Chapitre 14

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Soudainement le toit du dôme céda, entrainant Derek dans une chute monstrueuse de verre. Heureusement les videurs ne réussirent pas à le saisir. Dans la panique, Derek essayait de me repérer, quand il me vit, il courut vers les chauffeurs qui garaient les voitures d'hommes d'affaires.

Il bouscula un pilote, prit les clés encore dans les mains de l'homme et après être entré dans la Mercedes, démarra. La foule se dégagea immédiatement, craignant de se faire écraser. Je courus et ouvris la portière au vol, je sautai à l'intérieur et Derek appuya sur les gaz.

Nous restâmes silencieux jusqu'au moment où nous entrâmes sur l'autoroute. Derek balança la pomme de vie sur mes genoux, elle ne virait pas sur le bleuâtre. Je soupirai, on avait réussi. Pour une mission de niveau un, c'était dur. Cependant, je n'osais pas regarder Derek.

— Tu sais conduire ? demandai-je enfin.

— Ouais, j'ai passé mon permis l'été dernier aux États-Unis, répondit-il concentré sur la route.

— Je croyais qu'on n'avait pas le droit de l'utiliser une fois de retour dans son pays ?

Derek ne répondit pas et à nouveau un silence oppressant d'installa entre nous. Je décidai finalement de le regarder. J'eus un mouvement de recul en apercevant son visage.

Plusieurs morceaux de verre étaient enfoncés dans la chair. Du sang coulait en abondance et maculait ses cheveux noirs et ses habits déchirés, ses avants-bras et ses mains étaient également salement amochés.

— Oh mon dieu, Derek ! m'exclamai-je avec un haut-le-coeur.

— T'inquiète, ça va aller. Tout ce que je veux, c'est rentrer et enlever cette teinture.

— Mais faut que tu passes à l'infirmerie !

— Non, Amy s'il te plait...

Le ton suppliant de Derek me stupéfia et je me tus. La voiture sortit de l'autoroute et s'engagea sur un petit sentier de campagne. Derek la parqua vers une ferme et nous allâmes nous cacher dans la forêt où nous rejoignîmes le Domus Lucis grâce à la clé d'or.

Il était 23h00 passé, nous avions roulé plus longtemps que prévu et tout le monde devait déjà dormir. Nous retournâmes à notre chambre discrètement et une fois à l'intérieur, je verrouillai la porte.

Je pouvais enfin évacuer la tension. Derek enleva sa veste de costard et sa chemise, qu'il jeta sur le sol avant de se laisser tomber sur le canapé. Il avait l'air épuisé et je l'étais aussi. J'allai jusqu'à la salle de bains où j'enlevai mes lentilles et pris tout ce qui était nécessaire pour soigner Derek.

En revenant dans le salon, je constatai que Derek avait lui aussi enlevé ses lentilles, ses yeux étaient à nouveau de ce bleu translucide si particulier.

Je m'assis à côté de lui et commençai à enlever les éclats de verre bien incrustés dans la peau, puis je mis une bonne couche de désinfectant, avant de réitérer l'action sur ses avant-bras et sur ses mains où je mis un bandage. À aucun moment Derek ne gémit et la douleur n'était pas présente dans ses yeux.

— Merci, mais je crois que les bandages ne serviront à rien, dit-il.

— Pourquoi donc ?

— Je vais enlever cette fiche teinture dans quelques instants.

— Ah, tu veux pas faire ça demain matin ?

— Non, je ne veux pas qu'on me voit avec ces cheveux noirs.

— Pourtant, ça te va bien, dis-je en rougissant.

Derek éclata de rire, mais se reprit vite, sûrement parce que la peau de son visage tirait à cause des blessures. Je me levai du canapé et l'accompagnai à la salle de bain où je réduisis les désinfectants dans la pharmacie, me démaquillai à l'aide d'un coton, puis me lavai les dents. Je n'aurais plus qu'à enlever la teinture dès demain. J'allais sortir quand j'entendis :

— Merci pour tout Amy.

Je regardai Derek et le remerciai à mon tour pour aucune raison valable, avant de lui planter un bisou sur la joue. Il parut très surpris par mon geste. Mais qu'est-ce qui m'avait pris ? Je bafouillai un bonne nuit qu'il me rendit, puis sortis, avant de rejoindre ma chambre. Je passai ma nuisette et m'endormis dès que ma tête toucha l'oreiller.

 Je passai ma nuisette et m'endormis dès que ma tête toucha l'oreiller

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J'étais debout sur un chemin de pavés. Devant moi se dressait un château sombre, plongé dans les ténèbres de la nuit. Mais quel était cet endroit ? Autour de moi, les maisons s'alignaient, tout était plongé dans la brume, aucune lumière ne troublait l'atmosphère. La terreur s'insinua en moi.

Soudainement un cri de douleur s'éleva des entrailles du château. J'étais pétrifiée, je n'osais pas bouger, pourtant ma conscience me criait d'aller dans les cachots. Je décidai de l'écouter, je pris mes jambes à mon cou et lorsque j'aperçus une porte barrée d'une grille, je sus que je devais entrer par là. C'était l'intuition, l'instinct, qui me guidait.

Je poussai la porte et un vent froid accompagné d'un nouveau cri frappa mon corps frigorifié. J'entrai et remontai le couloir. Alors que j'arrivais devant une porte en chêne, de nouveau cris de douleur s'élevèrent. Ne résistant pas à la curiosité, j'ouvris la porte, le spectacle que je vis me paralysa.

Une femme à la peau blanche comme le lait et aux cheveux bleus imprimait des marques sanglantes à l'aide de son couteau sur le torse de Derek attaché au plafond par les poignets et dans un état second.

Je hurlai à m'en déchirer les cordes de vocales et me réveillai. Oh mon dieu ! Ce cauchemar était tellement réel, et si... si c'était une vision ? Terrifiée à cette idée, je ne pensais qu'à une chose : que Derek aille bien.

Je repoussai mes draps et sortis dans le salon rejoindre la chambre de Derek. J'ouvris brutalement sa porte et le soulagement m'envahit. Derek dormait paisiblement sur le côté droit. Je dus visiblement le réveiller, car il ouvrit les yeux et passa une main dans ses cheveux à nouveau bruns.

— Amy ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Tu vas bien...soupirai-je.

— Euh oui, qu'est-ce que tu voulais qui m'arrive ?

L'image de son buste strié de marques sanglantes s'imposa, je ne voulais pas l'inquiéter.

— Rien, rendors-toi, dis-je.

Je sortis en refermant la porte. Je me recouchai, mais impossible de me rendormir, ce cauchemar me hantait. Pourquoi tout à coup l'idée que Derek soit loin de moi me terrifiait à ce point ?

 Pourquoi tout à coup l'idée que Derek soit loin de moi me terrifiait à ce point ?

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