🅜🅘🅛🅘🅐

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Milia fut réveillée par de sourdes voix provenant de quelques mètres plus loin. Elle mis quelque minutes à émerger et à se rendre compte que dorénavant elle n'était plus seule dans ce village désert. Un immense sourire pris place sur son joli visage.

Alors, elle se dépêcha de réunir toutes ses affaires et la nourriture, puis les rangea dans son sac à dos. Elle devait partir vite à la recherche des propriétaires de ces voix, avant qu'elle ne se retrouve à nouveau seule. Elle tremblait d'excitation, cela ne faisait qu'une journée qu'elle n'avait croisé aucune vie autre qu'animale et végétale. Mais cette impression de pure solitude, cette impression qu'elle pourrait disparaître dans la plus grande des ignorances l'avait déjà traumatisé.

À ces gens, elle pourrait leur demander leur aide, des informations. Où est-ce que la capitale est située. Où est-ce qu'elle peut trouver un endroit où s'acheter de la nourriture. Elle essayait de se rappeler comment dire tout cela dans la langue des environs.

Elle se précipita hors de la bâtisse, comme en chasse vers l'origine de ces voix. Elle tourna à droite dans une allée tortueuse où la lumière ne passait presque pas, les sons semblaient provenir de juste en face d'elle dans la grande allée voisine. Alors, elle courut presque vers eux et arriva soudainement au beau milieu de la route.


Environ 50 mètres devant elle, elle reconnu l'ombre de trois humains qui lui tournait le dos. Une femme et deux hommes. Un des deux hommes paraissaient outrageusement et bizarrement trop musclé, cela relevait presque de l'inhumanité aux yeux de Milia. Le deuxième homme quant à lui possédait une musculature plutôt développée mais tout à fait raisonnable comparée à son compagnon. Et la femme qui les accompagnait arborait une silhouette plus que féminine. Ils semblaient tous jeune, d'à peu près le même âge que Milia. Elle entendait leur voix, ils discutaient très sérieusement. Ce qui sauta presque immédiatement à ses yeux, c'était à quel point ils étaient armés.


Mais, son cœur se mit à battre plus rapidement, à s'échauffer de bonheur à l'idée qu'elle n'était plus seule. Elle se sentait prête à s'associer au pire des scélérats pour ne plus ressentir le calvaire de la journée d'hier.


Cependant, elle eut à peine le temps de les héler, afin qu'ils se retournent vers elle, qu'une force puissante la ramena dans la sombre ruelle dans laquelle elle était quelques minutes plus tôt. Alors qu'elle s'apprêta à crier à l'aide au trois individus à côté, une main se posa fermement sur sa bouche. Elle commença à se débattre avec véhémence jusqu'à ce qu'une voix retenti dans son oreille :


« -J'essaye de t'aider, là. Arrête de bouger, on va se faire repérer.

C'était une voix stricte d'une femme. Si intense que Milia s'arrêta totalement de gesticuler. Pourtant, selon elle, sa possesseuse devait elle aussi être de la tranche d'âge de Milia.

-Finalement, cette ville n'était pas si abandonnée que ça. Songea-t-elle.

Elle entendis des bruits de pas se diriger vers elles, probablement le groupe qui les avait entendu. Était-elle actuellement en danger ou venait-elle justement de se faire sauver la vie?

-Merde. Jura la fille à ses côtés, Milia senti sa poigne se desserrer. Il faut qu'on y aille, tu me suis ou pas ? »



Milia hésita quelques secondes et se tourna vers la jeune femme et vit une très belle typée aux longs cheveux bruns. De doux yeux en amande, mais paradoxalement dont émanait une sorte d'immense ardeur intérieure. Elle lui paru presque immédiatement et étrangement digne de confiance comparée à l'allure du trio qui se dirigeait vers elles, alors elle lui hocha la tête silencieusement.

Il n'en fallu pas plus pour que la brune ne l'attrape par le bras et ne la tire rapidement vers une seconde route. Puis la tira vers un grillage qu'elles escaladèrent rapidement. Elles réussirent  presque trop facilement à les semer. Puis, elles traversèrent une petit route boueuse dans un minuscule bois avant d'arriver juste devant un énorme bâtiment très décrépi. Elles entrèrent.

La jeune individu l'avait emmené dans une salle qui devait servir à une sorte de repère, il y avait des affaires un peu partout, un vieux matelas semblable à celui sur lequel Milia avait dormi la nuit précédente.

Elle vit sa nouvelle camarade s'asseoir sur un vieux canapé tout abîmé, en cuir.

« -C'est une ancienne école, lui informa-t-elle, elle lui pointa un couloir du doigt, par là-bas il y a des salles de classe et si tu continues, tu pourras trouver la cantine. Enfin, ce qui en reste.

Milia hocha encore une fois humblement de la tête. Elle se trouvait dans une situation, plutôt inédite. Elle était un peu déboussolée et ne savait comment faire la discussion avec elle, il y avait tant de choses qu'elle voulait savoir. Son interlocutrice sembla s'en rendre compte, son air qui jusqu'ici était resté sévère s'adoucit.

-Vient, lui lança-t-elle, tu peux asseoir où tu veux.

Milia alla alors se poser sur le matelas et lui demanda courageusement :

-Comment tu t'appelles?

La jeune femme à ses côtés sembla se raidir avant de mettre quelques secondes à répondre. Milia comprit qu'elle hésitait à lui faire confiance.

-Laura, et toi?

Milia quant à elle lui répondit presqu'immédiatement.

-Milia.

Laura lui sourit immédiatement puis son regard passa sur les bras de Milia tous deux enroulés dans de vieux bandeaux. Elle perdit immédiatement de son sourire.

-Mon dieu, mais tu es blessée. S'exclama-t-elle. Il y a une infirmerie dans le coin, viens avec moi, on va refaire tes bandages. Lança-t-elle une seconde fois alors qu'elle s'apprêtait à se lever de son siège.

Milia sentit presque immédiatement, une vague de panique enfler en elle. Il ne fallait surtout pas qu'elle ne voit ce qu'il y avait en dessous de ses bandages. Elle leva les bras vers Laura comme pour lui dissuader de se lever.

-Non! Cria-t-elle bien trop brusquement. Ne t'en fais pas je suis juste tombée en arrivant en bateaux, sur mes bras. Une petite chute de rien du tout. Essaya-t-elle de plaisanter. À la place, tu peux m'expliquer ce qu'il vient de se passer ? Changea-t-elle de sujet.

Laura la regarda quelques instants suspicieuse avant de répondre tout en haussant des épaules.

-Bien sur, lui sourit-elle, ces trois personnes sont des chasseurs de prime. Tous ceux qu'ils trouvent, ils les emmènent à leur gouverneur et c'est comme ça qu'ils gagnent leur l'argent.

-Pourquoi tous ?

-Parce que la plupart des gens qui viennent ici sont des résistants ou des gens qui ont fuit leur pays. Ils ne font aucune distinction. L'un comme l'autre sont considérés comme des traîtres. Ce qui leur arrive une fois ramenés à Marvilia n'est pas du tout beau à voir. Je ne souhaite ça à personne et c'est ce qui t'aurais arrivé si je n'étais pas intervenu.

-Une fois ramenés à Marvilia? Répéta-t-elle. Mais nous sommes à Marvilia.

-Mais non, pas du tout, nous sommes dans le continent voisin, mais comment...

-Attend, attend. Tu es en train de me dire que nous ne sommes pas à Marvilia actuellement ? La coupa Milia paniquée.

Milia vit Laura froncer des sourcils.

Elle se leva presque machinalement de choc.

Alors cela veut dire que le vieux pécheur lui aurait menti ? Elle sentit très rapidement un cocktail explosif de colère parcourir son corps.

Alors, alors, elle s'était donc fait avoir.

En plus de la colère, la panique se mit à se rajouter dans le torrent d'émotion négative qui la submergeait.

Elle n'avait plus rien, comment était-elle sensée rejoindre son oncle maintenant. Puis la tristesse l'envahit et les larmes lui montèrent aux yeux.

Et, le désespoir.

-Je suis foutue. Se dit-elle.

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