1 - Tchernobyl

417 19 5
                                    


   J'étais assise sur le siège passager d'Optimus, regardant par la fenêtre le paysage déserté des alentours de Tchernobyl. Will nous avait chargés d'une mission consistant à examiner et récupérer des objets apparemment extraterrestres dont le chef du cabinet de l'énergie ukrainien nous avait informés de la présence.
   Ça faisait désormais deux ans que la bataille de l'Égypte s'était terminée et j'avais décidé de rejoindre le NEST. Après tout, j'étais officiellement « morte », alors autant se rendre utile.
   Depuis qu'Optimus était revenu à la vie, il tenait plus que tout à m'apprendre à me battre pour que je puisse me défendre de manière convenable. Nous passions pratiquement tous nos temps libres à nous entraîner et, en mission, nous étions toujours en duo. Je ne savais pas trop comment décrire notre relation. Je n'étais plus totalement humaine désormais, alors serait-il possible d'avoir une liaison rapprochée avec lui? Au fond de moi, je l'espérais.  
   Je redirigeai mon regard sur la route que nous suivions depuis bientôt deux heures. J'aperçus, en zoomant mon optique, une clôture de haute sécurité. Revenant à mon acuité visuelle habituelle, j'estimai qu'il ne nous restait plus qu'une dizaine de bornes.
   Dès qu'ils nous virent arriver, les soldats ukrainiens postés devant la limite de Tchernobyl nous ouvrirent pour nous permettre d'entrer. Étant en tête de file, Optimus guida les autres jusqu'à la place principale de la ville.
   Nous finîmes par nous arrêter et j'allais descendre du camion Peterbilt lorsque je le sentis vrombir sous moi. Avec un sourire amusé, j'embrassai ma main avant de la poser sur le panneau de bord, pour ensuite sortir de l'habitacle. C'était un peu notre rituel d'avant-mission.
   La limousine blanche dans laquelle se trouvait notre informateur se posta un peu plus loin devant Optimus après l'avoir dépassé. L'Ukrainien s'extirpa du véhicule et s'avança vers les alentours que nous allions explorer. Évidemment, il s'agissait du plus gros peloton d'édifices ruinés, sinon ce n'était pas drôle.
   Les soldats à bord des autres véhicules nous rejoignîmes bien assez tôt, chacun vêtu d'une combinaison antiradiation.

- Monsieur Viscott! interpella Lennox en le rattrapant. C'est inhabité depuis 1986, c'est ça? On pourra y vivre dans environ vingt milles ans d'après ce que j'ai entendu dire.
- Au mieux, précisa l'homme. C'était l'une des plaines les plus fertiles d'Ukraine. C'est une tragédie.

   Je jetai un coup d'œil à un vieil hôpital délabré. Une tragédie, en effet. Selon ce que je savais de la centrale Lénine, l'explosion aurait été la première classée de niveau 7 dans l'échelle des explosions nucléaires. Elle était, à ce jour, le plus catastrophique accident nucléaire au monde.

- Suivez-moi, lança Viscott.
- Équipement, ordonna William en mettant son masque.

   Pendant que les soldats enfilaient le reste de leur combinaison de protection, j'activai la mise en place de mon armure. Les deux plaques moulant mon dos se déployèrent pour libérer les différentes parties argentées qui me protégeaient d'à peu près tout. Heureusement que mon sauveur avait conçu mon armure en métal cybertronien.
   J'aperçus du coin de l'œil Viscott me regarder avec ahurissement et je peinai à retenir un rire. J'adorais voir la tête des gens lorsqu'ils me voyaient me changer pour la première fois. C'était toujours hilarant.
   Je recouvrai, cependant, rapidement mon sérieux en entendant mon commandant nous prévenir de surveiller le niveau de radiation. Techniquement, je n'en avais pas besoin, mais j'enregistrai tout de même son conseil, au cas où. Suivant le mouvement, je rejoignis Lennox en tête de file.
   Nous entrâmes dans une bâtisse à deux étages à la suite de Viscott et William interpella notre guide.

- Vous ne vous protégez pas?
- Ça n'a pas d'importance pour moi. Il ne me reste plus longtemps à vivre de toute façon.

   Je fronçai le sourcils en entendant ça. Avait-il le cancer ou une maladie impossible à guérir?
   Je chassai vite ces pensées dans un coin de ma tête et poursuivis mon chemin à travers ce qui semblaient être d'anciens locaux scolaires.

HumanizeWhere stories live. Discover now