LEARN TO HATE | Sentence de mort | Tome 1

𝐈𝐈𝐈 | ☂︎︎ (tome 1)

Il ne s'était rien passé entre Monsieur Blake et moi. Rien que sous-entendait la rumeur du moins.

Plusieurs jours déjà que Laïna l'avait pris pour cible, me faisant part de son désir de calomnier aux yeux des autres notre professeur de physique-chimie. Et naïvement, j'avais cru qu'il s'agissait là de simples paroles en l'air, persuadée que ça lui passera une fois qu'elle aura trouvée sa prochaine victime.

J'avais tort.

La veille, alors qu'elle s'était découverte une maladresse soudaine, je n'avais pas vu venir son coup lorsque, innocemment, j'étais sortie de la salle de classe avec la veste de mon professeur sur le dos, ne voulant pas exhiber mes sous-vêtements à la vue de tous, tombant ainsi tête en première dans son traquenard ; car ça avait ensuite été la pièce maitresse du récit tordu qu'elle s'était empressée d'ourdir en ligne, dans le groupe composé principalement d'élèves qu'elle nommait la « gentry », de Young-Elite.

J'ignorai même qu'elle avait missionné Kacey et Tia de nous prendre en photo ; preuve que tout ceci n'était rien d'autre qu'un plan bien manigancé par elle.

Et maintenant, je me retrouvai coincée dans cette histoire sordide, se servant du moment précis capturé par l'objectif, pour distordre la vérité jusqu'à en faire une liaison interdite prof-élève.

Ce n'était pas la vérité qu'elle souhaitait, juste un scoop pour parvenir à ses fins.

— Putain, tu me fais quoi là sérieux ? soufflai-je, faute d'arguments. C'était censé être un jeu à la base, rien de plus.

— Et ça en est toujours un, Anylla. On s'amuse... rien de plus, insistant particulièrement sur les derniers mots.

— Monsieur Blake a été mis à pied, Laïna. Ils ont alerté les autorités et prévoient de le faire passer en audience, tu sais ce que ça implique ? On va devoir faire des fausses déclarations devant tout le corps académique.

— C'est lui qui a commencé, dit-elle pour toute défense. Après la façon dont il m'a humilié la dernière fois...

— Tu lui demandais de truquer ta moyenne.

— Oui bah désolée, mais on n'a pas tous la même intelligence que toi, Miss Welss.

Plus que tout, j'avais horreur lorsqu'elle se mettait à m'appeler de la sorte en employant ce ton qui lui était bien propre. Je savais aussitôt qu'il y avait davantage que ce qu'elle laissait entendre.

— Ton avenir à toi est tout tracé, m'asséna-t-elle d'une voix soudain irritée. On n'est qu'au premier semestre et tu as déjà une place réservée dans l'une des universités les plus prestigieuses du monde, et pendant ce temps, nous autres on doit encore trimer pour espérer avoir ne serait-ce que l'ombre des opportunités qui te sont offertes.

— C'est donc ça le problème ? m'enquérais-je doucement. Tu m'en veux toi aussi d'avoir gagné le concours pour Lomonosov University ?

— Bien sûr que non, c'est pas ce que j'ai dit, soupira Laïna en croisant un bras désinvolte sur sa poitrine. Mais avoue quand même que la chance a toujours été drôlement de ton côté.

Ce qu'elle appelait la chance n'était rien d'autre que le fruit de mes efforts. C'étaient là toutes mes nuits blanches passées à réviser plutôt que de pouvoir profiter moi aussi profiter de ma vie d'adolescente, comme les jeunes de mon âge. Elle ignorait la pression constante de ma mère avec laquelle je vivais qui transformait chacune de mes réussites en une nécessité afin de ne pas en subir les conséquences.