15. En milles éclats.

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« Aussi étroit soit le chemin,

Nombreux les châtiments infâmes,

Je suis le maître de mon destin,

Je suis le capitaine de mon âme. »

Invictus, William Henley, 1931.

Cette nuit-là, Dahai avait très peu dormit. Huan, qui reposait sous la tête de l’enfant, somnolait paisiblement, mais lui n’arrivait pas à fermer l’œil. Il contemplait le plafond blanc de son humble chambre. L’inquiétude qui occupait son esprit n’était qu’infime, il avait une totale confiance en son groupe de nouveaux camarades. Seulement, un pré-sentiment l’empêchait de fermer l’œil. Etait-ce l’excitation ? Leur future glorieuse réussite ? Ou bien les évènements traumatisants de la journée qui faisaient bouillonner le sang du garçon ? Nul ne le savait, et encore moins Dahai. Toujours est-il qu’après quelques heures de pensées toute plus excitantes les unes que les autres à l’idée de passer à l’action, Dahai s’endormit enfin.

Il dormit d’un sommeil léger, c’est pourquoi dès que le soleil se leva, Dahai ouvrit les yeux et secoua Huan pour qu’elle se réveille. Tous deux se réveillèrent enfin et descendirent dans la cuisine où tous les membres étaient déjà rassemblés autour de la table, même Yun.

Dahai s’attabla à sa place maintenant habituelle. Wei à sa droite et Huan assise par terre à sa gauche, il entama son déjeuner. Personne ne parlait dans la pièce tous étaient silencieux. Chacun attendait l’arrivée de Shùai pour qu’il leur donne leurs instructions et enfin agir. La fatigue se lisait sur le visage des membres, comme Dahai ils n’avaient pas dû bien dormir cette nuit. Mais malgré cela une lourde impatience flottait au-dessus de leurs têtes, ils voulaient tous y être, ils voulaient tous agir. Seuls Yun et Ru discutaient, du moins ils chuchotaient pour ne pas perturbé ce silence religieux qui planait dans la pièce. Yun malgré ses yeux éclatés et ses cernes bleues, avaient l’air prête à venir. Elle faisait de son mieux pour cacher ses grimaces de douleur lorsqu’elle bougeait et essayait de toujours garder le dos droit pour ne pas montrer qu’elle était encore faible. Dahai croyait en son subterfuge, et la voyant ainsi, se tenant comme si elle n’avait rien, il la trouvait impressionnante. Folle, mais impressionnante. Ru vit le regard surpris de Dahai sur sa sœur et d’un haussement d’épaule il fit comprendre au garçon qu’elle ne lui avait pas laissée le choix.

Puis tandis qu’ils finissaient tous de manger, le nez plongés dans leurs assiettes, sans regarder ni parler à personne, Shùai entra dans la pièce. Tous le regardèrent traverser la pièce, les couverts se posèrent plus un mouvement ne persistait, la tension était palpable. Shùai arriva en bout de table, son regard perçant parcourant l’assemblée. Tous se demandaient ce qu’il allait leur annoncé, quel plan ils allaient suivre. Puis il parla :

« -Bonjour. La mission de ce soir aura lieu à la gare. Chacun prendra son vélo, on ira plus vite. On partira à la tombée de la nuit, dans le hall. Comme on sera sept, j’ai déjà mis en place des binômes et… 

-Pardon ? Sept ?! » s’exclama Yun.

« -Il y a un problème, Yun ? » demanda Shùai.

« -Tu m’exclues de la mission ?!

-Oui, tu es trop faible. Tu nous ralentirais, en plus tu ne serais pas capable de monter sur un vélo. » dit Shùai d’un ton sec.

« -Je ne suis pas faible ! Putain ! Shùai, après tout ce que j’ai fait pour ce groupe, tu me mets sur la touche ? 

-Ce n’est que provisoire Yun, le temps que tu te remettes de ta blessure. Tout le monde sait que tu es un bon élément, toi la première. Ne crois pas que je te mets de côté par plaisir. Mais si tu dois mourir, ce ne sera certainement pas à cause de moi et de ton manque de jugeote. » dit-il avec un regard froid et sévère sur la jeune femme.

L'enfant de la liberté.Where stories live. Discover now