Le garçon dans le noir ( S&T) T.1

Chapitre 7 (suite)

Steeve s'installa sur le sofa, un bras en travers de l'accoudoir. Ses doigts pianotaient contre le verre de la bouteille vide.

Donc, à l'en croire, il n'aucune vue sur ma sœur... Et il me laisse la voie libre pour la draguer.

La situation était risible. Il sentait le blond tendu à ses côtés. Pourtant, Steeve ne pensait pas être terrifiant. Pas sociable, d'accord, mais pas le genre à faire grincer des dents. Il tourna la tête vers lui et ses yeux se posèrent sur le livre à plat. Puis concentration glissa des mots de papiers jusqu'à l'encre à l'intérieur du poignet. Le numéro dix-huit.

Pas étonnant qu'il ne soit pas venu me voir s'il ignore qui je suis.

Il se souvenait de l'action numéro dix-huit. Ne restaient que ce nombre et le vingt-quatre qui, à son avis, devait être absent, trop saoul, ou reparti. Mais peu importait.

Steeve releva la tête, amusé des efforts surhumains que le garçon déployait pour soutenir son regard. Ses pupilles auréolées d'un vert foncé le fixaient, et Steeve pouvait y lire tout l'étonnement qu'il lui procurait.

Ouais... J'peux bien faire le dix-huit avec lui.

Il avait inversé quelques actions, or celle-là lui plaisait. Il pouvait bien partager cette infime partie de lui.

— Quoi ? finit par demander le blond.

Il ne supportait visiblement ni son silence, ni son regard scrutateur. Sans répondre, Steeve se releva prestement. En un pas, il fut devant lui et, sans prévenir, agrippa son poignet. Ses doigts recouvraient l'encre rouge.

— Viens.

Pour ne pas le stresser davantage, il accompagna cet impératif d'un franc sourire. Cela dut rassurer le garçon car il déposa son livre sur l'assise avant de le suivre.

Ils retraversèrent ainsi le couloir, agressé par la musique au rez-de-chaussée qui pulsait.

— Où on va ?

Steeve répondit un simple « dans ma chambre ». S'il avait pris la peine de se retourner, il aurait vu l'adolescent pâlir. Ce dernier demeura au seuil de la pièce, une fois la porte ouverte.

— Vas-y rentre. Ferme derrière, s'te plait.

Steeve prit place sur son fauteuil de bureau. Occupé à farfouiller dans un tiroir, il ajouta :

— Tu peux t'asseoir tu sais, j'vais pas te manger.

Les mains dans le dos, son invité demeura muet. Steeve fit pivoter son fauteuil à roulettes pour lui faire face. Il lui trouva les joues rosées pour un teint plutôt pâle.

— Eh, t'es sûr que tu te sens bien ? T'as trop bu ?

— Non, non ! Je ne bois pas...

Avec d'infinies précautions, le garçon s'avança et prit place au bord du lit, les mains calées entre ses cuisses. Il observa Steeve, retourné à son tiroir, qui finit par faire volteface.

— Ça y est ! Je les ai ! fit-il, brandissant l'objet devant ses yeux étonnés.

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Travis referma la porte derrière lui. Il n'osait pas faire un pas de plus tandis que le garçon châtain prenait place sur une chaise à roulettes.

La chambre ne ressemblait en rien à la sienne. Le lit, de haute taille, trônait au centre du mur, encadré par une armoire qui le surplombait telle une arche. En face, un meuble de télévision dont l'étagère basse supportait quelques consoles de jeux. Au sol, une barre de traction abandonnée là. Travis supposa que la porte du fond devait mener à une salle de bain privée.