Tu sonnes et tu rentres, tranche Cal en haussant les épaules. On est quand même censés être chez nous pendant les deux prochaines semaines.

Oli et moi acquiesçons. Je le sens mal, mais je garde pour moi mes impressions. J'ai trop tendance au pessimisme ces derniers temps, je n'ai pas envie de les contaminer. Et puis, je suis venu ici pour aller mieux, par pour me complaire dans mes idées noires.

— OK !

Liam souffle avant de pousser sur le bouton de la sonnette et d'entrer d'un pas décidé. Nous le suivons rapidement, pressés de nous retrouver au chaud, mais lorsque nous le voyons planté dans l'entrée, nous nous arrêtons à notre tour, perplexes. Je regarde devant moi et me fige lorsque je comprends ce qui cloche.

Face à nous, deux gars de sensiblement notre âge nous fixent comme si nous étions des extra-terrestres. Ils sont tous deux habillés d'un pull et d'un jean et sont en chaussettes. Il est évident qu'ils ne sont pas là de passage et qu'il ne s'agit pas des propriétaires. Impression confirmée par le feu qui crépite dans la cheminée et la bonne odeur qui flotte dans l'air annonçant un prochain repas.

Je pouvoir nous aider vous ? demande finalement l'un d'eux dans un français approximatif teinté d'un fort accent anglais.

Il est plutôt beau garçon. Il a la peau dorée, un corps athlétique et les cheveux courts. Ses cils sont très longs, adoucissant son regard et sa voix est agréable. Ses traits sont fins, il respire la gentillesse. Après un moment de flottement, c'est Calvin qui prend la parole. En français également, mais d'un niveau nettement supérieur.

— Nous avons loué ce chalet pour deux semaines et nous nous demandons ce que vous faites là et qui vous êtes...

Je vois à leur expression qu'aucun des deux hommes n'a compris ce qu'il vient de dire. Calvin, Oli et moi parlons couramment le français, car nous l'avons étudié à la fac. Liam se débrouille plutôt bien aussi, même s'il le comprend plus qu'il ne le parle. Ce n'est visiblement pas le cas de nos interlocuteurs. Oli, ayant saisi le problème, répète la phrase en anglais, ce qui détend instantanément l'atmosphère qui s'était légèrement tendue.

Vous devez faire erreur, indique le plus grand des deux d'une voix si rauque qu'elle m'arrache un frisson.

Au même instant, il braque son regard vers moi et le plonge dans le mien, me retournant le ventre sans que je ne sache pourquoi. Un seul mot me vient à l'esprit à cet instant. Magnifique. C'est ce qu'il est. Il est tout simplement magnifique. Grand, bien foutu de ce que je peux voir à travers ses vêtements, ses yeux sont si clairs que j'ai du mal à en distinguer la couleur d'ici. Il a les cheveux bruns, mi-longs et bouclés maintenus par un bandana rouge qui lui va particulièrement bien. Ses traits sont fins, masculins, agréables, sa mâchoire est carrée...

Il est évident qu'il me fait de l'effet. Mais je n'ai absolument pas envie de penser à ce genre de choses maintenant. Je ne suis pas venu ici pour ça et puis très franchement, je n'ai pas la tête à ça en ce moment, sans compter que l'instant est de toute façon mal choisi.

— Nous avons loué ce chalet pour deux semaines et nous sommes arrivés il y a une bonne heure... reprend-il en reportant son attention sur Cal qui le fixe, les bras croisés. Nous avons le bail si vous voulez vérifier. Vous avez dû vous tromper d'adresse. Il faut dire que tout se ressemble ici, ajoute-t-il, une pointe d'ironie dans la voix qui m'agace profondément.

— Oui, j'aimerais bien voir le bail, lâche Liam avec froideur.

Il s'est crispé à cause de l'attitude moqueuse de ce gars. Je ne sais pas pour qui il se prend, mais je n'aime pas non plus la façon dont il s'adresse à nous. Comme si nous étions des idiots ne sachant pas lire une carte. Pour ne rien arranger, Liam n'est pas très patient et je sens qu'il ne lui en faudrait pas beaucoup pour s'énerver pour de bon.

Deux Adorables Idiots - (LS) Where stories live. Discover now