3. L'enfer.

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« L’enfer, c’est les autres. »
Sartre.

Dahai fut réveillé par un secouement brutal. On lui avait saisit violemment l’épaule et on l'avait agité fort en disant :

-« Le nouveau ! Eh ! Le nouveau ! Réveilles-toi ! Tu ne veux pas être en retard pour ton premier jour quand même ? »

Les paroles de l’homme furent suivie par le ricanement des autres personnes dans la pièce. Alors, Dahai ouvrit les yeux pour voir qui le malmenait de si bonne heure, et vit un homme avec de grands cernes qui lui donnait l'air fatigué qu'on les vieilles personnes. Il avait des cheveux noirs assez long qu’il avait attaché avec un élastique, pour ne pas que ça le gêne. Il le regardait un sourire fatigué sur les lèvres, tandis que le reste des personnes dans la pièce s’agitaient à leurs affaires. Dahai, cligna des yeux, pendant un instant, il ne savait plus où il était. Puis tout lui revint en mémoire, il commença à s’agiter et se redressa immédiatement : il avait hate de commencer sa journée.

-« Ah ! Il immerge ! Bonjour petit homme. 
- Bonjour…
-Bao. Moi c’est Bao.
-Bonjour, Bao.
-Bon grouilles-toi tu vas être en retard. Et puis l’autre connard de Cai va te le faire payer, et crois-moi, t’as pas envie de crever de faim. »

Sur ces mots, Dahai s’exécuta et se leva immédiatement, il chercha son sac poubelle et se rendit compte qu’il l’avait oublié dans la voiture de l’homme d'hier soir. Ca lui apprendra à avoir la tête dans les nuages. Alors, n’ayant rien à mettre, il mit les vêtements qu’il portait la veille, toujours sales d’avoir joué dans la boue, et d’avoir voyagé toute la journée.

Il s’habilla en vitesse, et tandis que les autres sortaient, Dahai accourut, se tenant juste derrière eux ne voulant pas les perdre de vue. L’endroit était trop immense pour qu’il se le permette.

Ils descendirent les marches, plus ils descendaient, plus de nouvelles personnes venaient s’ajouter à la foule qui allait manger. Des centaines de personnes marchant la tête baissée, le regard fatiguée. Des hommes, des femmes et des enfants, tous en tenue de travail : blouse bleu pour certains, blanche pour d’autres. Ils avançaient tous à la même cadence, et dans cette marée de personne allant accomplir leur dur labeur, Dahai ne put s’empêcher de penser que Foxconn était très bien organisée.

Admirant la foule et les marches qu’il n’avait pas eu l’occasion d’analyser dans la nuit, Dahai ne vit pas Bao s’approcher de lui :

-« Alors petit, tu viens d’où ?
-Un village dans le Gansu.
-Ah. Un fils de paysan, ça f’sait longtemps qu’on en avait pas vu des comme toi par ici.
-Pourtant vous êtes beaucoup.
-Tu verras qu’y a énormément de gens de la ville ici, petit.
-Dahai.
-Pardon ?
-Dahai… C’est mon nom.
-T’as raison, oublies pas qui tu es : faut s’accrocher à son passé. »

Dahai questionna le trentenaire du regard. Voyant le visage interrogatif du garçon, Bao répondit :

-« Petit, ici, t’as aucun avenir. »

Dahai détourna le regard. Comment Bao pouvait dire ça ? Mais il avait sentit toute la peine dans les paroles de l’homme. Il ne pouvait le nier. Cette tristesse, cette fatigue qu’il ressentait à travers cette foule, tout cela l’inquiétait. Comment Foxconn pouvait rendre les gens aussi malheureux ? Tout avait l’air tellement merveilleux ici. Mais tandis qu’ils descendaient les marches, Dahai se rappela du regard de l’homme hier soir. Ce regard de pitié qu’il avait aperçu l’espace d’une seconde. Etait-ce si horrible que tout ce que ces gens avaient l’air de laissé entendre ? Dahai ne pouvait pas y croire, il continua à descendre l’immeuble avec les autres, sentant l’odeur de la nourriture dans le hall.

Ils arrivèrent dans à la cantine, tout le monde était déjà là, s’empressant de manger. Bao saisit l’épaule de Dahai et lui dit :

-« T’as intérêt à bouger ton cul si tu veux pas arriver en retard. On se voit à l’atelier, petit. »

Et avant que Dahai est pu répondre quoique ce soit, Bao était partit manger. Dahai se dirigea alors vers la queue qui n’en finissait pas, les hommes et les femmes avaient beau aller aussi vite qu’ils pouvaient, la foule continuait de s’agglutiner pour manger et allé vite travailler avant d’être en retard.

Au bout d’une quinzaine de minutes, se fut enfin au tour de Dahai. Il alla s’asseoir seul à une table déjà pleine. Personne ne parlait, tous se hâtaient de manger. Dahai regarda la bouillie qu’on lui avait servit, seulement de l’eau et quelques grains de riz. Tandis que tout le monde s’empressait d’avaler son déjeuner, Dahai ne put s’empêcher de penser à son village. Tout était tellement différent ici. Au village, s’il avait mangé à cette vitesse, on l’aurait punit : « il faut apprendre à savourer la nourriture » lui avait-on apprit, « c’est ce qui te permet de vivre, et ici on en a pas beaucoup, alors apprécie la. » ce que Dahai avait toujours fait. Mais apparemment, en ville ce n’était pas la même chose, la nourriture on s’en fichait bien, le travail était plus important. Alors, sachant qu’il allait être en retard, et qu’il avait peur des sanctions, Dahai mit ses valeurs de coté et mangea en vitesse.

L'enfant de la liberté.Where stories live. Discover now