Jour 2 - Cimetière

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Coucou :) 

Voici avec un jour de retard (oui on est le 3 et je galère déjà à être à l'heure, ça promet pour le reste du challenge je te le dis moi :D ) le texte du jour 2 :) 

Bonne lecture :) 

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En ce jour d'octobre, j'avais fait le geste de te rendre visite. Tu devais ressentir de la colère envers moi pour n'être venue que 3 ans après ; mais je ne voulais pas te voir. Je rentrais dans ce cimetière froid où tu reposais, mes fleurs à la main, me préparant à te faire face. Je ressassais tout ce qui s'était passé entre nous , à tout ce que l'on ne se dirait jamais, à tous ces problèmes qui resteront à jamais irrésolus.


Je m'avançais dans l'allée, évoluant dans ce parterre de sépultures à la recherche de la tienne. Je suis désolée de ne pas avoir trouvé la tienne tout de suite. Je me remémorais la couleur saphir de tes yeux, si semblable au mien, pensant que c'était peut-être la plus belle chose que tu m'aies laissée. La fraîcheur piquante de cette fin de journée ne rendait pas mon geste facile, et je me demandais comment tu devais te sentir enfermée dans ton cercueil, toi qui avais toujours froid.


Puis j'entendis un dies irae avec des airs de l'Ave Maria. J'aperçus à ce moment-là une femme vêtue d'un manteau bleu roi, agenouillée près d'une tombe grise. Je pouvais voir le visage d'une fillette nommée Diana, morte quelques mois plus tôt. Cette ode au défunt, mélangé à l'image de cette femme qui utilisait ses dernières forces pour ne pas tomber et offrir son plus beau chant du cygne à la petite, remuait mes entrailles. Je sentais mes barrières intérieures céder, celles à cause desquelles je ne pensais pas te regretter. Parce que ce n'était pas normal. Mes pleurs coulaient au fur et à mesure où la voix de cette sirène exorcisait la tristesse qu'elle ressentait.J'avançais dans un autre monde, celui que je m'étais interdit d'explorer, laissant mes blessures de côté. Le chant prit fin. Je la vis se relever, le visage contrit par la douleur. Elle me fit face tout en essuyant ses larmes.



 —  Je suis désolée de vous avoir dérangée, madame. C'était la chanson préférée de ma fille, et elle aurait eu un an aujourd'hui. Je me suis dit que ça lui ferait plaisir de l'entendre.



Et elle partit avant même que je puisse lui répondre. Me laissant là, en proie à ma peine intérieure.J'arrivais tant bien que mal devant ta tombe, et mes genoux cédèrent. Je devais affronter ces événements fâcheux, et les blessures que j'avais enfouies trop longtemps. Tandis que les digues que j'avais érigées lâchaient les unes après les autres,mes larmes coulaient sans vouloir s'arrêter pour expier cette souffrance qui était restée enfermée toutes ces années. Je décidais de ne plus me battre et m'accordais le droit de soulager ma peine. J'avais l'impression que mon corps ne m'appartenait plus, comme s'il était devenu un vulgaire instrument de ce passé trop tortueux. Mon cœur laissait voir ses plaies, creusées par le poids des années où j'avais vécu sans y prêter attention.


Je ne l'avais jamais assumé ma part de responsabilité sur ces événements douloureux. Pensant que tu devais encaisser tout ça toute seule. Tu me diras, quand la personne est décédée, c'est facile de lui reprocher des choses dont elle ne peut pas se défendre. Ça devient une excuse pour les ensevelir en soi comme si elles n'avaient jamais existé, alors que les affronter serait moins pénible. Une excuse pour pouvoir dire que non, on verra ça plus tard, alors que tu sais très bien au fond que le temps tu n'en as pas tant que ça. Une excuse pour dire que ce n'est pas notre faute, c'est elle ou lui, alors que cette personne ne peut plus te répondre.



  —   Je suis désolée pour tout. Ma voix cassée par la douleur me semblait totalement inconnue. Pardonne-moi. Je t'ai toujours aimée. J'aurais dû m'y prendre autrement. Et surtout, j'aurais dû agir, et ne pas supporter tout le mal fait. J'aurais dû ne pas entraîner tout le monde avec moi.



C'est forte de cette conviction nouvelle que je quittais le cimetière. Le lendemain, l'agitation de la nuit avait laissé des traces sur mon humeur. Mais au fond de moi, je savais maintenant que je devais avancer. Évacuer ce qui aurait dû partir depuis un moment. Je devais continuer pour toi, pour ce futur qui n'existera jamais, pour cette relation qui est morte avant d'avoir pu vivre, et que l'on a tuée à deux. Mais surtout, dire les choses qui nous semblent importantes, à commencer par celle-ci :je t'aime Maman.



WritoberWhere stories live. Discover now