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24/03/2018
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     Ma sœur et moi nous jetâmes lourdement sur le canapé que nous venions de déposer dans le salon. En face de nous, notre mère repositionnait bien droite la table. Derrière nous, notre père aidait les déménageurs à installer le lave-vaisselle.

     Les meubles arrivaient par la fenêtre de la salle à manger grâce à une grue mais nos cartons, eux, devaient être récupérés par nous-mêmes. Sonya et moi décidâmes de redescendre les trois étages sans ascenseur pour récupérer le maximum de cartons possibles. Elle me fit passer tous les miens en premier ; N e WT était marqué sur chacun d'eux, au marqueur noir ou rouge.

     Nous fîmes plusieurs aller-retour, comme ça. En prenant le plus de cartons possibles à chaque fois. Mais comme mes bras étaient aussi musclés que des spaghettis sans gluten, mis les uns sur les autres, les cartons devenaient de plus en plus lourds. D'autant plus que je n'avais que des livres qui pesaient chacun une bonne tonne...

     Une fois tous les meubles installés, les déménageurs nous aidèrent à porter nos cartons jusqu'au troisième étage. Sonya avait hérité de la plus grande chambre, à quoi elle n'arrêtait pas de me vanner mais je m'en fichais pas mal. Je ne possédais que des livres et peut-être deux ou trois bidules que j'allais bien pourvoir ranger dans un quelconque tiroir. Un grand espace ne m'était donc pas nécessaire.

     J'ouvris la porte de ma future chambre, que je n'avais encore vu qu'en photo – oui, nos parents décidèrent d'acheter un nouvel appartement sans nous consulter, nous, leurs enfants – et j'y découvris une petite pièce d'environ huit mètres carrés seulement, si l'on en croyait les documents. Ça m'ira très bien, pas besoin de plus grand.
     Mon lit avait déjà été installé et je remarquai l'agréable présence de planches en bois accrochées sur plusieurs murs. Ce qui allait être parfait pour mes livres !

     Je vidai mes cartons dans le désordre et jetai mes habits sur mon lit en prétextant les ranger plus tard. Vers dix-neuf heures trente, les déménageurs partirent et ma mère fit réchauffer des Pastaboxe tandis que je sortais mes livres de mes cartons. Je vérifiai la tenue des étagères en appuyant fort dessus avec la paume de main mais aucune ne bougea d'un millimètre. Celui qui avait dû les accrocher devait collectionner les dictionnaires pour les fixer si parfaitement...

     Pendant que je rangeais mes romans par nom d'auteur, Sonya débarqua dans ma chambre.

— Newtie ! (La porte claqua contre le mur, à quoi elle s'excusa.) En plus d'avoir une salle de bain rien que pour nous deux, les placards sont géannnts ! s'exclama-t-elle, aux anges.

     Sonya n'était pas compliquée. Un rien pouvait la rendre heureuse, elle trouvait du bonheur dans tout. Même dans les choses les plus simples. Elle était assez chanceuse, d'ailleurs. J'étais plutôt l'inverse...
     J'avais pour habitude de m'apitoyer sur mon sort, en plus de me ronger les ongles.

     Sonya s'agaça ensuite du bordel que j'avais déjà foutu sur mon lit. A quoi je me contentai simplement de soupirer. Elle m'aida à plier quelques fringues et m'ordonna d'aller les ranger. Je laissai donc mes livres en plan sur les étagères et récupérai la pile de vêtements que ma sœur a eu l'amabilité de plier à ma place et parti les ranger dans le placard.

La salle de bain était au bout du couloir et les placards à côté. La chambre de ma sœur était en face de la mienne.

— Le tien, c'est celui de gauche ! s'empressa-t-elle de m'informer.

     Je calai donc la pile de fringues contre mon torse et la tenais assez maladroitement avec mon bras gauche alors que j'ouvrais le placard de mon bras droit. Ledit placard allait jusqu'au plafond, possédait plusieurs étages et était profond. De quoi satisfaire ma sœur et sa multitude de fringues. Sans manquer de faire tomber les trois-quarts de mes t-shirts par terre – oui, je suis un boulet – je rangeai tant bien que mal mes vêtements.

99Where stories live. Discover now