- 3.3 - Comparution

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Son style me perturbe un peu. Presque télégraphique, mais déjà à se confier. Il ressemble un peu au mien, c'est sans doute pour cela... Je lui répondrai plus tard, je vais plutôt prendre mon petit-déjeuner et filer au tribunal. Chemise blanche, costume bleu avec quelques fins traits marrons, cravate marron, chaussures marrons. Bref, je joue la carte de l'élégance pour mon retour dans les salles d'audience.

En trempant mon croissant dans mon café, je repense à Samuel. Définitivement, que dois-je faire ? Lui dire ce que je ressens, au risque de me planter, voire de mettre en danger sa carrière (la mienne, je m'y intéresse peu et ce depuis très longtemps). Il m'a envoyé tant de signaux, je ne peux pas l'oublier. Tant pis, je me lance. Ce soir, je l'invite à boire un verre, j'imagine qu'il me proposera d'aller chez lui, et je lui dirai ce que je ressens là-bas. A l'abris des regards...

Heureux comme un enfant qui attendrait Noël le 24 décembre, j'arrive rapidement au Palais de Justice. Je suis accueilli par la procureure Casares, le substitut Bauer et une juge que je ne connais pas. Il est encore tôt, ils sont en train de fumer une cigarette sur le parking. En me garant, je fais mine de leur rouler dessus, ce qui amuse la procureure mais laisse de marbre les deux autres magistrats.

« Bonjour à tous les trois, dis-je en embrassant la procureure, et en serrant la main du substitut et de la juge, déjà en tenue.

- Julien ! Je tombe des nues ! Des jours que j'évite de vous embrasser le matin de peur que vous ne m'approchiez plus ! Que nous vaut cette belle humeur matinale ? me lance-t-elle avec un grand sourire : elle est connue pour être tactile, c'est vrai.

- Le plaisir de coffrer un pervers, répondis-je en évitant de mentionner Samuel et la surprise que je nous réserve pour ce soir.

- Isabelle m'a longuement parlé de vous, Commandant, commence la juge. Depuis combien de temps vous connaissez-vous ?

- Depuis les premiers jours, lorsque j'étais un jeune lieutenant fraichement sorti de l'école de police. Elle n'a d'ailleurs pas changé.

- Attention, Julien, je pourrais vous mettre un blâme pour tentative de corruption de magistrate, ironise le substitut.

- Le plus réjouissant, nous confie la juge, est sans doute de constater que la police judiciaire, le parquet et la magistrature du siège que je représente puissent se faire confiance. Votre rapport est exemplaire, Commandant, il n'y a aucun doute sur l'issue du jugement de ce matin. Quant à vous, Stéphane, l'instruction est impressionnante. Je vous sais gré de m'épargner des détails administratifs grâce à la qualité de vos dossiers. »

Je n'avais jamais reçu de félicitations de la part d'un juge. Encore moins d'une juge. La cinquantaine, sa robe de magistrate ne laisse aucun détail de sa silhouette percer. Elle est au naturel, pas un milligramme de maquillage ne pointant sur son visage, pas davantage que des bijoux. Au premier abord, elle peut sembler dure, mais son sourire laisse transparaître une femme plus ouverte.

Les trois magistrats m'abandonnent sur le parking pour préparer l'audience. Le temps pour moi de demander à Samuel où il était : « j'arrive dans 3 minutes » me dit-il par SMS. C'est alors que je décide de répondre au mystérieux contact, pour m'occuper :

« Voilà qui est rassurant ! A la fois sur ta recherche et sur le mystère du GPS. Je ne t'ai jamais encore croisé, du moins je pense ».

Sa réponse ne tarde pas, et nous entamons une rapide conversation :

« Je ne saurais te dire, sans photos. Mais je n'en veux pas. Je préfère découvrir autour d'un verre. Je suis Thimothée.

- Julien, enchanté. Même si ce ne veut rien dire. D'accord pour la photo.

Hommes de Loi (B&B)Where stories live. Discover now