Raoul Mapoul

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"Auriez-vous une idée de l'endroit où habite ce monsieur qui vient d'enlever le président? interrogea un policier.

ㅡ Qu'est-ce qu'on vient faire là-dedans nous? On était tranquille en train de manifester, mais il a fallu qu'on nous dérange! lui répondit un Gilet Jaune, non sans une pointe de mépris dans la voix.

ㅡ C'est vrai! renchérit un autre manifestant. Il faut toujours que Raoul se ramène pour tout gâcher!

ㅡ Donc vous le connaissez? interrogea de nouveau le gardien de la paix.

ㅡ Si on le connaît? Bien sûr! reprit le premier. Comment est-il possible que vous ne le connaissiez pas?! C'est le mec relou qui vient depuis peu à nos manifestations pour revendiquer ses propres causes totalement ridicules.

ㅡ Oui! Il fait honte à notre mouvement et à nos revendications! ajouta le second.

ㅡ Mmm... Mais vous ne savez pas où il loge? reprit le policier.

ㅡ En vérité, aucun d'entre nous ne le connaît personnellement, expliqua le premier manifestant. On sait seulement qu'il vient du 77 parce qu'il n'arrête pas de le gueuler sur tous les toits, un peu à la manière d'un supporter de foot qui voudrait montrer qu'il soutient le PSG devant un partisan de l'OM... Ah oui!!! On sait aussi que son nom complet c'est Raoul Mapoul, et je peux vous dire aussi que c'est une sacrée brute! Il a beau être gras du bide, il a une vraie force de titan. Je l'ai vu, une fois, en train d'enfoncer un barrage d'une dizaine de policiers à lui SEUL. C'était assez impressionnant.

ㅡ Savez-vous s'il compte demander une rançon à l'État en échange de la libération du président? continua le flic, tout en griffonnant quelques mots sur son calepin.

ㅡ Eh oh c'est pas bientôt fini vos questions là?! s'énerva le second Gilet Jaune. Vous aviez pas qu'à le laisser kidnapper le président d'abord!!!"

Puis ils allèrent rejoindre les autres manifestants en grommelant de mécontentement.

Le policier soupira.
Lui et ses collègues allaient devoir organiser une battue à travers toute la Seine-et-Marne, et même au-delà, afin de retrouver le président qui était actuellement à la merci d'une sorte de Gilet Jaune éco+ et qui, en plus de cela, était doté d'une phénoménale force - ou brutalité - et pouvait s'avérer donc très dangereux.

La tâche ne s'annonçait pas des plus simples.

Le policier se mordit la lèvre. Et lui qui avait cru pouvoir demander des jours de congé supplémentaires à son patron, ses vacances paraissaient maintenant bien loin.

Et comment allait réagir l'opinion publique en apprenant que la police avait laissé filer, sous son nez, un kidnappeur emportant sa victime sur ses épaules, qui s'avérait par ailleurs n'être autre que le président de la République Française?!

En effet, ils n'avaient rien pu faire. Lorsque l'intrépide Gilet Jaune avait attrapé son otage et déclaré qu'il allait l'enlever, les CRS avaient foncés sur lui dans l'espoir de l'arrêter. Malheureusement, Raoul Mapoul les avait menacés de tordre le coup du président si n'importe qui tentait une attaque ou si on le suivait. Le Gilet Jaune paraissait tellement sûr de lui et était tellement imposant que les policiers étaient restés tétanisés, incapables de faire le moindre pas. Le kidnappeur avait filé avec son butin, qui était pourtant étrangement silencieux, malgré la situation critique.
Dès qu'ils avaient disparu de leur champ de vision, la panique s'était installée et tout de suite après l'armée et le Parlement Européen avait été contactés.

Non vraiment, les prochains jours ne laissaient pressentir rien de bon.

*

Emmanuel se trouvait toujours sur les épaules de cet étrange Gilet Jaune, et n'avait aucune idée de ce que lui réservait la suite. À ce moment-là, son esprit était empli de confusion, et il ne savait pas s'il devait crier, tenter de s'échapper, supplier le manifestant, ou bien rester silencieux et attendre que ça se passe. Mais mystérieusement, il ressentait en cet instant une sorte d'excitation qui faisait balancer son cœur vers la quatrième option.

Le président se secoua alors énergiquement la tête. À quoi diable pensait-il? Il était tout de même le chef de sa nation! Il devait au plus vite retourner à ses responsabilités! Et que ferait Brigitte si elle découvrait qu'il s'était aussi facilement laissé kidnapper? Le souvenir de la batte de baseball lui revint alors en tête et il n'osa pas réfléchir à ce que pourrait bien lui infliger sa femme.

Ils traversaient désormais un parc. Raoul courait et le tenait toujours avec autant de fermeté. Emmanuel raya alors mentalement de sa liste l'option "tenter de s'échapper". En effet, il n'avait aucun moyen de s'extirper de son étreinte.

Il se décida à demander timidement au Gilet Jaune :

"Ex-Excusez-moi, pourriez-vous désormais me reposer? Je serai indulgent avec vous et vous assurerai une protection judiciaire si vous me relâchez maintenant."

Le Gilet Jaune ricana, avant de lui répondre :

"Comme si j'allais obéir à un bourgeois! MOI L'AUTORITÉ JE L'ENC-"

Il rentra alors violemment dans une vieille grand-mère qu'il n'avait pas vu durant sa course et qui promenait tranquillement son chien.

Étant pourtant en cavale, il s'arrêta tout de même pour vérifier que la mamie et son chihuahua n'avait rien :

"Je suis vraiment ultra désolé madame! dit-il alors qu'il avait tout à coup adouci sa voix, ce qui avait beaucoup surpris le président qui ne s'attendait pas à tant de bienveillance de la part du manifestant.

ㅡ Vous pourriez faire plus attention voyons!!!" beugla la vieille grand-mère, remontée que la promenade de son cher petit toutou ait été perturbée par l'intervention de ce grossier personnage.

Elle jeta alors un regard sur la personne que tenait le Gilet Jaune, et plissa les yeux. Sa figure lui rappelait quelque chose... Malheureusement, sa vue et sa mémoire s'étaient dégradées avec son âge.

Mais soudain, elle ouvrit grand la bouche d'étonnement avant de crier :

"OH! Mais c'est... MAIS C'EST...

ㅡ Mince! pesta Raoul. Elle l'a reconnu!"

Et sans plus tarder, il se remit à courir avant que la mamie ne décide d'attirer toute l'attention sur eux.

Ils arrivèrent dans un parking et le Gilet Jaune se dirigea vers sa voiture, une vieille Renault Clio II. Il ouvrit la portière et balança son fardeau sur la banquette arrière. Il se plaça ensuite devant le volant et démarra le moteur.

Macron remarqua alors qu'il n'avait appuyé sur aucun bouton qui aurait pu permettre le verrouillage des portières.

"C'est maintenant ou jamais!" se dit-il.

Il se jeta alors sur la portière gauche et tira de toutes ses forces sur la poignée.

L'essence de notre amour [Macron X Un Gilet Jaune]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora