🅜🅘🅛🅘🅐

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Milia était accroché désespérément à la barrière de la proue les yeux rivés sur la plaine bleue qui s'agitait au passage du chalutier.

Ses cheveux bruns voguaient à l'unisson avec le vent. C'était une jeune femme à l'apparence époustouflante. Des yeux d'un vert profond. Un petit nez retroussé décoré par de minuscules taches de rousseur. Une allure fine. Un caractère foudroyant.

À l'horizon, une tache noire apparaissait et s'agrandissait à mesure que le bateau avançait. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une vague de nostalgie lorsqu'elle comprit que le voyage était bientôt terminé et que le retour en arrière était maintenant impossible.

Elle savait qu'il lui faudrait du temps pour s'en remettre, pour oublier et pour avancer. Et pourtant, c'était un geste qu'elle ne regrettait pas.

Elle jetai un coup d'œil dans la cabine où le vieux pécheur semblait diriger fièrement le bâtiment. Depuis 10 jours qu'ils voyageaient, il ne lui avait pas une fois adressé la parole, comme s'il cherchait à lui montrer que sa position, ce qu'elle faisait le dégoûtait. Mais bien sur, il avait accepté sa requête sans rechigner lorsqu'elle lui avait tendu le pot de vin. Ses yeux s'étaient mis littéralement briller à la vue de l'or.

Néanmoins, elle se fichait pas mal des derniers jugements d'un vieil homme solitaire, ce qui lui importait c'était qu'il accomplisse correctement ce pour quoi elle l'avait payé.

Il est vrai qu'aux premiers abords, il ne lui avait pas semblé être réellement digne de confiance, un vieil homme rabougris et mauvais. Il lui semblait capable de tout pour arriver à ses fins. Bien trop égoïste. En aucun cas bienveillant. Elle se méfiait de lui, mais il était la seule opportunité qui s'était offerte à elle, elle n'avait pas eu le choix.

Après réflexion, il avait l'air si affaiblis par la vieillesse qu'elle se demandait quels genres de maux il pouvait bien lui causer.

Une fois arrivés, leurs chemins se sépareront pour de bon et ce n'était pas pour déplaire à Milia dont le comportement du pêcheur commençait à irriter un peu.

Ses battements de cœur accélérait dans sa poitrine à mesure que le bateau s'approchait de la côte. Par excitation mais aussi par crainte. Cependant, elle ne fit attention à l'environnement que lorsque le bateau s'arrêta totalement.

Seulement, il faut avouer qu'elle ne s'attendait absolument pas à un tel paysage. Le continent de Marvilia était réputé pour être excessivement développé économiquement.

Elle pensait arriver à un luxueux port d'une ville puant la quête d'argent et de temps et où des hommes bien vêtus zigzagueraient dans des rues tortueuses et sombres surveillées par de géants buildings au regard noir.

Pourtant, se présentait devant elle une plage triste et pluvieuse, avec un sable foncé. À droite, une horde de mouette ravageait hargneusement le cadavre d'un crabe comme s'il était leur seule nourriture depuis des mois et des tas de mauvaises herbes semblaient vouloir prendre l'ascendant sur le reste de la nature. Personne à l'horizon.

Mais elle ne savait pas vraiment laquelle de ces scènes la décevait le plus.

Peut-être avait-elle atterris dans un des coins les plus reculés du continent et qu'il lui fallait retrouver la civilisation par ses propres moyens? Le traité avec le pêcheur n'importait qu'il ne l'emmène seulement à Marvilia, pour retrouver son oncle elle avait prévu depuis le début de se débrouiller seule.

Alors, elle se dirigea vers la soute pour aller chercher ses affaires. Ouvrit la poche de son sac pour vérifier l'argent qu'elle avait réunis pour le reste de son voyage et lorsqu'elle vit que le compte était bon, elle prit chemin vers la sortie. Le bateau avait déjà accosté et ne se mouvait presque plus. Le vieillard se trouvait toujours dans sa cabine et regardait dans le vide. Elle se doutait qu'il ne sortirai pas pour lui souhaiter bonne chance, lui dire adieu ou l'informer de quoique ce soit. Alors, elle haussa simplement des épaules et descendit adroitement du bateau déjà prête à assumer la vie qu'elle s'était choisie pour elle. 

Le chalutier ne tarda pas à faire demi-tour tandis que Milia se demandait par où elle pouvait commencer. Elle n'avait jamais quitter son pays natal, elle ignorait tous ce qui concernait le reste du monde. Elle s'était préparée mais ici tout pouvait lui arriver. Alors, elle se contenta d'avancer en espérant profondément rencontrer quelqu'un qui pourrait l'aider dans son voyage.

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