BROTHERS OF DEATH - Destiny (Tome 1) - [publié Chez Shingfoo]

EPISODE #1

Le tatouage, c'est blesser la peau pour qu'apparaissent les cicatrices de l'âme.

Inconnu

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28 août 2015
Salon de tatouage

Ce son...

Bordel de merde ! Qu'est-ce que je l'aime ! C'est comme une putain de drogue. C'est ma came.

Alors que je plonge mon dermographe dans le petit pot d'encre noire, j'en profite pour relever mon regard vers ma cliente. Ses grands yeux gris ne me lâchent pas du regard depuis que j'ai commencé à lui graver la peau. C'est troublant, déstabilisant car son petit regard et la façon dont cette petite blonde se mord la lèvre me laisse imaginer qu'elle attend bien plus de moi que le travail pour lequel elle me paie.

- Ça va toujours ?

Je le demande seulement pour tenter de masquer ma gêne. Je le vois bien dans son regard que tout va bien pour elle et je suis étonné par cette fille. Depuis un quart d'heure, Holly encaisse comme une chef alors que l'aiguille de mon engin lui perfore la peau.

Quand elle a poussé les portes du salon il y a quatre jours, jamais je n'aurais pensé qu'elle irait jusqu'au bout. Je pensais même qu'elle changerait d'avis au dernier moment et qu'elle ne se pointerait même pas au rendez-vous. Comme quoi, les apparences sont trompeuses.

- Ça va super. J'ai hâte de voir le résultat.

J'esquisse un sourire avant de me reconcentrer sur sa poitrine. Deux petits coeurs entremêlés sur le haut de son sein. Un truc typique de meuf que j'ai tatoué un million de fois, un tatouage qui me prend pas plus d'une vingtaine de minutes, un truc sans intérêt, sans âme, sans histoire. Un truc trouvé sur Internet, quelque chose que je n'aime pas dessiner et que je recopie sur sa peau comme un faussaire reproduirait un Van Gogh ou un Monet sur une toile. Mais c'est ce qu'elle veut et je n'ai pas à donner mon avis sur les choix des clients.

J'adore tatouer et j'ai toujours aimé les tatouages. Déjà petit, je m'émerveillais sur les nombreux tatouages dessinés sur les bras, le torse, le dos ou les mains de mon père. Je me souviens que je faisais toujours courir mon doigt sur ses tatouages quand j'étais gosse, comme pour les dessiner de mon index. Aujourd'hui, je comprends que je m'imprégnais, sans le savoir, de ce qui faisait la personnalité de mon père, de son histoire, de son âme.

- Mais d'un côté, je n'ai pas envie que ça se termine.

Je laisse échapper un petit rire. Oh comme je la comprends. J'ai toujours cette impression quand je me fais tatouer. Le sentiment de devenir un peu plus unique à chaque passage du dermographe. Une personne différente d'une autre.