XX. Le changement, c'est maintenant

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XX. Le changement, c'est maintenant

Les doigts de Lancelot redessinent ma mâchoire. Nos pupilles semblent liées par le doute et l'envie. Ses lèvres roses sont entrouvertes et légèrement humides. Sa respiration se fait courte et son regard se voile d'une émotion que je ne parviens pas à déceler. Toujours à genoux sur le lit, je m'approche un peu plus, réduisant considérablement la distance entre nous. Le jeune médecin pourrait choisir de quitter les draps avant qu'il ne soit trop tard, mais je le sens consumé par un désir inédit.

Serait-ce la première fois qu'il est attiré par une femme ?

Je penche la tête pour venir embrasser ses doigts, les uns après les autres, me délectant de la moindre de ses tendres caresses. Lancelot se rapproche davantage de mon visage, son souffle éreinté s'abattant sur ma bouche. Un sourire rassurant embaume mes lèvres, si bien qu'il me répond avec la même quiétude.

— Si vous êtes gêné, peu importe quand, nous pouvons toujours arrêter, signalé-je.

Je n'ai aucune envie de le mettre mal à l'aise. J'aimerais qu'en partageant cet instant ensemble, il oublie la culpabilité qui le ronge. Qu'il profite comme à chaque fois qu'Hector entrouvre les cuisses d'une femme pour la faire sienne. Pourquoi Lancelot ne pourrait-il pas goûter aux mêmes délices que son amant, après tout ?

— Je me sens coupable vis-à-vis d'Hector, mais je préfère mille fois vous faire mienne plutôt que de choisir quelqu'un qui n'a aucune considération à mon égard.

Face au regard du médecin, je me sens déstabilisée. Comme il s'agit de sa première expérience avec une femme, je me dois d'être irréprochable. Mon rôle est celui du guide et de l'experte. 

— Car même si je déteste l'idée d'être revanchard, j'aurais fini par me venger de ses agissements. Je ne peux plus continuer à me laisser marcher sur les pieds par cet homme qui dit m'aimer. Je dois taper fort pour lui faire comprendre qu'il peut me perdre à tout moment.

Je le sens si proche de moi que je sais que je ne résisterai pas longtemps à m'abandonner à ses lèvres. Je rêve de les goûter depuis la première fois que j'ai rencontré le médecin en me réveillant dans ces draps inconnus. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Comme s'il ne s'était pas passé mille choses depuis. Je sais pertinemment que Lancelot ne m'aimera jamais, et pourtant, alors que je m'apprête à l'embrasser, mon cœur bat à tout rompre. Je comprends que si je m'offre à lui de cette manière, ce n'est pas uniquement pour mettre un bon coup de pied au cul du Duc, mais aussi parce que j'en ressens une profonde envie. Cet homme au regard d'ambre m'envoûte.

— Vous êtes belle, Victoire.

Tais-toi, j'en tomberai amoureuse.

Pour une fois, il ne parle plus d'Hector. J'ai la sensation qu'il ne voit plus que moi. Evidemment, je ne cherche plus à résister. Mes mains se blottissent sur sa nuque pour l'encourager à s'avancer un peu plus vers moi. Mes lèvres frôlent timidement les siennes, comme s'il s'agissait de mon premier baiser. Un son rauque s'échappe de la gorge du médecin, surpris par la douceur de ma bouche contre la sienne. Ce simple bruit me fait rougir et je n'ose imaginer ce que je ressentirai lorsque nos caresses deviendront plus aventureuses. Cette étreinte, au premier abord timide, gagne en sensualité lorsque l'audace du docteur lui permet de faire glisser les draps pour révéler ma poitrine. Il s'arrête un instant de m'embrasser pour m'observer.

C'est la première fois que je me sens si nue face à un simple regard.

Ses lèvres s'emparent de nouveau des miennes, dans un baiser plus brut, passionné et fiévreux. Ses mains effleurent mon dos et ses ongles griffent la moindre parcelle de ma peau brûlante. Sous le joug de ses caresses sensuelles, mes dents mordillent sa lèvre inférieure et je ferme les yeux pour m'abandonner davantage. Sa bouche découvre désormais les fragrances fleuries de mon cou, alors que sa langue se montre plus malicieuse en taquinant le lobe de mon oreille.

VICTOIRE - La théorie de la RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant