8h25 s'affiche sur le tableau de bord, pour une arrivée prévue 5h40 plus tard, sans compter embouteillages et arrêts pipi/café/pipi, cette fois-ci j'y vais, c'est maintenant ou jamais.

Comme je l'avais imaginé, les 5h40 se sont transformées en 7h15. Un vrai périple durant lequel, en effet, j'ai failli faire marche arrière au moins cinq fois, mais chut, on dira rien aux copines. Toutes les questions auxquelles je n'avais pas pensé en préparant ce séjour, me sont tombées dessus pendant ce long, très long trajet, et croyez moi, j'ai de l'imagination... Allant de l'arnaque à la location, à la présence d'un psychopathe, en passant par les enfants qui me collent au train car sur mon front est inscrit « instit trop cool ». Bref, je pense avoir eu assez de temps afin d'échafauder tous les plans possibles pour échapper à ces situations grotesques mais néanmoins plausibles, vu ma chance légendaire.

Revenons à mon arrivée, 15h40 précisément, en ce sacro saint lieu de vacances. Oh joie et bonheur, le camping existe bel et bien, aménagé avec goût et proposant autant d'emplacements que de chalets, c'est à dire très peu, mais c'était le but. Hors de questions de passer ma semaine dans une de ces usines à vacanciers, non, moi, ma priorité c'est la tranquillité. Donc premier challenge relevé, l'endroit est tel qu'il m'a été vendu et ça j'adore !

En revanche, absence totale de personne, et là je flippe un peu, est-ce que je suis si en retard que cela ou en avance ? Où sont passés les proprios ? Merde, je n'ai qu'une envie, trouver mon petit chez moi et prendre une douche suivi d'un plongeon dans cette.... Euh mais attendez, où est LA piscine ? Profitant de ma solitude, qui décidément devient habituelle, je fais un tour d'horizon, pas âme qui vive mais la fameuse piscine est bien là, OUF. Plus qu'a ENFIN trouver quelqu'un pour me guider.

Après dix minutes d'attente, un petit monsieur d'une cinquantaine d'années vient à ma rencontre, dans cette voiturette digne de tout camping qui se respecte, et me conduit tout droit vers mon paradis ! Un brin de causette et une visite plus tard, je suis là, au milieu de cette pièce centrale, et suis prise d'une envie soudaine de pleurer toutes les larmes de mon corps. Comment en suis-je arrivée là ? Pourquoi suis-je encore seule à trente ans bien tassés ? Que vais-je faire de ma vie ?

Si je rentre, je passe pour une poule mouillée, je n'ai donc plus d'autre choix que de m'essuyer les yeux, et le nez par la même occas', et de tenter de faire en sorte que ces jours à venir deviennent des souvenirs mémorables.

Ni une ni deux, je refais le tour du propriétaire. En entrant, sur la gauche se trouve une chambre équipée d'un grand lit et d'une armoire, la porte d'entrée s'ouvrant directement sur une pièce qui fait office de salon, cuisine, salle à manger. Une fois cet espace parcouru, à ma gauche une seconde chambre dotée de deux petits lits, à ma droite les toilettes et en face, une salle de bain de taille tout à fait respectable. Tout ça pour moi, seule... La sonnerie de mon portable me tire de ma rêverie. C'est Adeline, à croire qu'elles se sont passées le mot avec Flora pour épier mes moindres faits et gestes. Mais ne leur dites rien, c'est quand même bien agréable de savoir que mes deux amies se soucient un peu de moi.

Je lui répond à la quatrième sonnerie :

- Oui Adeline, comment vas-tu ?

- Bah c'est plutôt à toi qu'il faut demander ça ! T'aurais pu appeler pour dire que tu étais bien arrivée quand même ! , râle-t-elle

- Mais rassures-toi, j'allais le faire, si tu m'en avais laissé le temps. J'arrive juste, un monde de dingue sur les routes, mais ça y est me voilà à bon port, je m'apprêtais à vider la voiture.

- Et donc, t'es contente, c'est comme tu imaginais ?

- Mieux encore, c'est très typique sans être tape à l'œil, et je pense ne pas me tromper en disant que je vais vraiment y trouver ce que j'espérais, je la rassure

- Ah, y a du joli p'tit cul ?, plaisante-t-elle

- Mais non, morue, ce que j'attends de ce voyage c'est DU CALME !! Et toi, comment tu t'en sors ?

- Je navigue entre les enfants et les bagages en attendant que Mathieu termine sa journée, et on prend la route demain matin, j'ai hâte !! D'ailleurs, je te laisse Charlotte, les morfales réclament leur goûter, bises et profites bien vieux cul. 

Rassurez-vous, mon cul va très bien, mais que voulez-vous, « qui aime bien châtie bien », d'ailleurs... je m'empresse de lui répondre :

Merci, toi aussi vieux poulpe, bises.

Cette conversation tout en poésie m'ayant remis les idées au clair, place au rangement de mes affaires et passage à la salle de bain avant exploration du camping.

A 16h45, propre, épilée et à mon avantage (ou presque) équipée de mon maillot de bain sous mon paréo, j'arpente le petit chemin gravillonné qui me conduit tout droit vers le bonheur, l'espace aquatique ! Mon regard se promenant ça et là,je découvre avec enthousiasme mon lieu de résidence. Au total 15 chalets individuels occupent l'espace, séparés les uns des autres par des haies fleuries, chacun accédant aux allées desservant les divers services proposés (piscine, snack, jeux...), les emplacements de caravaning, eux, se trouvant sur une autre parcelle.En passant devant l'accueil, proche de mon objectif, je constate que plusieurs vacanciers attendent, comme moi tout à l'heure, l'arrivée du propriétaire des lieux. Comme je l'avais prédit, une majorité de familles ou de couples d'un âge avancé ; qui est la seule pomme à venir ici toute seule ? Je vous le donne en mille, cette brave Charlotte !

En m'approchant davantage, je plisse les yeux, le cœur battant, il me voit comme je le vois, me souris comme je lui souris en bafouillant un « bonjour » d'une voix que je ne me connaissais pas. Je me surprend à me redresser un peu plus, à sourire de toutes mes dents, jusqu'à ce que je la vois, Elle, celle qui l'accompagne un enfant posé sur la hanche. Me secouant la tête, je passe mon chemin et file directement au petit portillon donnant sur la piscine.

Promis... Je ne craquerai pas ! (sous contrat d'édition)Where stories live. Discover now