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Vingt-quatre décembre. A peine trois degrés, la nuit qui tombe à seize heures, et la pluie qui laisse sans arrêt couler ses larmes sur nos villes endormies, camouflées sous la neige boueuse. Je suis assise au chaud, en face de ma cheminée, allongée sous un plaid en fourrure qui est censé me réchauffer, tenant dans mes mains une tasse de chocolat chaud bouillante ayant approximativement la même fonction. Mon livre préféré est posé à mes côtés, une de ses page est cornée. La neige tombe au dehors, pour une fois que ce n'est pas la pluie. J'ai abandonné ma lecture depuis plusieurs minutes déjà. Je contemple le vide qui me fait face, au plus profond du feu. Je viens de relire une de tes dernières lettres, parce que tu me manquais.

Tu me manquais, et tu me manques encore. Un peu plus chaque jour, mais jamais autant que le jour suivant. Ta chaleur me manque, je donnerai tout pour sentir à nouveau ta peau contre la mienne, ton cœur battre en écho avec le miens. Plus que tout je désire te voir respirer à mes côtés, paisiblement. Nos nuits me hantent, les plus douces comme les plus torrides. Je souris pour moi-même à cette pensée. Tu avais ce don de faire en sorte qu'aucunes d'elles ne ressemble jamais aux précédentes. Ensemble, on réinventait tout. J'aurais tant aimé que tu sois là, appuyé contre moi, ton bras gauche entourant mes épaules et ton bras droit offrant au miens de multiples caresses, comme tu avais l'habitude de le faire. J'aurais aimé que tu entremêles nos pieds sous la couverture, et que l'on s'endorme l'un sur l'autre devant un film d'amour ridiculement romantique comme je les aime. J'aurais aimé que ce soir, nous fêtions Noël ensemble toi et moi.

Mais il ne reste de toi que les souvenirs, et ton odeur encore présente sur les vêtements que tu as laissé, et que je n'ai pas eu le courage de te rendre ni de jeter. Il reste peut-être quelques photos, mais surtout en ma mémoire des bribes de ton regard. D'un brun sombre à en couper le souffle, une invitation stricte à la noyade. Ton regard était si profond. J'aimais la nuance que ce brun prenait quand tu me faisais l'amour, cette étincelle qui pétillait. Cet éclat de désir reste ancré dans mon âme, puisqu'il ne m'est plus donné de le voir. Insouciante, je me suis laissée entraîner, j'ai plongé. N'étais-ce pas ce que tu me demandais ?

Pourquoi n'es-tu plus là ? Moi qui me voyais comme une sirène dans le reflet de tes yeux, n'étais-je pour toi qu'un vulgaire poisson ?




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Hello ! Voici le texte qui ouvrira ce recueil. Vous remarquerez certainement avec les textes suivants que j'essaye de suivre une thématique, un point commun qui relierait les textes entre eux : le regard, les yeux. J'espère que ce concept vous plaira, n'hésitez pas à me donner votre avis dans les commentaires :)

lunamiine.

Poésie du Silence.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant