Chapitre treize.

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Loïck s'empare d'une épée trouvée au sol et me dépasse dans le dos pour affronter cette bête. Il pare son coup grâce à son épée qu’il place devant son corps. Je reconnais bien là, le prince vaillant qu'il est. Loïck n'a pas peur de se frotter à plus fort que lui.

Si ses vêtements sont crasseux à cause du sang et de la pluie, il n’a jamais été aussi beau qu’à présent. Sa rage de vaincre se lit dans son regard. Un regard vif.

- Je vais te briser les os, humain !
- Amène toi ! Lui crie-t-il dessus.

Dans le fiacre, j'entends Nyia qui se met à pleurer. Les pleurs de la petite déstabilise Loïck, qui manque de vigilance et se prend un coup de manche violent en plein visage. La bête propulse Loïck au sol en écrasant son corps avec son pied qui se met à piétiner le prince tout en riant d’extase. L’humain tente de s’échapper mais hurle à la mort face aux coups.

Décidant d'agir pour son bien, je suis contraint de laisser Nyia pleurer pour le sauver. Je récupère ma lance qui est à terre avant de prendre de l’élan et courir. Comme un javelot, je la lance dans la direction de la bête qui finit par recevoir mon arme en plein le cœur. Les dégâts sont importants, elle transperce littéralement la bête qui finit à terre, en tombant sur Loïck. Ce dernier se retrouve écrasé par sa masse imposante et hurle quand il ne parvient plus à respirer. J'accours à son secours en dégageant le corps.

Je prends Loïck dans mes bras avec délicatesse. Par chance, il n’a pas été grièvement blessé, même si ses blessures sont importantes. Loïck souffre de son piétinement. Son visage porte la trace violente du manche, marquant sa peau d’un imposant hématome.

Toujours en le portant, je vais récupérer Nyia que je confie à Loïck. Naturellement, il la prend dans ses bras et l’embrasse pour la rassurer. Face aux pleurs de la petites, il verse des larmes silencieusement.

- N-Ne pleure plus Nyia, t-tout va bien…

Puis, il lève la tête vers moi en constatant avec effroi l’ampleur de mes blessures.

- Ridzac, tu !?
- Je vais bien. Je ne vais pas mourir pour si peu.

En effet, le corps d'une bête est bien plus résistant que celui d'un humain. Quelqu’un comme Loïck ne survivrait pas à ces blessures. La nature nous a donné cette force pour protéger les humains.

- J-Je n'ai pas pu te protéger, Ridzac… je te demande pardon.

Quand il commence à fermer les yeux, je le secoue légèrement pour le maintenir éveillé.

- Reste avec moi, jeune homme. Je t'en prie.

Nous ne sommes plus très loin de la capitale, une fois arrivés aux portes, nous serons pris en charge par les hommes de son père.

***

- Vite, un médecin !

Une fois à la capitale, je hurle et rugis pour me faire entendre. Les gens sont effrayés par notre état et très vite, des soldats arrivent à notre hauteur. Dans mes bras, ils réalisent que je tiens leur prince. Et quand l'un d'eux tente de me le prendre, je suis pris d’une colère noire.

- Si tu tentes de poser à nouveau tes mains sur lui, je t'étrangles, t'as compris !?

Ma voix lui fait froid dans le dos et la bête que je suis, vient le menacer, il recule. Peu importe que je sois en sang, j’étais prêt à me battre s'il le fallait.

- Montez à bord de ce fiacre, vite !

On me pousse presqu’à l'intérieur pour que je prenne place sur la banquette. Grâce à sa détermination, Loïck a encore les yeux ouverts.

- M-Merci, Ridzac…
- De ?

Il caresse faiblement les cheveux de la petite en trouvant la force de me sourire. Oh, ce n’est pas un sourire prononcé, juste un léger étirement de ses lèvres qui vaut tout l'or du monde.

- Pour m'avoir sauvé…

Il peine à parler, les coups sur son corps ont été brutaux et il a peut être des os cassés. J'ai peut être sous estimé l’importance de ses blessures mais il oublie une chose essentielle.

- Non Loïck, c'est à moi de te remercier. Tu as protégé Nyia et tu m’as sauvé la vie en te jetant sur cette bête.

Il a fait preuve d'un courage incroyable que très peu d'humains ont. Quand je regarde la taille de ses mains, je les trouve petites et adorables. Malgré les traces de notre conflit, elles sont claires et ses ongles ronds et limés. Ainsi, il est impossible de deviner à quel point, elles sont fortes. Naturellement alors, je m’empare de l'une d'entre elles, pour l'embrasser. Loïck rougit énormément mais accepte mes baisers sur sa peau tresaillante.

Contrairement a ce qu'il peut penser, les bêtes savent faire preuve de douceur. Je parcours ses doigts en léchant le sang afin d’effacer ces vilaines traces. Je suis un animal, mon instinct protecteur reprend le dessus et couvre Loïck de léchouilles pour le rassurer. Il se laisse faire, le visage écarlate. À cet instant, difficile de dire si ses yeux sont plus rouge que sa peau, mais ses réactions me font un drôle d'effet.

Jamais je n’aurais cru qu'elles m'exciteraient autant. 

- Ç-Ça suffit, dit-il en reculant sa main pour la plaquer contre lui.

Il détourne le regard en se pinçant la lèvre inférieure. Puis, il rajoute naïvement :

- On dirait q-que tu vas me dévorer.

Et c’est le cas, songe une moitié de mon cerveau.

LOÏCK ET LE LOUP BLANCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant