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« - Aujourd'hui, on va juste vérifier que tu puisses marcher sur une centaine de mettre, c'est pour cela que l'on est dehors à l'abri des regards. On va marcher ensemble, si tu ne le sens pas tu me le dis. Surtout tu ne te presses pas, on a le temps, explique le kinésithérapeute.

- Et il est obligé d'être là ? Interroge Jaemin en regardant le brun à sa gauche.

- Je tenais à voir à quel point tu as progressé, répond Jeno en souriant.

Le patient soupirait, même si au fond il était heureux et avait du mal à contenir ce sourire.

- Tu vas pouvoir te lever, Jeno sera à côté avec le fauteuil roulant si besoin, tu n'as pas à t'inquiéter, annonce l'autre homme.

- Allons-y alors, tu vas réussir, se dit Jaemin.

Il souffla un bon coup, Jaemin le savait, ses efforts de la semaine passée payaient. Il arrivait à marcher, même s'il tremblait légèrement.
En insistant pour ne pas avoir d'aide, le patient s'était levé tout seul, il avait préféré attendre avant de débuter à marcher.

- Prends ton temps, dit le kiné.

Sans attendre, le patient fit un pas, deux pas, puis les pas s'enchaînaient un à un, doucement mais sûrement.
Les deux autres hommes le suivaient, l'un attentivement et précautionneusement, tandis que l'autre fièrement.
Soudainement, tout mouvement de Jaemin se stoppa, les deux autres hommes regardèrent le patient interloqués.
Jaemin prit une nouvelle à respiration, il était temps de montrer qu'il allait réussir et qu'il allait sortir d'ici après presque quatre mois d'hospitalisation.

- Je peux marcher seul, c'était juste pour me rassurer, annonce Jaemin.

- Tu es sûr ? Interroge le kiné incertain.

- Je sais qu'il va réussir, laisse-le faire, répond Jeno confiant.

- Très bien, ça en vaut la peine, capitule le second homme.

Cette séance de rééducation, déguisée en ballade allait s'achever aujourd'hui après ce long périple plein de souffrance, de doute et de pleur.

Plus confiant, le patient débutait de nouveau à marcher. Les tremblements cessaient, Jaemin ne ressentait plus aucune crainte, il se sentait invincible et capable de déplacer des montagnes. Il se déplaçait comme si cette jambe factice ne faisait plus qu'un avec son corps, comme s'il avait toujours marché de cette manière. Pendant tout ce temps, il avait manqué de volonté, après avoir passé le pire, il se disait que cette rééducation était beaucoup moins difficile qu'il ne le pensait.

Il se répétait sans cesse « j'ai réussi », effectivement, il sortait de la voie de la guérison.
Jamais le jeune homme ne s'était senti aussi à l'aise avec ce corps, qu'il avait jugé de fardeau les semaines qui avaient suivi son accident.

Aisément, cent mètres venaient d'être parcourus.
Jeno se sentait fier, il avait participé à l'opération de Jaemin, il avait vu son patient sombrer dans le désarroi et le désespoir. C'était un total succès, l'opération et la rééducation avaient été réalisées sans encombre.

- Je pense que tu peux t'arrêter, viens t'asseoir pour te reposer, annonce Jeno en souriant.

- Ah non, laisse-moi au moins faire le retour en marchant, s'oppose le patient. »

Jeno le regardait interloqué, maintenant que Jaemin était motivé rien ne pouvait l'arrêter, alors Jeno et le kiné acceptèrent.

Le retour avait semblé plus facile pour le patient, il était parvenu à aller jusqu'à sa chambre sans embûches et sans aide des deux professionnels. Sur le chemin, de nombreuses personnes l'avaient observé avec stupéfaction et admiration. Évidemment qu'il avait attiré les regards, il était vêtu d'une chemise d'hôpital en tissus et de chaussons, ayant laissé ses jambes à découvert. Même si Jaemin avait été mal à l'aise, il avait fini par se tenir droit arpentant une mine fière. Cette jambe factice, c'était la sienne, c'était sa jambe et plus jamais il ne la renierait et ne laisserait quelqu'un lui faire une seule remarque.

Volonté °NoMin°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant