Chapitre 34

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Il était pour moi l'heure d'aller dormir. Thomas n'était pas réapparu depuis que je l'avais croisé dans le couloir.

Je me glissai sous les draps avec silence, appréciant simplement le contact doux de la literie. Je m'allongeai sur le côté et fermai les yeux. Le sommeil m'emporta directement, mais pas celui qui était réparateur, non l'autre où je n'avais que des visions.

Je le savais, j'étais dans la même cellule que la dernière fois. Je sentais la pierre froide sous mes pieds nus et je frissonnai. J'aperçus alors Derek, toujours debout mais appuyé contre le mur.

Depuis l'endroit où j'étais, je constatai que ses jambes tremblaient et qu'il peinait à tenir debout. Son visage était recouvert de poussière et je distinguai des traces de larmes. Avait-il pleuré ? Mais ce qui retint mon attention était le fait que ces traces de larmes étaient empruntées de sang.
       
Soudainement un grincement retentit. La Citadellis bleue se tenait devant la porte de la cellule, elle l'ouvrit et entra. Le premier geste qu'elle eut fut de relever le menton de Derek avec son majeur et son index. Tout comme moi, Derek tressaillit à ce contact.

— Oh allons enfin !

La jeune femme eut un sourire en coin, puis elle se recula et reprit la parole.

— Bon alors je t'écoute mon mignon, qu'est-ce que vous savez exactement sur l'identité de mon amant ?

Derek ne répondit pas. La Citadellis soupira, j'étais à peu près sûre que Derek était content de la décourager. Je ne vis pas le coup partir, mais j'entendis le bruit que produisit la chaîne.

Derek leva brusquement ses poignets collés l'un à l'autre et les envoya frapper le nez de la Citadellis. Sous le coup de la force, celui-ci se brisa dans un craquement d'os et de gerbes de sang.
       
La Citadellis recula et porta sa main à son nez. Elle dévisagea sévèrement Derek mais n'eut aucun mouvement de violence à son égard. Elle finit par se rapprocher, mais en faisant attention aux mains de mon ami. Elle finit par dire d'un ton douceâtre :

— Tu sais qui tu viens de blesser ? Un seul mot de ma part et tu ne seras même plus en état de tenir debout. Un seul ordre, et ta peau pâle sera striée de marques rouges.

Derek ne tressaillit pas, sachant parfaitement qu'elle disait ça pour l'effrayer. En tout cas, je ne pensais pas la même chose que lui, j'étais presque certaine qu'elle n'aurait pas hésité à le faire battre à mort. Elle lui agrippa violemment la mâchoire et avec un sourire cruel lui dit :

— Il paraît que la douceur est un meilleur moyen de torture que la violence. Peut-être devrais-je essayer avec toi ?

— Ne me touchez pas !

Derek essaya de reculer mais la poigne de la Citadellis l'en empêcha. Elle planta ses yeux dans ceux du jeune homme et soudainement un doute sembla envahir la jeune femme. Elle le lâcha et dit :

— Qu'as-tu fait à tes yeux ?

— Rien !

— Tu vas devenir aveugle si tu ne fais rien.

Derek détourna brutalement le regard et demanda suppliant à la femme :

— S'il vous plaît, ne LUI dites rien. Je ferai tout ce que vous voulez.

J'étais sous le choc des paroles de Derek, pourquoi avait-il dit ça ? C'était pas du tout le moment de craquer. J'aurais voulu intervenir mais je ne pouvais rien faire, j'étais comme un fantôme. Mais je me dis qu'elle allait peut-être faire preuve de clémence, mais non, elle éclata brusquement de rire et dit entre deux souffles :

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