Coiffeur pour dames (1/2)

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Sandro

Une semaine plus tôt

— Tu as été un très vilain toutou, Darcy ! Déshabille-toi tout de suite, et mets-toi au pied ! me dit la femme qui se tient devant moi. Kitty va t'administrer ta petite correction.

Tout en faisant claquer sa cravache sur sa botte de cuir, Catwoman – c'est ainsi que je surnomme ma cliente – me désigne du doigt le tapis. Dans un instant, je m'exécuterai, mais pas avant d'avoir rabattu le caquet à cette pimbêche. Comment ai-je pu en arriver là ?

— Change de ton, s'il te plaît, ou je pars, répliqué-je sèchement.

— Tu renoncerais au pactole ?

Tout en attendant ma réponse, qui ne vient pas, elle me scrute fiévreusement derrière son masque de chat. Sa langue pourlèche des lèvres bien trop rouges. Et sa main libre frotte sans relâche son entrejambe. La garce ! Je suis persuadée qu'elle mouille. Si ce n'est pas une honte d'être aussi vicieuse à son âge ! Si encore elle avait dépassé la soixantaine, je comprendrais, mais elle n'a pas plus de trente ans.

Pourquoi ne se cherche-t-elle pas un gentil garçon qu'elle pourra dominer gratuitement et à sa guise ? Je vais lui coûter une petite fortune ! Elle possède pourtant des atouts indéniables, qui séduiraient plus d'un benêt. Son justaucorps de latex noir, qui ne cache aucune de ses formes, révèle un physique avantageux. Sauf qu'elle ne m'excite pas ! Mais alors, pas du tout !

— S'il le faut, oui ! Je n'ai pas besoin de ton argent, rétorqué-je par pure bravade. L'agence te trouvera bien une chiffe molle pour me remplacer.

— C'est toi que je veux, crie-t-elle de sa voix suraiguë qui me vrille les tympans. Je double le prix, ça te convient ?

En l'absence de réaction de ma part, elle éclate de rire à m'en donner la nausée. Fou de rage, je serre un peu plus les poings. Il me vient des envies de meurtre qui enfreignent mes grands principes. Je n'ai jamais frappé une femme, et jamais je ne le ferai. Néanmoins, rien ne m'empêche de me figurer Catwoman pendue à une corde, me suppliant de la détacher.

Je sens que je vais avoir du mal à honorer mon contrat. Il va me falloir imaginer les fesses les plus rebondies de la terre pour réussir à bander. Ce n'est pas gagné ! Car en ce moment même, une seule pensée occupe mon esprit : comment vais-je boucler mes fins de mois si je cède à la colère ?

Je rêve d'envoyer Catwoman dans son panier, avec un bon coup de pied dans le derrière. Et après ? Lara Croft et Wonder woman, mes deux autres clientes, cesseront de m'employer, puisque je deviendrai un très vilain toutou ayant osé se rebeller. Ces folles dingues se connaissent et se racontent tout. C'est d'ailleurs Catwoman qui, satisfaite de ma prestation, m'a recommandé à ses amies.

— Tu triples le prix, et je reste, me décidé-je enfin à répondre, tout en dardant sur elle un regard écrasant de mépris.

— Tu es dur en affaires, Darcy. Un vrai chien-chien de luxe. Kitty aime ça. J'aime aussi beaucoup ton petit cul...

— La ferme, Catwoman !

— Tu feras moins le fier quand tu me lécheras le minou. Déshabille-toi.

Du calme, mon grand ! Laisse parler cette mégère. Après tout, c'est juste un mauvais quart d'heure à passer ! Avec ce qu'elle me versera ce soir, je serai tranquille pendant deux semaines. Deux bonnes semaines sans voir Catwoman, Wonder woman ou Lara Croft ! Deux petites semaines avant que cet horrible manège recommence !

Ce que je peux être las de leurs jeux dépravés ! Ils ne m'ont jamais excité. Je suis sûr qu'elles s'imaginent le contraire, vu que je leur présente toujours une formidable érection. Je ne la dois qu'à une parfaite maîtrise de mon corps.

Ignorant le sourire triomphant qui illumine le visage de Catwoman, je retire ma veste et pars la suspendre au dossier d'une chaise. Il fait plutôt frais dans la très luxueuse suite d'hôtel qui abritera nos ébats. La climatisation a été poussée à fond. Tant mieux ! Le froid anesthésiera la douleur. Je ressentirai moins la honte, lorsque l'autre cinglée me bottera les fesses.

Toutes les lampes ont été éteintes. Seuls les néons, alternativement rouges et bleus du dehors, éclairent faiblement la pièce, la teintant de couleurs psychédéliques. Encore mieux ! Il me suffira de feindre l'ivresse et de fermer les yeux pour échapper au lamentable spectacle de ma déculottée.

Tandis que ma cliente bat la mesure avec sa cravache, j'ôte mes chaussures, mes chaussettes et mon pantalon, que je plie soigneusement.

— Donne-moi ta cravate, Darcy !

Sans me presser, je la retire et la lui lance à la face. Maigre vengeance en comparaison de ce qui m'attend !

— Méchant toutou ! Tu mérites une plus grosse punition, se réjouit Catwoman de sa voix aigrelette. Kitty est très en colère. Tu vas dérouiller, mon pitou !

Comme si je ne m'en doutais pas !

DangerousOnde histórias criam vida. Descubra agora