L'arrivée, aucun détour possible

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  Nous sommes maintenant en pleine forêt, il semble qu'aucune voiture n'est passée ici depuis longtemps. À quelques mètres j'aperçois un portail longé par de la végétation.
- Ça semble mal entretenu.
- Oui c'est trop triste. On dirait qu'il y aura plus de boulot que prévu !
Je râle, pffff obligé de se taper tout ça pendant les vacances.
- C'est pas Lara qui devait s'en occuper pendant notre absence ? Demanda mon père.
- Oui mais peut être qu'elle n'a pas eu le temps, avec 5 enfants ...
Elle trouve toujours une excuse pour défendre les autres, des fois je la trouve trop gentille envers les autres.
Pinnn , pin pin, pinnnn
Mon père klaxon 6 fois avant que quelqu'un vienne nous ouvrir. C'était une petite fille, les cheveux en bataille. Elle avait les pieds nus. C'est flippant, on dirait une de ces petites filles dans les films d'horreur.
Maman sort de la voiture et va vers la petite fille.
- Salut. Comment tu t'appelles ?
Aucune réponse.
- Où est ta maman ?
À ce moment, une dame apparaît derrière la petite. Maman s'est redressée et semble un peu hésitante.
- Lara ?
- Oui ! Mirna, ça fait longtemps. Vous n'avez pas changé d'un poil !
- Merci. Mais je suis déjà mère de deux enfants !
- Et moi de cinq !
Et elles éclatèrent de rire.
- Bon allez-y entrer ! Sissi, ouvre grand ouvert l'autre côté !
- Non laissez, je vais le faire.
Ah maman toujours aussi serviable !
- La dame nous adresse un coucou avec la main quand on entre, tandis que la petite fille ne fait que nous suivre du regard.
La propriété est très grande. Un peu plus loin vers notre gauche se trouve le garage de style ancienne. D'un rapide coup d'œil , je vois une balançoire, qui semble en très mauvais état. Des arbres fruitiers par-ci par-là, des pots de fleurs en ruines. À l'opposé, à notre droite, se situe la maison principale. Trop vieille cette baraque ! Sérieusement il n'y a eu aucun entretien ici. Papa s'arrête devant la porte principale et c'est en sortant que j'aperçois une maisonnette derrière le garage. C'est là qu'elles habitent ?
- Je crois qu'il faudra dépoussiérer d'abord avant de sortir les bagages. Fit Maman.
- J'aurai bien voulu vous aider mais je suis encore un peu occupée.
- Ah vous nous laisser ? S'étonna Maman. Je comptais beaucoup sur votre aide je l'avoue.
- Plus tard peut-être. D'accord ? Avec un sourire un peu forcé.
- OK ! Répond Maman à contre cœur.
- Quel toupet ! S'exclama papa quand la dame s'éloigne. Elle doit être reconnaissante envers nous non ? Qu'on lui donne des terres et une maison gratuitement.
Maman fait mine de ne rien entendre, elle sait qu'il a raison.
- Bon je vais chercher les clés dans mon sac et on ouvre la maison.
- Je crois que ce n'est pas la peine ! Répondis-je en montrant la porte qui est déjà grande ouverte.
En même temps, maman a déjà regagné la voiture.
- Quoi ? Comment est ce possible?
Elle cherche malgré tout les clés et remarque que Mia ne se trouve plus dans la voiture !
- Mia ! Cria -t- elle.
J'étais surpris par ce cri, autant que mon père. On a vite accouru vers elle.
- Qu' est ce qu'il y a ?
- Mia n'est plus là !
- Allons la chercher. Je regarde dehors, toi demande à Lara.
- Et moi je vais chercher dans la maison ! Il y a de forte chance que c'est elle qui y est entrer.
- OK.
Mon père ne cesse d'appeler Mia et Maman va en direction de la petite maisonnette derrière le garage.
J'allume la torche de mon téléphone et ouvre encore un peu plus la porte. J'éclaire l'intérieur et aperçois un grand hall, je vois des traces de pas sur le parquet, des traces de petits pieds nus. Les filles doivent jouer ici de temps en temps, je me dis.
- Mia ? Si t'es là montre toi vite ! Maman s'inquiète.
Aucune réponse. J'avance encore de quelques pas et vois une porte à ma droite. Je l'ouvre, elle est fermée à clé. Puis, je regarde à ma gauche où se trouve une porte semi-ouverte. Je marche lentement pour ne pas faire de bruit, je ne sais même pas pourquoi je fais ça ! Un réflexe naturel je suppose. J'entrouvre la porte. Les canapés sont recouverts de drap marron ou plutôt blanc. Ils ont surement été rouillés par les poussières du temps. Puis je vois une autre pièce, la cuisine. Tout semble vide, aucun signe de Mia. Au moment où je me retourne pour sortir de la pièce, j'entends des voix. Deux personnes qui discutent. Je suis quelques instants le son de leur voix avant de m'en rendre compte qu'elles venaient d'en bas. Puis plus rien. C'est le calme total.
- Mia ! J'entends ma mère crier.
- Mia ! Mais où étais-tu ? Dieu soit loué.
Je sors et vois Mia dans les bras de ma mère. Elle a des toiles d'araignée dans les cheveux. Je la soupçonne d'avoir été dans la cave. Mais avec qui discutait-elle ? Une explication s'impose !
- Mia ! S'exclama papa. Il a dû déjà fouiller de fond en comble la forêt quand il a entendu maman crier le nom de Mia.
- Elle était où ? Demanda-t-il à maman.
- Je ne sais pas. Elle ne veut pas parler. Il vaut mieux ne pas la bousculer.
J'observe un moment Mia mais elle ne laisse trahir aucun sentiment. Peur ? Tristesse ? Colère ? Rien
- Allez ! Rentrons nos bagages, fit-elle.
Sans dire un mot, moi et papa allons vers la voiture récupérer les bagages. Quand nous fûmes cote à cote, il y a eu une sorte de connexion, une sorte d'intimité, de sensation de confort que je n'ai jamais eu avec mon père auparavant. Du coup, je me suis confier à lui.
- Papa, je crois qu'il se passe des choses bizarres ici.
- Toi aussi tu as senti cela ? Je n'ose pas faire part de mes doutes à ta mère. Elle était si enthousiaste à l'idée de venir ici. Je crois qu'elle aussi elle sent des choses mais fait mine de ne rien remarquer.
- Je n'ai pas envie de rester ici. Me plains-je avec un air boudeur
- Tu sais très bien que ta mère ne le voudra jamais. Et puis on n'est sûr de rien...
- Vous vous dépêchez un peu les mecs ?
- Oui maman on arrive !
- Allez hop fiston, le boss nous appelle. Dit papa avec un grand sourire aux lèvres.  

Deux heures ont passé et nous sommes tous fatigués, les bagages sont déballés et les chambres nettoyées méticuleusement. Quand maman fait quelque chose, elle ne le fait pas à moitié.
- Bon ! Je vais préparer à manger, si quelqu'un veut bien m'aider ! Elle le disait si fort que même les maisons voisines pouvaient l'entendre, s'il y en avait...  

Tapi dans les ténèbresWhere stories live. Discover now