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« - Tu peux le faire ! Encourage Jeno pour motivé le plus jeune.

- Je fais de mon mieux, marmonne le blessé en regardant droit devant lui en tenant les barres de chaque côté.

- Chaque pas montre que tu avances sur la voie de la guérison, tu commences à t'habituer à cette prothèse, c'est bon signe, sourit fièrement le médecin.

- Sûrement, grogne Jaemin fatigué. »

Effectivement, Jaemin s'habituait à sa jambe artificielle, après tout près de trois mois s'étaient écoulés depuis son accident qui avait failli lui coûter la vie.
Son suivis était complet, le psychologue avait réussi à faire parler Jaemin  et constatait que même si il allait garder un traumatisme à vie, il allait mieux. Jeno en était la raison, et le psychologue savait que son collègue aidait le patient au-delà des soins physiques. Même si le chirurgien ne devait pas faire cela, c'était grâce à lui que leur patient s'en sortait moralement et qu'il trouvait du courage.

Au fil des semaines passées à l'hôpital, l'amitié s'était installée à son tour. Là où des personnes mourraient, d'autres étaient sauvées. Bien au-delà d'un lieu de soin, de travail, de peur et d'angoisse, c'était un lieu de rencontre que l'on le veuille ou non. Jaemin y avait rencontré une personne formidable qui était présente dès qu'il avait du temps libre.

Jeno commençait à s'habituer à son travail, l'amputation de la jambe de Jaemin l'avait particulièrement sensibilisé, mais les opérations qui avaient suivis étaient tout autant horribles, sauf qu'il avait sauvé de très nombreuses vies, mais il avait déjà subit une mort sur table et des complications dans d'autres cas. Il se rendait compte que c'était bien plus difficile qu'il ne le pensait, c'était toujours dur de perdre un patient, cela le démoralisait. Aller voir Jaemin l'aidait à aller mieux, cela lui permettait aussi de penser à autre chose et de reprendre le poil de la bête, afin de mieux se concentrer sur ses opérations.

« - Ça ira pour aujourd'hui, vous avez nettement progressé, annonce le kinésithérapeute en souriant.

- Tu vois, je te l'avais dit, ta sortie d'hôpital devrait approcher, conclut le médecin à son tour.

- J'en ai marre de ce trou à rat, je veux sortir de moi-même sans fauteuil roulant. Mais bon, j'ai compris que ce ne sera plus comme avant, alors je vais faire avec, soupire le patient.

- Ce n'est pas un trou un rat, et tu t'en sors vraiment bien. Je suppose que tu veux te reposer, à moins que tu veuilles te promener ? Je suis libre toute la matinée, propose Jeno.

- Est-ce que j'ai le choix ? Interroge Jaemin.

- Pas vraiment, répond le chirurgien en rigolant légèrement. »

Sortir ne ferait pas de mal pour Jaemin, mais ce dernier avait peur. Il allait sortir en fauteuil roulant et sa jambe en moins allait être bien visible, il allait devoir affronter le regard des autres en dehors du bâtiment hospitalier pour la première fois. Cependant, si Jeno était avec lui, cela devrait aller. Auparavant, le plus jeune avait fait le choix de refuser toute promenade, trop effrayé et peu confiant. C'était un premier pas avec l'acceptation de son changement corporel.

Quand il eut franchi le seuil de l'entrée de l'hôpital avec Jeno qui le poussait, il se sentait angoissé. Le patient ne pouvait s'empêcher de regarder partout, autour de lui, certaines personnes ne faisaient pas attention à lui, regardaient rapidement ou s'attardaient à son unique jambe. Les regards et réactions étaient assez divers.

« - Ça va aller, dis-toi que c'est une étape primordiale. Tu as traversé le pire, alors tu peux le faire, encourage Jeno.

- C'est plus facile à dire qu'à faire... Ici, tu m'encourages mais quand je retournerais chez moi, je serais un vrai poids pour mes parents et sur le long terme, ils ne seront plus là pour moi, puis j'ai peu d'amis sur qui compter, soupire le patient.

Volonté °NoMin°Where stories live. Discover now