Chapitre 16

Depuis le début
                                    

On ne s'est pas embrassé finalement. C'est sans doute mieux comme ça. Mais quand on est parti se coucher il y avait une sorte de tension bizarre entre nous. Je ne saurais pas comment le décrire mais j'en tremblais presque.

Rien que d'y repenser, les tremblements revenaient.

J'inspire profondément avant de m'asseoir sur un tronc d'arbre. Je ne sais plus quoi faire, quoi penser, comment être avec lui.

— Chaton ?

Je sursaute puis ferme les yeux. Sa voix est encore endormie, et je n'ose même pas voir à quoi il ressemble au réveil. Canon, charmant, sexy comme un diable. On est en train d'enfreindre absolument toutes les règles que l'on s'était dites. Mais je n'ai même pas envie de le reprendre sur ça, j'aime tellement la façon qu'il a de prononcer ce surnom. Je me tourne vers lui, il est encore dans la tente, assis sur le matelas. J'avais raison, même au réveil il arrive à rester beau.

— T'es réveillée depuis longtemps ?

Je secoue la tête.

— Viens.

Il tend la main vers moi. Je hausse un sourcil. Pourquoi faire ? Ma respiration se fait plus forte alors que j'hésite encore à m'approcher de lui. J'ai l'impression que si je le fais, je laisse encore un bout de mon mur se briser, et bientôt, s'il creuse encore un peu, s'il s'acharne encore, il arrivera à passer outre.

Je me lève pourtant.

Je suis fatiguée de me battre contre lui, de me battre contre moi-même. J'ai besoin, encore de lui dans ma vie. Et tant pis, il n'a pas besoin d'être au courant pour l'instant, je peux encore lui mentir un moment, trouver un autre mensonge.

Et puis, il ne reste là que pour un été. Dans deux mois il retournera en France et il m'oubliera. Il ne m'a peut-être pas oublié ces deux dernières années parce que j'étais encore un fantôme pour lui, qu'il espérait encore mon retour. C'était mon départ imprévu qui a fait qu'il ne m'a pas oublié. Mais cette fois, ce sera lui qui me quittera et qui partira. Alors il sera bien obligé de m'oublier quand il rentrera, je n'aurais plus besoin de lui dire la vérité.

Sa main est encore tendue vers moi et je finis par l'attraper.

Est-ce que c'est mal ? Est-ce que ce que je m'apprête à faire est mal et inhumain ?

Je n'ai pas le temps de plus réfléchir quand il m'attire vers lui. Je suis debout alors qu'il est encore assis sur le matelas. Il me tire la main pour que je m'asseye sur ses genoux. Ses yeux ne quittent plus mon visage, et il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

— Je n'arrive même pas à te détester. Pourtant tu me fais tellement de mal.

Je ferme les yeux en même temps qu'un frisson me parcours l'échine dorsale.

— Tu me fais beaucoup de mal aussi.

Il plisse les yeux.

— Maintenant ? Depuis qu'on s'est revu ? Je t'ai blessé à quel moment ?

Je secoue la tête.

— Non Nathan. Pas maintenant, là je sais que c'est moi qui te fais souffrir. Mais il y a deux ans, c'était toi. J'ai tellement souffert à cette époque.

— On n'était pas bien à cette époque ?

Je déglutis difficilement. On s'aventure sur un terrain glissant.

— Pas toujours. C'était beau, je ne dis pas le contraire. T'es sûrement ma plus belle histoire d'amour.

Je ne pouvais pas mettre les pieds encore plus dans le plat.

C'était un jour d'été IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant