Jour 4 - Médium

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Bien le bonjour :) 

Voici mon 4ème texte pour le writober sur le thème du médium :) Cette histoire aura peut-être une suite dans un thème prochain... Même si je ne sais pas encore lequel :) 

Bonne lecture <3

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C'était un mois d'octobre comme un autre. Nous devions , mes collègues et moi même , nous plier bon gré mal gré à l'incontournable jour de la photo de classe. Je détestais ce rituel qui consistait à immortaliser ce moment de ta vie que tu partages avec des gens que tu n'as pas envie de voir. Ça peut paraître bête ; mais j'ai toujours préféré le fonctionnement américain , où on trouvait un livre par année et pour lequel tu pouvais choisir de poser ou non. 


Je me prêtais à ce jeu de mauvaise grâce ; me réconfortant en me disant que le patio désigné comme cadre possédait un côté bucolique. Je devais avouer qu'avec sa forme carrée , sa végétation, et ses bancs, il avait vraiment de l'allure. Un immense portail se situait dans le fond. Je voyais que l'administration avait barricadé cette entrée , comme condamnée à ne jamais laisser sortir les secrets bien trop présents de ces lieux.


Je rêvassais , attendant péniblement le moment où je pourrai remonter en cours quand j'entendis une cloche,un tintement très distinct qui attira mon attention. Mes yeux se posèrent sur le hayon , et je fus surprise d'apercevoir des gens entrain d'arriver. Près d'une des colonnes était posté un homme habillé en moine. Il était grand , assez mince , brun , avec un visage anguleux. Ses traits tirés par la fatigue contrastaient avec son regard froid. Je trouvais ça étrange en me disant que ce n'était pas trop l'époque pour se grimer de cette façon. Certes , on approchait de la période d'Halloween , mais quand même. J'avais chaud pour lui aussi parce que le tissu semblait épais.


J'entendis un brouhaha et vis des garçons de tous âges , vêtus d'habits monastiques rentrer par le portail. Un autre homme , portant une tenue identique à celle du premier paraissait absorbé à compter les arrivants , comme un berger pourrait compter le nombre de ses brebis pour vérifier qu'aucune ne se soit égarée. La cloche retentissait encore , comme l'équivalent de notre sonnerie moderne qu'elle était. Devant ce ballet d'entrée des nouveaux venus , personne ne semblait réagir ou même remarquer leur présence. 


Je voyais les gens évoluer autour en parallèle , sans que personne ne se touche. J'avais l'impression que deux époques se superposaient , comme si un savant fou avait modifié la courbe espace-temps pendant quelques secondes. Cette vision disparut pour laisser place au néant. Je cherchais du regard ces gens sortis tout droit d'un livre d'histoire et ne vis personne.



— Qu'est ce que tu mijotes , me demanda ma meilleure amie présente à mes côtés depuis le début ?

— Les enfants qui sont arrivés , j'essayais de deviner par où ils sont partis.

— De qui parles-tu ?

— Lorsque la cloche a sonné , le portail s'est ouvert , et des collégiens sont entrés. Un adulte se tenait debout près de chaque colonne. Ils n'étaient pas habillés comme nous , et semblaient tout droit sortis d'un monastère d'ailleurs.

— Il n'y avait personne d'autre que nous. La seule chose que j'ai remarquée c'est que tu étais en train de fixer un point dans le vide.

— Mais rassure-moi , le portail s'est bien ouvert ?

— Non , il n'a pas bougé. Il est fermé depuis des années.



La panique m'envahissait. Pour mon cerveau hyperactif , j'étais déjà en proie à des hallucinations , malade ,et j'échafaudais des théories tout droit sorties d'un roman de Stephen King. Je ne comprenais pas. Je ne savais pas comment gérer cette chose-là.



— Je me demande pourquoi personne ne les a aperçus. J'essayais de dissimuler mes craintes alors que je lui racontais ce que j'avais vu dans les moindres détails. Crois-tu que j'ai rêvé tout ça ?

— Non. À mon avis , tu as juste eu une vision de quelque chose qui n'appartient plus à ce monde parce que ces événements ne se sont pas déroulés à notre époque. Savais-tu que tu te trouves actuellement dans un ancien collège Jésuite reconverti en lycée ? Ça pourrait correspondre aux vêtements que tu as vus.

— Attends. Es-tu en train de m'expliquer que j'aurais pu apercevoir le passé ?

— Je n'émets pas une hypothèse , je te le dis. Ton flash s'est produit à l'heure à laquelle les enfants rentraient en cours pour l'après-midi. Et les pères Jésuites se tenaient de chaque côté du portail comme tu l'as décrit. Pour le reste , tu ne sais pas quelle direction ils ont prise parce que les accès qui mènent à l'intérieur du lycée n'existaient pas encore.

— Mais comment est-ce possible ? Mon étonnement avait atteint son paroxysme.

— N'as-tu vraiment rien lu là-dessus ? N'as-tu jamais vécu des phénomènes comme ceux-là ?

— Non pas à ma connaissance. Je n'en ai peut-être jamais eu conscience.

— C'est faisable. Mais en tout cas , forcée de constater que tu peux avoir des visions de scènes d'événements antérieurs , et probablement de communiquer avec les morts. Renseigne-toi là dessus. En gros, tu as un des facultés médiumniques.

— Tu dois te tromper. Pour moi , ça a toujours été des gens qui possédaient des super pouvoirs comme dans les séries , et qui ressentaient des trucs de malade. Je pressens les choses , ai une bonne intuition , mais je ne pense pas être médium. Comment une simple lycéenne pourrait-elle avoir ce potentiel ?

—Tu crois vraiment que le don a un âge précis pour se développer ? On parle de la médiumnité ma chérie , pas d'un pot de yaourt. La notion de date de péremption n'existe pas.

—  On ne veut pas vous déranger ; mais on doit faire la photo maintenant , nous rappela notre enseignant.



Et c'est ainsi que je me prêtais de mauvaise grâce au rituel du sourire forcé immortalisé sur papier , envahie par une foison de questions , et un regard suspect de la part de mon prof d'histoire. Le reste du cours allait se dérouler dans une bonne ambiance , je le sentais bien.



WritoberWhere stories live. Discover now