Chapitre 1

5 0 0
                                    

1er jour d'Adélaïde

     Isabelle la Belle n'est plus. On s'y attendait mais là, le roi était choqué. Il
était furieux.

     Il a assisté a toute la scène. Dans un grand lit, on a installé la mère, lui demandant de signaler le moindre changement.

     Cela faisait 4 jours qu'elle était là, sans bouger, à se faire dorloter pour ses derniers instants.

     Quand elle à ressenti les premières contractions, elle a hésité à le dire. Elle savait que si elle le disait, elle donnait la permission de la tuer au médecin.

     Mais à quoi bon le cacher ? Rester silencieuse face à la douleur ne lui posait aucun problème. Mais ça ne l'avancerait à rien. Elle mourirait quand même.

Alors elle sanglota :
- Luc ?
- Des contractions, Madame ?
- Oui.

     Il n'hésita pas une seconde. Il se jeta presque sur le ventre de cette pauvre femme. Empoignant son couteau à pleine main, il hurla que le bébé arrivait.

     Les assistants arrivèrent vite, le roi accourut. La Belle pleurait silencieusement. Il lui pris la main tendrement.

- Charles !
- Oui ma douce !
- Oh Charles, je vous aime ! Que je vous aime !
- Moi aussi ma mie, je vous aime.
- Prenez cet enfant comme preuve d'amour, élevez le seul, sans gouvernantes. Soyez tendre avec lui, soyez couvant. Pitié, c'est ma seule dernière faveur. Il sera intrépide, courageux, royal. À l'image de son père. Faites-en un roi aimé de tous. Faites le monter sur le trône avec dignité, avec grâce, avec charisme.
- Tout ce que vous voudrez ma mie. Je vous aime.
- Soyez fier de lui, de moi.
- Je serai le meilleur père, le meilleur roi pour lui.
- Soyez son père, pas son roi.

     Ce furent ses derniers mots. Le roi resta longtemps sans voix face à cette déclaration.

    "Soyez son père, pas son roi."

     Ses mots, ses derniers mots, l'abasourdirent pendant quelques  minutes. Le Belle ferma les yeux.

     Puis, Charles se réveilla en voyant Luc percer le ventre de sa bien-aimée à l'aide de son scalpel. Il éloigna comme il pu le médecin d'un grand coup de coude sous la gorge.

- Vous êtes fou ma parole !
- Majesté. Il faut que je fasse une césarienne. Laissez-moi faire mon métier.
- Mais vous allez réduire ses chances de vivre à néant !
- Elles y sont déjà. Mon roi, votre favorite est morte.
- Faux ! Si elle accouche par voie basse, elle peut peut-être survivre.
- Majesté. Soyez raisonnable. Vous voulez un héritier ou non ?
- Accouchez-la et partez. Définitivement.
- Allons, ne faites pas l'enfant !
- Rappellez-vous à qui vous vous adressez ! C'est votre souverain en face de vous, pas votre fils.
- Milles excuses Majesté mais pitié, le temps presse ! Rendez-vous à l'évidence ! Votre favorite va mourir, si ce n'est déjà fait. Voulez vous perdre une femme ET le dauphin tant désiré ?

     Cette phrase, si directe, le fit chanceler. Luc en profita pour se dégager de sa poigne et repris son poste auprès d'Isabelle.

     La mère, les yeux toujours clos, ne grimacait plus. Elle n'était sans doute déjà plus de ce monde.

     Ses pâles joues baignaient dans de grosses gouttes de larmes. Elle paraissait cependant tranquille, presque souriante. La mort n'était peut-être pas si terrible.

Biographie d'une Reine / Elliot L'écrevisseWhere stories live. Discover now