CHAPITRE 14

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MERCREDI 3
AVRIL 2019

La douceur printanière, ses effluves chaleureuses, l'odeur des fleurs naissantes et le pollen étaient revenus en ce jour de Mars. Ah ! Qu'est ce que Victoire pouvait apprécier ce retour ! Surtout le pollen ! Son ami depuis toujours ! Ils en avaient vécu des choses, il l'avait faite pleurer maintes fois mais elle ne comptait plus. Elle ne lui en voulait plus maintenant : pourquoi gâcher une si belle relation ?

Ah ! Ce pollen, qu'est ce qu'il a pu lui faire voir de toutes les couleurs. Jamais elle ne pourrait l'oublier ! Il s'était tellement insinué dans sa vie, il l'avait suivie jusqu'au café.

Pour une fois que Victoire n'y était pas de passage, il avait décidé de venir la taquiner. Quel coquin ! Caoimhe lui avait envoyé un message le matin même voulant savoir si elle pouvait venir remplacer Julian l'après-midi. Le mercredi, l'Antique ne pouvait se passer d'un de ses trois serveurs. Alors comme le jeune homme était tombé malade (Pollen est-ce de ta faute, s'était-elle demandée), il avait bien fallu trouver quelqu'un pour prendre sa place.

Tout l'après-midi, Victoire avait reniflé et usé des mouchoirs. Elle en avait jeté tellement qu'elle avait quasiment rempli la poubelle. Heureusement qu'il pleuvait maintenant depuis une heure : les gouttes d'eau avaient plaqué cet infâme pollen au sol et la jeune femme se sentait revivre.

L'heure de fermeture était proche et Magalie était déjà partie laissant les deux jeunes serveuses s'occuper du café. Elles finirent de ranger les dernières chaises et nettoyer le bar. Il n'y avait plus personne dans l'Antique mais elles devaient rester symboliquement jusqu'à vingt et une heures. Caoimhe alla s'asseoir sur une des tables près de l'entrée rapidement suivie de Victoire.

— Tu as choisi quel restaurant pour ce soir du coup ? demanda cette dernière.

— Surprise ! répondit Caoimhe avec accent anglais raté.

— Alleeez ! Fait pas genre !

— Alors comme indice : ne t'attends pas à de la haute gastronomie !

— Quoi ? Je suis outrée ! Et mon petit saumon sur sa mousse de caviar accompagné d'une sauce à la truffe et des pétales de courgettes ?

— Mooh, pauvre bichette !

Les deux amies continuèrent de discuter jusqu'à ce qu'elles entendirent les cloches de l'église voisine sonner neuf coups. Enfin, elles étaient libres ! Caoimhe alla informer son patron à l'étage qu'elles partaient et retrouva Victoire dans la rue. La brune la guida dans la ville jusqu'au petit restaurant où elle avait réservé. Le serveur qui les accueillit les installa à une table près d'une fenêtre donnant sur le jardin où le restaurateur faisait pousser ses propres produits.

— Je ne savais pas trop ce que t'aimais ou pas du coup je me suis dit qu'un restaurant italien irait. Tout le monde aime les pizzas donc j'espère ça te va, commença nerveusement Caoimhe après que le serveur les ai laissé choisir.

— Je ne suis pas difficile et ça me va très bien. Ne t'inquiète pas.

Toutes deux baissèrent leur regard pour choisir ce qu'elles allaient dîner. Le serveur revint rapidement près d'elles - le restaurant était assez vide, ça devait être assez rapide - afin de prendre leur commande. Celles-ci arrivèrent rapidement et les deux jeunes femmes parlèrent pendant tout le long de leur repas : des cours, des vacances d'été, de leurs amis, de la vie en générale.

Caoimhe dut se lever pour aller au toilette et Victoire en profita pour regarder son téléphone qu'elle avait senti vibrer dans la poche de sa veste pendant toute la soirée. Son petit ami l'avait assaillie de messages.

→ ♥

tu me manques

on ne se voit plus trop

pourquoi tu réponds pas ?

ah oui c'est vrai, tu es encore avec ton amie

après ce qu'elle a fait à ton meilleur ami...

on devrait se voir dans le weekend

tu pourrais faire un effort et arrêter d'apprendre pour me voir, comme tu le fais avec elle

des fois tu me fais peur, un jour tu vas me sortir que tu es lesbienne. j'espère pas être déçu

bon, tu es trop occupée pour parler à ton copain

bye.

Quand Victoire releva les yeux, son amie s'était réinstallée. Caoimhe remarqua rapidement sa mine déconfite.

— C'est Léo.

— Il a un problème ? Rien de grave, commença à s'inquiéter son interlocutrice.

— Non, il n'a rien. Il me reproche juste qu'on ne se voit plus, que je passe trop de temps la tête dans mes cours ou avec toi.

Caoimhe baissa la tête nerveusement.

— Désolée, d'être la cause de tes soucis.

— C'est un bon soucis alors, ça ne me dérange pas. Juste, je ne comprends pas pourquoi il agit comme ça maintenant. Avant il était d'accord, il comprenait.

— Les choses changent, les gens aussi.

— Wow ! Quelle grande phrase absolument pas clichée de soutien ! ironisa Victoire ce qui fit rire son amie.

Un silence s'installa quand le serveur vint retirer leurs assiettes leur demandant si elles désiraient un dessert. Caoimhe, jamais repue, commanda une part de tarte pour terminer son repas. Pendant ce temps, Victoire réflechissait à sa situation. Passait-elle vraiment trop de temps avec la brune ? Cette dernière insistait trop pour la voir ? Veut-elle nuire à son couple ? A-t-elle de mauvaises intentions ? Peut-être pas. Est ce que Victoire était entrain de s'attacher à son amie plus qu'elle ne le pensait ? Est-ce mal ? Est-ce mal de privilégier ses révisions à son couple ? Parce qu'elle ne voyait Caoimhe que lors de ses courtes pauses, c'est vrai que ça revenait à passer plus de temps qu'avec Léo mais était-ce intentionnel ?

Victoire souffla, énervée. Il avait fallut que Léopold vienne gâcher sa soirée. Elle l'appellerait en rentrant pour s'excuser. Il n'allait pas non plus l'empêcher de voir son amie. Il n'y avait rien de mal à cela, non ? Elle leva les yeux au ciel et elle remarqua que Caoimhe la regardait étrangement, elle lui sourit pour la rassurer.

— Bon alors, vous avez trouvé ce que vous allez acheter à Magalie avec Julian ? C'est son anniversaire bientôt, non ?

— Ouais, on a une petite idée, on va aller l'acheter ce weekend. Oh, au fait, on le fête à l'Antique mercredi prochain. On a invité les habitué et ses proches, après une longue négociation avec leur patron. Tu veux venir ?

— Avec plaisir ! Je peux participer au cadeau aussi si vous voulez. Tu ne m'as pas dit ce que c'était ! s'enthousiasma Caoimhe.

— D'accord, je dirais à Juju. On pensait lui offrir à elle et son mari un voyage au Mexique. Ce n'est pas tous les jours qu'on souhaite soixante ans ! Puis, vu qu'il ne peut plus travailler depuis qu'il est tombée d'un échafaudage, on peut leur offrir de belles vacances. On lui en a parlé il était hyper enthousiaste.

— C'est tellement cool ! Mais ça doit coûter cher !

— C'est pour ça qu'on s'est mis à plusieurs : ses amis, sa soeur et du coup nous trois. Ça nous revient pas à un prix exorbitant. On refera les calculs avec Julian et je te redirais.

— Ok, c'est vraiment génial pour elle. Vous êtes des amours !

— On sait, on sait, rit Caoimhe. Si tu veux, tu peux proposer à Léopold de venir, il ne pourra pas te reprocher de ne pas faire d'efforts.

— Ouais... Je ne sais pas s'il acceptera mais je lui en parlerai.

La soirée se termina sans encombre et dans la bonne humeur. Victoire aimait bien le tournant que prenait leur relation, elle l'aidait à la calmer dans toute la pression qu'elle se mettait. C'était reposant...

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