XVII. Souffle court

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𝑿𝑽𝑰𝑰. 𝑺𝑶𝑼𝑭𝑭𝑳𝑬 𝑪𝑶𝑼𝑹𝑻.

𝚖𝚊𝚛𝚍𝚒 𝟷𝚎𝚛 𝚗𝚘𝚟𝚎𝚖𝚋𝚛𝚎.

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Cela faisait maintenant vingt longues minutes qu'Elinor Gardner et Mark Murphy attendaient dans une petite pièce aux murs olive verte et éclairée par des néons diffusant une lumière agressive. Elle avait refusé d'aller tout de suite à l'hôpital pour un check-up, elle était fébrile mais avait retrouvé ses esprits. Tout ce qu'elle voulait à cet instant c'était boucler les procédures administratives - sa santé physique et mentale attendraient. 

Elle remuait frénétiquement sa jambe en jetant des regards aux quatre coins de la pièce, il n'y avait aucun élément chaleureux, pas même un tableau Ikéa sur lequel reporter son attention. Une main vint se poser sur le poignet d'Elinor. Ce geste lui provoqua un léger frétillement qu'elle ne sut traduire.

— Tout va bien se passer, dit Murphy en rassemblant ses mains.

Elinor porta un instant ses yeux sur lui et son attention se hissa pour la première fois sur les quelques rides qui parsemaient son visage d'homme approchant la quarantaine. Il avait une belle peau mais son histoire était inscrite ici et là, dans ces petites traces laissées par le temps. Elle avait l'impression ridicule que les cernes qui ornaient le dessous de ses yeux étaient apparues à la suite de l'événement qui les avaient réunis ici. 

Il essayait de rester stoïque, peut-être était-ce une histoire de dignité mais Elinor pouvait voir dans cette résistance à la vulnérabilité que la mort de son neveu l'avait abattu. Il essayait de refouler tant bien que mal sa tristesse mais il y avait des choses qui ne trompaient pas. Sa posture, son regard. Elle ne connaissait pas la nature du lien qu'il avait avec Philip mais son instinct lui soufflait que veiller sur son neveu était pour lui une priorité. 

Elle avait cru comprendre que la mère de Philip, et donc supposément, sa sœur, était décédée. Malgré la peur et le choc qui vivaient encore en elle, Elinor ressentait une grande empathie pour cet homme, après tout il avait perdu un membre de sa famille. Elle n'osait pas lui parler, lui demander comment il allait, elle savait qu'elle n'aurait pas les bons mots mais elle était désolée.

*

La solitude qu'Elinor ressentait dans cette pièce impersonnelle pesait sur son corps encore fragilisé. Chaque détail de ces quatre murs semblait lui rappeler qu'elle était de trop, une intruse dans un lieu qui n'avait été conçu que pour la rigidité de la procédure. Le grésillement incessant des néons commençait à l'irriter. 

Alors qu'elle étouffait le bruit de son bâillement derrière sa main, la porte en métal s'ouvrit dans un grincement aigu et révéla une femme d'une cinquantaine d'années. Elle arborait un sourire qui contrastait grandement avec l'atmosphère du lieu. Elle serra la main d'Elinor, celle du directeur, puis prit place en face d'eux. Elle portait ses cheveux blonds couleur blé à la garçonne et avait de grands yeux clairs qui lui prodiguaient un air presque naïf. Une note de bienveillance qui apaisa Elinor, diminuant les tremblements dans ses jambes.

La liste d'infortunes d'Elinor GardnerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant