Chapitre quatorze.

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Le palais s'ameute en nous voyant débarqué à moitié mort. Très vite, les hommes du roi nous prennent en charge et Louis fait venir des guérisseurs.

Rapidement, je suis bandé et Loïck soigné. Mes blessures me laisseront des cicatrices parmi toutes celles que j’ai déjà.

- Que s’est-il passé, me demande le roi.

Énervé, je bondis du lit pour l'attraper par sa tunique en coton. Les gardes autour de lui dirigent la lame de leurs épées dans ma direction, mais mon ami leur interdit de mettre cette menace à exécution.  

- Ce fils de pute de taureau nous a tendu une embuscade !

Je rugis tout près de son visage, parvenant quand même à me retenir. Louis est effondré par mes propos et Dieu sait que je ne ment pas sur de tels sujets. Mes accusations sont fondées. Je suis assez attentif pour reconnaître un style de combat. Ces bêtes avaient la même posture que cette ordure !

Il me met hors de moi et d'un violent coup, j'abats mon poing sur le mur. Ce dernier ne résiste pas à ma force et part en morceaux sous mes yeux ahuris de ses hommes. Ils prennent conscience alors que je suis au-dessus d’eux et baissent leurs armes, admettant leur défaite, plusieurs contre un.

- Ton ami que tu sembles idolâtré est obsédé par ton fils !

Je déchire la tunique de mon ami qui tombe a la renverse. Aidé par ses hommes, il parvient à se relever.

- Loïck n'est pas en sécurité, Louis.

Il essaie de redonner un peu de contenance à son allure en réajustant son restant de tunique.

- Je te crois. Loïck est tout ce qu’il me reste et je sais combien tu es un chevalier honorable, Ridzac.

Épuisé, je m’écroule sur le sol en plaçant un genou à terre. Quand il tente de me venir en aide, je le repousse. Bien que je suis grièvement blessé, je ne peux pas mourir pour aussi peu, plus que ma promesse, Loïck a besoin de moi à ses côtés. Je n'arrive pas a croire que j’ai été assez stupide pour laisser Torodero faire ça. Des le début, j’aurais du agir avec la plus grande prudence.

- Demande à Ariane de veiller sur Loïck, je dois retrouver Torodero.

Quand je me lève vers la sortie, je vois bien que Louis est consterné par mon état. Admiratif également par ma force de volonté.

- Soldats, empêchez Ridzac de quitter cette pièce !
- Louis !? Hurlé-je en tentant de partir.

Mais deux lames se croisent pour le barrer le chemin. Afin de ne pas aggraver mon état et empirer la situation, j’obéis et ne compte pas quitter cette pièce.

- Ridzac, me dit Louis en me regardant par-dessus son épaule. C’est de toi dont il a besoin pour le moment. Veille sur mon fils.

Sur ces paroles troublantes, il se retire avec ses hommes. Deux d’entre eux montent la garde en dehors de la chambre. J'en profite alors pour m'assoir sur le rebord du lit dans lequel est allongé Loïck. Inconscient, c'est la première fois que je prends le temps de détailler d’aussi près son visage. Il a de long fils et de fins sourcils. Il respire par sa bouche qui est légèrement entrouverte. Même si ses lèvres ont été abîmées dans ce conflit, elles me donnent envie de les embrasser. Mais je ne peux pas trahir son frère. Je suis marié et je porte encore cette alliance autour de mon doigt. Mais je ressens toutes ces sensations quand je suis aux côtés de ce prince. Mon cœur bat si rapidement dans ma poitrine.

Inconsciemment, je passe mes doigts dans sa frange pour dégager son visage. Ce geste anodin le sort de son sommeil en douceur. La lumière de la salle l'éblouie un instant avant qu'il ne passe ses doigts sur ses yeux pour les frotter.

- Comment est-ce que tu vas, Loïck ?

Quand il tente de répondre, il se crispe de douleur en se penchant en avant. Alors que j'essaie de l'allonger, il se met à éclater de rire.

- Je peux savoir ce qu’il y a de si drôle ?
- R-Rien, je te demande pardon. C’est juste cette putain de douleur qui m'a surpris. C’est tout.

Il est bande aussi, son visage est couvert d'égratignures et de pansement pour recouvrir le plus gros.

- Où est Nyia !?
- Pas de panique, prince. Elle s'est endormie dans ma chambre.

Loïck soupire de soulagement avant de trembler. Je crois qu'il réalise enfin la situation et la chance que nous avons eu tous les trois. Par miracle, nous sommes vivants.

Je passe mon bras autour de ses épaules pour le rassurer, et lui donne un peu d’eau pour le calmer. Son lit se trouve juste à côté de la fenêtre. Bien que j’ai dit ne pas m'enfuir, je peux aisément emprunter ce chemin là. Mais Louis m'a demandé de veiller sur lui, je ne peux pas le laisser dans cet état alors que je suis responsable de la situation. Si j'avais pris les précautions nécessaires, cela ne se serait pas produit. Je serre des points en enfonçant mes griffes dans la peau de ma main.

- Tu saignes, constate l'humain.
- Ce n’est rien.

Le jeune homme se saisit de ma main ensanglantée.

- Arrête ça, Ridzac. Tu n’as pas a t'affliger ce type de blessure.

À travers mes bandages, il voit bien que je saigne. Mes blessures ne sont pas prêtes de se refermer.

Il caresse ma main. Gentiment, ses doigts passent entre les poils de mon pelage qu’il prend le temps de découvrir.

- Ils sont doux, complimente-t-il.

Quelle innocence. Je découvre un Loïck niais et je crois qu’il dépasse son cadet. Il ne connaît rien a la physionomie des bêtes.

Si naïf…   

Je retire ma main de la sienne en prenant conscience que ce que je fais est mal. Loïck doit épouser dame Ariane et je ne veux pas perturbé leur mariage.

- Ridzac…
- C’est bon, tout va bien prince. Je t'assure.
- Je commence à comprendre pourquoi Hugo est tombé amoureux de toi.

Encore un peu et il est parti pour me faire rougir. Mes oreilles bougent instinctivement pour écouter ce qu’il a à dire.

Ma queue dans le bas de mon dos se balance sur les côtés alors que je me redresse sur le lit, assis sur mes talons.

- Tu fais toujours passer les autres avant toi. Tu te prives de ta fille pour servir la cause de mon père. Et chaque, jour tu voues ton amour à mon frère. Je t'ai longtemps jugé et je te demande de me pardonner.

Je reste bouche bée face à son sourire. Et presque naturellement, je viens l'allonger sur son dos pour me mettre au dessus de lui. Sa chemise de nuit est remontée sur son ventre plat.

De mes yeux, je peux observer les mouvements de respiration qui le font se contracter, et ces bandages autour de son corps. J’empoigne Loïck par ses poignets avec délicatesse alors que ses cuisses passent d’elles-mêmes sur les miennes, réunissant nos hanches. Loïck prend alors conscience de mon corps pour la première fois, et de mon sexe en érection. Ahuri par la taille de mon membre dressé, il rougit.

Mais il ne cherche pas à se débattre. Tout comme moi, il désire découvrir ces sensations.

Et doucement alors, je saisis l'occasion et l’embrasse. Il garde ses yeux ouverts, troublé par cet échange pourtant si chaste. Pas de mouvements de lèvres, pas de langue malicieuse.

Juste un contact doux et le besoin de sentir cette bouche si délicate contre la mienne.


LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant