35. Libérée.

9.3K 1.1K 26
                                    

[Mohamed Nabil Moustapha Aidara]

Khadija - Tu ne manges pas ?

- Je n'ai pas faim, dis-je en me levant de table.

Je sentais son regard surpris, sur moi, regard qui laissait entendre qu'elle ne comprenait pas pourquoi j'avais négligé mon plat préféré. La vérité était que j'étais toujours remonté contre elle. Je supportais difficilement son comportement de dernièrement et le fait qu'elle fasse comme si tout était parfait, et que tout allait bien, me rendait fou.
Elle me devait des excuses, elle le savait mais elle avait pris l'habitude que je laisse tout le temps tout couler, que je ne m'attarde pas sur ses bêtises et que je mette tout sur le compte de son jeune âge. C'était de ma faute, je l'avais un peu trop laissée prendre la confiance et je voyais bien qu'elle se croyait maintenant tout permis.

Je m'installai dans mon bureau pour réfléchir un instant sur les événements de ces derniers jours et finalement, je jugeai bon aller voir ma sœur pour que nous puissions discuter. Je lui en voulais à mort ! Elle avait empêché à un être de venir au monde, son enfant ! Que sa vie avec Souley ne soit pas rose, ce n'était pas un secret, mais de là à lui ôter son enfant ! C'était de trop.

- Je vais voir ma sœur, annonçai-je à ma femme.

Elle arrêta subitement de faire la vaisselle et me donna toute son attention.

Khadija - Tu te sens prêt à l'écouter ?

- Je ne partirai pas la voir sinon.

Khadija - D'accord, dit-elle calmement. Je lui prépare la chambre ?

- Oui. À plus tard.

Elle hocha la tête et je sortis de la maison pour me rendre à l'hôtel où Mariama séjournait. Je restai un moment dans ma voiture, à réfléchir à tout ce que je devais lui demander et dire. Je la fis appeler et une dizaine de minutes plus tard, elle arriva dans le restaurant. Elle s'assit face à moi, le regard vers la nappe, n'osant même pas me regarder.

- Tu vas bien ? Lui demandai-je.

Elle haussa les épaules, comme si la réponse lui était inconnue. Quand tu tues quelqu'un, de surplus ton enfant, tu ne peux pas aller bien. A moins que tu ne sois mentalement malade.

- Je suppose que tu es prise de remords, insinuai-je, du moins je l'espère.

Voyant qu'elle n'allait pas répondre, j'enchaînai :

- Je veux comprendre. Comprendre pourquoi tu as commis cet acte tout en étant consciente que c'est ton enfant, que l'Islam l'interdit et que Souley n'était pas au courant. Pourquoi as-tu fait ça ?

Elle posa son coude sur la table, pour que son bras fasse de support à sa tête, comme si elle était bien trop lourde pour que son cou puisse la porter. Une larme roula le long de sa joue, une larme de tristesse, de regret, j'osais espérer.

- Est-ce que l'enfant était de Souley ? Finis-je par lui demander.

Elle releva directement les yeux sur ma personne et je puis décerner dans ses yeux de la surprise et de la panique.

- Rassure-moi !

Mariama - Bien sûr qu'il était de Souley. Mohamed je n'oserai pas tromper mon mari, autant il me répugne.

- Je te crois.

Son regard retomba dans le vide.

- Je peux avoir des explications ?

Mariama - Je ne pouvais pas le garder, c'était au dessus de mes forces.

- Pourquoi ne peux-tu pas être claire pour une fois ? Mariama, je suis ton frère ! J'ai le devoir de te protéger, j'ai besoin de savoir que tout va bien pour toi. Il se sont passées beaucoup de choses ces dernières années, on a eu des problèmes plus gros que ce qu'on aurait pu imaginer. On s'est éloignés, énormément, mais ça ne change rien à nos liens. Parle moi, dis moi ce qui s'est passé.

Contraints : Khadija & Nabil.Where stories live. Discover now