Chapitre 1

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— Es-tu certaine qu'il te trompe ? me demande Louise pour la cinquième fois.

A moitié couchées sur nos sièges dans la spacieuse voiture empruntée pour l'occasion, nous observons l'immeuble de l'autre côté de la rue, et plus spécifiquement le rez-de-chaussée de celui-ci.

J'accepte de détourner mon regard le temps de lui faire face pour lui répondre la même chose que précédemment. J'ignore pourquoi elle fait un tel blocage sur la situation qui me parait pourtant on ne peut plus claire. Ça doit être la fatigue de la fin de semaine, je ne vois que ça.

— Bien évidemment, sinon pourquoi aurait-il accepté notre rupture avec tant de facilité ? Sans parler de toutes ces fausses excuses dont il n'a eu de cesse de m'abreuver ces dernières semaines.

— Je ne comprends pas. Tu l'as quitté, qu'est-ce que cela peut bien te faire qu'il ait ou non une copine ?

— Il m'a regardé droit dans les yeux en m'affirmant qu'il ne m'avait jamais trompé avec une autre femme. Cet enfoiré a eu l'audace de me mentir sans ciller. Je ne peux pas laisser passer un tel affront. J'ai raison et je vais le prouver.

Louise lève les yeux au ciel et serre le volant un peu plus fort alors que nous sommes à l'arrêt depuis un long moment. Depuis notre arrivée, elle ne le lâche pas et le maltraite régulièrement. Je devrais peut-être lui proposer de m'accompagner à mon prochain cours de méditation, ça lui procurerait un grand bénéfice à n'en pas douter.

— En attendant ça fait deux heures que nous sommes cachés dans la voiture de ton frère à mater ton ex qui demeure sagement chez lui devant la télé.

— Nous sommes dimanche. Quand nous étions ensemble, c'était le jour où il prétexte une excuse bidon pour s'échapper de notre foyer.

— Maintenant qu'il est libre, peut-être a-t-il changé ses habitudes ? Après tout, il n'a plus besoin de faire profil bas, n'ayant plus aucun compte à rendre à qui que ce soit.

Je déteste quand elle joue la voix de la sagesse. Je la regarde horrifiée. Se pourrait-il qu'elle ait vu juste ? Merde, ça ne m'arrange pas du tout. Comment est-ce que je vais faire du coup ? Je ne peux quand même pas passer toutes mes journées à le suivre. Je ne crois pas qu'il existe un congé prévu pour filer son petit copain. Ce qui est un tort à n'en pas douter.

Le bip d'un texto entrant détourne mon attention de mon amie.

Où est ma voiture, bordel !!!

Mon frère toujours aussi sympathique. Je suis bien tenté d'ignorer son message, mais, le connaissant, il ne va pas s'arrêter là.

Avec moi

Sans blague. Ramène-la-moi maintenant !!

Impossible

Exécute-toi où je déclare le vol à la police.

Il faut toujours qu'il exagère. Je lui emprunte son véhicule à peine le temps d'une soirée et il menace d'appeler les flics. Voilà pourquoi je ne l'ai pas informé avant de la prendre. Aucune chance qu'il accepte. Je ne vois pas où est le souci, ce n'est pas comme s'il comptait s'en servir ce soir. Qui sort un dimanche en fin de journée ?

— Un problème ?

— Aucun, je réplique en évitant soigneusement de la regarder dans les yeux.

Louise devine systématiquement quand je lui cache quelque chose comme si elle possédait un radar le détectant.

Je tourne la tête une dernière fois vers les fenêtres de mon ancien appartement. Toujours aucun mouvement de la part de Théo. De mauvaises grâces, j'accepte de capituler pour ce soir. Louise pousse un profond soupir de soulagement et démarre à peine ma phrase terminée.

— Allons profiter du reste de la soirée et nous amuser un peu, suggère-t-elle tout en nous ramenant dans le centre-ville.

Pour ma part, je ne suis pas trop d'humeur pour faire la fête. Depuis trois semaines, je tente de prendre ce bougre en flagrant délit et systématiquement, je fais chou blanc. J'avais espéré en amenant Louise avec moi qu'en plus d'aider le temps à passer plus vite, sa présence me porterait chance. De toute évidence, cela n'a pas été le cas.

— Tu n'as qu'à déposer la voiture chez mon frère pendant que je garde un œil sur la tienne, je suggère en approchant de l'endroit où elle a garé la sienne un peu plus tôt dans la soirée.

Elle me fixe suspicieuse.

— Tu ne devrais pas plutôt t'en charger ?

— Non.

— Clara ?

— Quoi ? Depuis quand ne sautes-tu pas sur l'occasion d'un tête à tête avec mon frangin ?

— Je suis mariée, je te rappelle.

— Et alors ? Ça ne t'empêche pas de passer du bon temps par moment, ce n'est pas comme si je t'incitais à coucher avec lui.

Rien que d'y penser, quelle horreur.

Pour la seconde fois, elle lève les yeux au ciel.

— Ne change pas de sujet de conversation. Pourquoi est-il préférable que je rende seule le véhicule de ton frère ?

— Parce qu'il t'aime bien, je rétorque d'une petite voix, hésitante.

— Alors que, toi, sa sœur cadette, il te déteste, bien sûr.

— Si seulement.

— Louise !

— Très bien, j'avoue tout. Il se pourrait que j'aie omis de le prévenir que je prenais la voiture tout à l'heure.

Les poings sur les hanches, Louise me lance un regard réprobateur faisant ressortir une légère pointe de culpabilité en moi.

Bon sang ! Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à faire une montagne de trois fois rien ? Théo connait ma voiture tout comme celle de Louise, quel autre choix avais-je ?

Dix minutes plus tard, Louise est de retour, la mine contrariée. J'en déduis que son charme n'a pas aussi bien fonctionné que je le pensais. Mon frère a dû déverser sa colère sur elle. Pas de bol, j'ai bien fait de ne pas l'accompagner.

— On va au sunbar ?

Inutile de lui demander les détails de sa confrontation. Si je ne veux pas qu'elle me sermonne pour le reste de la soirée, il est préférable que je lui offre un ou deux cocktails.

Toujours contrariée, elle hoche de la tête et me suit à l'intérieur de notre bar de prédilection.

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Coucou, 

Que pensez-vous de ce premier chapitre ?  Vous donne-t-il envie de découvrir la suite ? 

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