Humanize

3 - Jardin secret

   Suite à la confirmation de la mission lunaire, je me dirigeai vers Lennox.

- Je veux en faire partie, déclarai-je.

   Le colonel me jeta un regard perplexe avant de comprendre où je voulais en venir.

- Hors de question. On a besoin de toi ici.
- Et pour quoi? En quoi je peux être utile ici?
- Eh bien... tu pourras entraîner les soldats!
- C'est le travail de Bee, ça.

   Je me tournai vers le petit éclaireur et celui-ci dressa ses antennes en voyant que je lui portais attention. Je le saluai de la main et il me répondit de la même manière avant de retourner à sa démonstration.  

- Ça ne change en rien le fait que tu ne puisses pas venir, s'entêta Will.
- Mais pourquoi?
- Parce que tu n'es pas habilitée pour ce genre de mission, Eli! Ça peut mal tourner si nous ne sommes pas les seuls à vouloir récupérer ce que contient la soute de l'Arche.
- Et c'est moins dangereux qu'affronter directement des Decepticons?

   Alors que le militaire allait répliquer, une gigantesque main argentée m'emprisonna soudain dans sa poigne. Je n'eus même pas besoin de lever les yeux vers le visage de l'Autobot pour savoir qu'il s'agissait d'Optimus.

- Optimus, qu'est-ce que tu fais? demandai-je en croisant mes bras sur son doigt.
- Nous avons un entraînement.
- De quoi? Maintenant?
- Oui, maintenant.

   Puis, sans attendre ma réponse, il commença à se baisser pour reprendre sa forme de véhicule. Je fus secouée dans tous les sens, mais atterris tout de même sur le siège passager. Alors que le camion faisait route vers la sortie, je fis coulisser ma fenêtre et sortis la tête en criant :

- Notre discussion n'est pas terminée, Will!

   Optimus quitta le hangar et traversa sans s'arrêter le département des armes pour s'extirper du bâtiment qui nous servait de couverture. Qui irait chercher des Transformers à l'infirmerie de l'armée?
   Je me rassis correctement sur le siège et le robot remonta de lui-même la fenêtre. Nous roulâmes une dizaine de minutes à travers le centre-ville avant qu'Optimus n'emprunte une voie menant à l'autoroute qui quittait Washington. Je m'étonnai un peu de ce choix mais ne posai aucune question. Ça ne servirait à rien puisqu'il ne me répondrait pas. Quand Optimus avait quelque chose en tête, il ne disait pas un mot à son propos jusqu'à ce qu'il l'ait accompli.
   Trente minutes plus tard, le camion s'engagea dans une sortie conduisant à des champs. Je me demandais bien pour quelle raison il voulait qu'on vienne s'entraîner dans ce coin.
   Après un quart d'heure supplémentaire, le robot bifurqua sur une petite route en terre battue que je n'avais même pas remarquée. Soudain, le soleil m'aveugla et je dus fermer les yeux. Cependant, lorsque je sentis Optimus s'arrêter, je mis mon avant-bras au-dessus de mes optiques pour tenter d'apercevoir quelque chose. Ce que je vis me coupa le souffle.
   Sans attendre, j'ouvris la portière du camion et sortis en trombe de l'habitacle pour admirer le paysage qui s'offrait à moi. Le soleil, désormais en train de se coucher, englobait l'immense champ que nous venions à peine de traverser. La lumière rouge de l'astre solaire semblait recouvrir les différents plants céréaliers pour les protéger de la nuit froide qui approchait.
   Une douce brise vespérale vint caresser mon visage et mes bras nus. Mon T-shirt blanc se plaqua contre mon ventre et mes cheveux s'envolèrent au gré du vent. Je fermai les yeux et me laissai aller aux différentes sensations qui m'envahissaient. Je me sentais apaisée, heureuse et protégée, comme si plus rien n'existait, comme si la guerre avait cessé. Il n'y avait que moi et ce coucher de soleil.
   J'entendis le chef des Autobots reprendre sa forme originelle et ses pas lourds alors qu'il me rejoignait.