Prisonnière d'une Colocation

Chapitre 2 : C'est La Guerre

Je posai mon téléphone sur une de mes valises avant de me décider à rejoindre Liam dans la cuisine, une pièce aussi bien éclairée que le salon bien qu'assez petite.

Liam était assit sur un des tabourets, dos au bar, une bière à la main. Je n'aime pas beaucoup ça mais pour le coup, je crois vraiment que j'ai besoin d'une bière.

- Je peux en prendre une ? demandai-je à l'intention de l'idiot qui continue encore et toujours de me pourrir la vie.

Il me fit un signe de main vers le frigo, le regard perdu dans le vide, je pris ça pour un oui.

Je vins m'asseoir sur un autre tabouret à côté de Liam. Je m'accoudai au bar, la tête dans les mains.

- Ça aurait été cool d'avoir un mec pour coloc, commença Liam. Après, une fille, je te cache pas que ça aurait été super... On aurait pu bien s'amuser... mais je sens qu'avec toi, ça va pas être drôle !

- C'est réciproque, tête de nœud.

- Ta gueule.

- Va te faire foutre.

Je pris une ou deux gorgées et Liam en fit de même avant que je ne reprenne la parole.

- Et sinon, on t'a dit quoi, à toi ?

- Un mec qui disait s'appeler Killian m'a proposé une coloc. Il avait l'air cool.

- Et t'as pas cherché plus loin ?

- Nan.

- T'es vraiment con, commentai-je.

- Et toi t'es pas mieux, répliqua-t-il en vidant sa bouteille.

Un nouveau silence s'installa tandis que Liam semblait à nouveau perdu dans ses pensés et que je jouais les dépressives alcooliques.

- C'est ton frère qui a organisé cette mauvaise blague ?

- On dirait.

- Ça veut dire que tu lui a parlé de moi ? demanda-t-il avec un énorme sourire en coin.

- J'ai dus me plaindre une ou deux fois, murmurai-je en me sentant rougir légèrement.

- Je vois pas pourquoi, fit il en attrapant ma bière pour la finir.

Je le regardai faire, trop blasée pour avoir une quelconque réaction.

- J'aimerai bien te dire qu'il va te casser la gueule si tu me fais chier mais je crois qu'il ne lèvera pas le petit doigt..., déclarai-je en fixant le plan de travail.

Liam partit se chercher une nouvelle bière qu'il entama.

- Du coup on fait comment ? demanda-t-il. J'ai pas l'intention de te supporter chez moi tout le temps et en plus à l'université pendant je sais pas combien de temps...

Je viens de réaliser qu'il doit du coup faire psychologie aussi. Les problèmes s'entassent, on dirait.

- M'en fous, je reste, fis-je en lui piquant une gorgée de sa bière. On est à deux heures de chez moi et j'ai toutes mes affaires, c'est à dire trois valises, dans le salon. Sans oublier le fait que toute ma famille a l'air bien décidée à me laisser crever avec toi.

- Pas question que tu me vires, je suis installé depuis ce matin.

- Alors tu devras me supporter, répliquai-je avec un énorme sourire sarcastique.

Que ce soit bien clair, j'ai beau être devenue alcoolique en quelques minutes, j'ai encore assez de présence d'esprit pour voir qu'il est hors de question que je me coltine cet abruti chez moi.

- Je veux pas de toi ici, râla-t-il.

- Je veux pas de toi non plus! me défendis-je.

- Je suis sûr que t'es quand même contente de pouvoir habiter avec le charmeur et beau Liam! Et puis, c'est une chance unique pour toi, éternelle frustrée de la vie.

- Tu rêves ! m'écriai-je en redevenant soudain plus réactive. Je te déteste, t'es moche, chiant et con !

- Et bien... je crois qu'il y a moyen de s'amuser quand même..., sourit il en se rapprochant dangereusement de moi.

Je sentis immédiatement mes joues chauffer. Je fais quoi ? J'ai trop peur de lui mettre une claque, je risquerais de le regretter...

Il ricana en se collant de plus en plus à mon corps comme pour voir combien de temps je tiendrais avant de tomber dans les pommes. Sans réfléchir, je le poussai aussi fort que je pouvais. Il recula légèrement avec un énorme sourire tandis que je sautai de mon tabouret et partis ranger mes affaires. J'entraînai mes trois valises dans le couloir et ouvris une porte au hasard. Je découvris une chambre inoccupée : Parfait. Je commençai à m'installer et à ranger le contenu de mes valises.

J'avais dû commencer depuis dix minutes quand Liam entra dans la pièce sans frapper. Je sursautai et le fixai en attendant de voir ce qu'il me voulait.

- Tu boudes ? demanda-t-il en scrutant mon visage.

- Depuis quand le grand Liam s'intéresse à mon état d'esprit ?

- Tu veux un bonbon ? 

Attendez... Il est vraiment en train d'essayer de m'acheter avec un morceau de sucre ? Il a cru que j'avais quel âge ?!

- T'es vraiment en train d'essayer de me corrompre avec un bonbon ? demandai-je en éclatant de rire face à son culot.

Il me regarda sérieusement comme si il essayait d'évaluer ses chances de réussites.

- Bon, fit il. Au moins, tu boudes plus.

- Mais j'ai pas quatre ans ! m'exclamai-je. Sors de ma chambre ! hurlai-je en lui jetant des coussins dessus.

Il s'enfuit en riant et je ne pus m'empêcher de sourire comme une idiote. Comme dans le bon vieux temps. Je me forçai à reprendre mon sérieux et me remis à ranger.

Cet imbécile m'a emmerdé toute ma scolarité avec des remarques absurdes et des mauvaises blagues, je ne vois pas pourquoi il aurait changé ! Et d'ailleurs, son comportement en général depuis que je suis arrivée me prouve bien qu'il est aussi immature qu'avant. 

Je me fais la promesse de continuer à me défendre contre son comportement idiot et de le faire chier autant qu'il le faudra. Qui sait, peut être même que les rôles seront inversés, si je m'y prends bien... Enfin, pour le moment, il va surtout falloir que j'essaye de survivre, il n'y a plus personne pour l'empêcher de faire ce qu'il veut.

Je vais être seule contre lui...