très nerveuse elle aussi, je peux le sentir simplement en me tenant à ses côtés. Seul mon père semble assez serein et est même très souriant ce matin.

La révolution de l'AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant