C'était un jour d'été II

Chapitre 16

Soléa

Je suis réveillée par le soleil, et une respiration légèrement trop forte dans mes oreilles de bon matin. Mais je suis tellement bien dans ce sac de couchage que je n'ai pas envie de bouger. Un truc bouge dans le lit de fortune, et... un truc chaud s'installe dans ma nuque.

Merde.

J'espère que c'est un sanglier qui est venu élire domicile sur le matelas. Je prie de toutes mes forces pour que ce soit le cas.

Mais cela voudrait dire que ce sanglier sentirait étrangement bon.

Merde, merde, merde. Il faut que je parte d'ici. Je m'extraie comme je peux des bras de... mon ex, et de la couverture qui couvre mon corps –habillé bien sûr. Je sors de la tente en essayant de faire le moins de bruit possible. Lorsque je sens l'air frais sur ma peau, j'inspire longuement. J'aime cet endroit, j'aime tout ce que ça m'inspire.

Je jette un coup d'œil dans la tente où Nathan n'a toujours pas bougé. Il dort encore comme un bébé, ses cheveux décoiffés et la marque de l'oreiller sur la joue. Vraiment, je pourrais retomber amoureuse de lui rien qu'en le regardant.

Je pourrais me laisser retomber dans ses bras facilement, je pourrais sans doute tout abandonner pour lui. Mais... tout n'est pas aussi facile que ce que l'on souhaite. On dit que si l'on souhaite suffisamment fort quelque chose, cela finira par se réaliser. Mais ce n'est pas vrai. J'aimerais. J'aimerais tellement retenter ma chance avec Nathan, voir à quel point il peut me faire retomber amoureuse de lui, mais ce n'est pas possible. Parce que tous les nuages qui ont obscurcit notre ciel bleu sont difficile à faire partir, notre ciel d'été est ravagé par la tempête. Depuis le début, il n'y a que trop de non-dits entre nous. Et c'est compliqué, maintenant de passer outre.

J'ai pardonné ses secrets à son sujet, parce que je fais la même chose désormais. Et maintenant, après deux ans, je ne sais plus comment lui avouer. Je ne sais plus comment lui parler. J'ai l'impression que ma gorge est scellée, que j'ai enfouie ce secret au plus profond de mon être. Tout au fond de mes entrailles, et qu'il est presque impossible de lui révéler.

J'attrape ma brosse à dent et mon dentifrice dans mon sac et à l'aide d'une bouteille d'eau, je me lave les dents comme je peux.

Hier, après notre petite engueulade au restaurant, puis celle au bord du lac, on a fini par s'asseoir et à regarder le coucher de soleil. On a arrêté de parler pendant plusieurs heures. Il n'y avait rien de gênant là-dedans, au contraire. C'était calme et reposant. On était détendu, mais aussi fatigués d'avoir trop crié, de s'être énervé. C'était sans doute un ras-le-bol général entre nous.

A un moment, quand la lune avait pris la place du soleil, j'ai tourné la tête pour pouvoir le regarder. Il avait le regard rivé sur les étoiles. Une partie de son visage était dans l'ombre pourtant son charme subsistait toujours. C'était même mieux que ça. J'aurais pu le dessiner si j'avais un tant soit peu une âme d'artiste. Mais il n'en était rien, c'était carrément tout le contraire, alors le regarder me suffisait amplement.

Je pense qu'il avait senti mon regard sur lui au bout d'un certain temps, car il a tourné légèrement la tête vers moi. Puis lorsqu'il a vu que je n'allais pas détourner les yeux, il m'a offert un sourire. Un petit sourire sexy qui m'a donné des frissons. Il a émis un mouvement vers moi ensuite, et je me suis même demandée s'il n'allait pas m'embrasser. J'avais envie qu'il m'embrasse.

Puis, dès l'instant où je me suis demandée ce que je ferais dès l'instant où il m'embrasserait, une lueur est passée dans ses yeux. Là je me suis demandé s'il n'allait pas plutôt me hurler dessus à nouveau. J'ai eu envie de pleurer sur le coup, parce que je savais qu'il était en train de se battre contre lui-même à cet instant. Ça voulait dire qu'il prenait enfin conscience qu'il était peut-être temps pour lui de tourner la page, pile au moment où je me sentais craquer et que je sentais toutes mes barrières s'effondrer lentement.