CHAPITRE 1

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SATURDAY APRIL 20TH – 9:25 A.M

Je venais de passer un véritable enfer, une nuit derrière les barreaux, assise sur un banc en béton à attendre. J'attendais patiemment que les analyses prouvent enfin que je n'étais pas le camée qui dealait à l'université. Des heures à somnoler sans pouvoir parler à quiconque, juste à observer les quelques employés qui travaillaient de nuit. Il était rare que je me retrouve seule, avec moi-même. C'était certainement la pire chose qui soit. J'avais à cet instant toute une éternité pour réfléchir à ce qui n'allait pas dans ma vie, et étant une grande pessimiste, jamais je n'arrivais à me dire que tout ce que j'entreprenais allait aboutir à quelque chose, et dans soixante-dix pour cent du temps, j'abandonnais mes projets pour ne pas être une fois de plus, déçue de moi-même. Cette solitude remettait tout en question ; mon couple, mon groupe d'amis, mes études. Tout un tas de pensées négatives s'entrechoquèrent dans mon esprit, le manque de sommeil n'arrangeant absolument rien. 

« Ta mère est venue te chercher, tu peux sortir. » un nœud venait de se créer dans mon estomac. Non pas que je n'étais pas heureuse de sortir enfin de ces quatre mètres carrés, mais le fait de retrouver ma génitrice ne m'enchantais pas, loin de là. Me levant, j'apercevais au loin sa silhouette, et ses traits tirés. Elle était loin d'être la maman rêvée que tout le monde aurait voulu, trop occupée par son travail, elle ne prenait plus la peine de s'occuper de ses propres enfants. Alors imaginez son taux d'agacement quand elle a appris qu'elle devait venir chercher sa fille au commissariat et donc, se mettre en retard au travail. Je venais à peine de récupérer mes affaires que déjà, je l'entendais me faire des réflexions, sans qu'elle ne soit gênée par quiconque. 

Une fois sortie, elle ne pouvait s'empêcher de parler, ou plutôt me reprocher tout ce qui n'allait pas, me faisant tout un tas de leçons de morale, comme si madame Rhys était bien placée pour ce genre de choses. Je n'avais qu'une envie, rentrer au plus vite chez moi et m'enfermer dans ma chambre pour l'éternité. Allumant enfin mon téléphone, je lisais d'un coup d'oeil les quelques notifications et ce qui s'était passé durant la nuit. Tout le groupe s'était apparemment inquiété à en voir par notre conversation whatsapp, dont 210 messages étaient non lus. La fatigue m'empêchant de tout lire, je n'avais pris la peine que de répondre simplement : 

- message ; je viens de sortir, enfin ma mère est venue me chercher. Ils m'ont fait des tests et tout était clean, du coup j'ai juste eu un sale avertissement. Et vu l'état d'ma mère j'sais pas si je pourrais sortir ce soir, je vous préviens dans l'aprèm.


« Et arrête d'être tout le temps sur ton téléphone, tu vas finir comme tes fréquentations ! » criait ma génitrice pile au moment où je rangeais mon téléphone. Par fréquentations, elle voulait parler de mes amis, qu'elle détestait mais aussi en sous-entendant que j'allais finir dépravée comme eux car je n'avais pas choisi d'étudier le droit. Pourquoi ? Demandez-lui, car moi-même je ne sais pas. À vrai dire, elle était persuadée que c'était à cause d'eux que j'avais préféré l'art au droit. La seule personne qu'elle acceptait parmi mes amis  était William, simplement car il faisait parti d'une famille reconnue dans l'Ohio. On connaissait tous cette personne qui sentait l'hypocrisie à des kilomètres et qui ne faisait attention qu'au paraître, pas vrai ? Eh bien cette personne était assise à côté de moi, et il s'agissait bel et bien de ma mère.

8:30 P.M

J'avais enfin réussi à convaincre mes parents, ou plutôt ma mère, de me laisser sortir. L'horloge affichait déjà huit heures trente et j'allais indéniablement être en retard. Mais même s'il s'agissait d'une soirée étudiante, je faisais toujours au mieux pour paraître soignée, dans les moindres détails, comme à mon habitude. Vêtue d'une robe noire et de haut talons, je venais enfiler ma veste pour lutter contre le froid d'une soirée printanière, avançant rapidement jusqu'à la voiture qui stationnait devant la maison. Tous les samedis, il était question de soirées entre amis, à savoir Nora, Alex, Emily et Neels, parfois, Will était de la partie, quand il n'avait pas mieux à faire, même si cela devenait de plus en plus rare. 

Evil to the coreWhere stories live. Discover now