Chapitre 18

Depuis le début
                                    

J'y croyais, tellement, si fort.

« Est-il au courant pour... » Même elle avait du mal à prononcer le nom de mon fils. J'avais tant de mal à le dire moi-même. Elle comme moi n'avions toujours pas fait notre deuil.

Warren, son prénom coule pourtant sur mes lèvres. Doux comme l'amour, doux comme il aurait dû être.

Son prénom n'est pas une insulte. Bien au contraire.

Ma grand-mère m'a aussi dit qu'il fallait qu'on règle nos problèmes tous les deux. Et qu'elle avait lu la lettre de mon grand-père, elle savait alors autant que moi ce dont il en pensait. Et j'avais sa bénédiction à elle aussi.

Elle essayait de comprendre, elle aussi. D'assimiler tout ce qui arrivait entre nous.

J'avais la bénédiction de ma famille, et c'était tout ce qui m'importait. Tout ce qui m'avait fait comprendre que je ne faisais pas le mauvais choix.

« Ils seraient fiers de toi, mon petit soleil. Ton papy, ton papa et ta maman. Je sais que de là où ils sont, ils nous observent, et ils sont fiers de toi. Ils t'aimaient si fort. Je t'aime si fort. »

J'inspire un grand coup tout en serrant les accoudoirs de mon siège dans mes mains. Je me force à respirer correctement, à trouver un moyen de ne pas sombrer, de ne pas pleurer.

— Soléa ?

Je presse mes paupières en secouant la tête. Je ne veux pas lui parler, je ne peux pas. Si j'ouvre la bouche, je ne suis pas sûre de contrôler le sanglot qui menace de m'échapper.

Sa main se place sur la mienne et il la serre fort.

— Chaton ?

J'expire lentement avant de relever la tête vers Nathan.

— Ça va.

J'essaye de sourire, mais je sens que je fais plus une grimace qu'autre chose.

— Je suis juste un peu secouée de ce qu'on est en train de faire, de ce que je fais. Revenir à Paris après tout ce temps ? Je n'y rêvais même plus.

Il exerce une légère pression sur ma main à nouveau, avant de murmurer :

— Moi aussi... moi aussi.

Le reste du voyage se déroulé dans le calme. Et je ne fait que me remémorer les quatre derniers jours avant notre départ.

Quand j'ai dit à Blake que je partais... en fait non. Techniquement, je ne lui ai rien appris. J'allais le faire... Mais Sam lui a appris plus vite que moi. Quand il a découvert ça, j'ai cru qu'il allait me tuer. Il m'a hurlé dessus, comme quoi il était toujours le dernier au courant – ce qui était partiellement faux – et il ne comprenait pas pourquoi je voulais partir. M'enfuir. Il croyait que je m'enfuyais. Alors je lui ai dit que c'était tout le contraire, que cette fois j'étais prête à faire face. A mon passé, à mon présent, mais aussi à mon futur.

Alors il s'est calmé, quand je lui ai tout expliqué, que je lui ai dit que j'étais enfin prête à tourner la page, il a souri et m'a pris dans ses bras. Et ses bras autour de mon corps me faisaient le plus grand bien, j'avais besoin que quelqu'un me dise que ce que je m'apprêtais à faire n'était pas une énorme connerie.

Ella n'a pas réellement réagi de la même façon. Elle m'a souri dès le départ, comme si elle savait depuis le début ce que je comptais faire. « Je savais qu'il y avait un truc avec lui. Dès qu'il se trouve dans les parages, tu changes du tout au tout, comme si... tu étais enfin toi. » Je dois avouer que je l'ai regardé étrangement. Je ne savais pas quoi lui répondre, je n'en savais foutrement rien. « Retrouve-toi ». C'était la seule condition à ce que je parte. Elle voulait découvrir la « vraie » moi, celle toute entière.

C'était un jour d'été IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant