Chapitre 22

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Aldiouma resta longtemps assise derrière la cour.

Elle se sentait tellement triste.

Anta ne voulait pas d'elle ici et elle n'osait pas monter de peur de rencontrer Balla de nouveau.

Elle se décida alors à aller à son ancien travail afin de changer d'air et pour qu'on l'oublie un peu.

Elle entra dans sa chambre et trouva Cheick endormi. C'était tant mieux parce qu'elle ne voulait pas qu'il la voit dans cet état.

Elle se changea , prit son sac et sortit rapidement sans prévenir.

Aldiouma arriva devant son ancienne école et se remémora ses anciens souvenirs.

Les bancs de l'école ne vous manquez qu'une fois dehors.

Elle entra et fit un salut rapide à Mr. N'Diaye qui était entrain de dispenser sa classe.

Elle entra dans le bureau de Madame Sall et cette dernière cria de surprise.

-Aldiouma ma chérie, tu nous as manqué. Alors tu reviens quand ?

Avec son mariage, Aldiouma avait demandé un congé à madame Sall ne sachant pas comment sa nouvelle vie allait être règlementé mais maintenant qu'Anta ne voulait plus d'elle dans la cuisine peut être qu'elle pourrait songer à revenir.

-Je ne sais pas encore mais très bientôt.

Travailler lui manquer. Aider les enfants à faire leurs exercices, à apprendre à lire ou compter lui manquait encore plus.

Elle continua à tenir compagnie à madame Sall pendant encore un instant lorsque la porte s'ouvrit et de dos cette fois ci entendue une voix qui la fit frémir.

Elle se retourna immédiatement et croisa le regard de Khadim.

Il était une fois de plus en costume.

Son cœur se mit à battre mais elle savait qu'elle n'avait plus le droit.

Il était marié et elle aussi désormais.

Lui aussi paraissait surpris de la voir.

-Aldiouma quelle surprise. Comment vas-tu ?

Elle baissa les yeux.

-Je vais bien. Tu es de retour ?

-Oui, je viens tout juste de rentrer de Dakar.

Aldiouma se leva alors soudainement.

-Bon, je vous laisse. J'étais juste venue saluer.

Elle fit mine de sortir mais Khadim l'a suivi.

-Attend, je te raccompagne.

Ils avaient des choses à se dire.

Une fois devant la porte de l'école, il osa enfin dire.

-Tu m'as manqué.

Elle ne répondit pas.

-Et le mariage ? Tu es heureuse ?

-C'est compliqué.

Il sourit parce qu'il la comprenait.

Elle se rappela de la phrase qu'il lui avait sortie lorsqu'elle avait appris qu'il était marié. Elle comprenait enfin ce qu'il voulait insinuer.

Quelque fois , ce n'est pas parce que deux personnes étaient toujours ensemble que tout allait bien. Un mariage demandait beaucoup plus parfois et il fallait rester et supporter en attendant et malgré soit.

Khadim remarqua sa tristesse.

-Oh ! Aldiouma. Il semblerait que je paye le prix de mon erreur. J'aurais tellement aimé que l'on soit ensemble mais tu m'as échappée si rapidement.

-N'en parlons plus. Fit-elle lentement.

-Je sais que tu es marié mais je n'arrête pas de penser à toi.

Elle garda le silence. Elle ne voulait pas qu'il soupçonne quoi que ce soit.

Elle ne voulait pas prononcer ses mots qu'elle ressentait elle aussi. Cela ne se faisait pas.

Elle était désormais une femme mariée et ne devait pas.

Alors sans prévenir Khadim voulut la prendre dans ses bras mais elle se recula de surprise et  de douleur et fit tomber son sac.

Elle avait peut-être une côte cassée, se dit-elle.

Il s'alarma par sa réaction.

-Qu'est-ce que tu as ? Tu es blessée ?

-Non, c'est juste des crampes.

Elle voulut ramasser son sac à main mais elle n'arrivait pas à se baisser sans ressentir une vive douleur au niveau des côtes.

-Khadim, mon sac s'il te plait.

Il ne bougea pas et la regardait toujours curieusement.

-Il te bat c'est ça ? Aldiouma n'est pas peur dit moi s'il te frappe.

Khadim avait eu à travailler dans des associations pour femmes battus et savait reconnaitre certains signes.

Il avait remarqué qu'elle marchait lentement et n'arrivait même pas à se baisser pour prendre son sac.

-Non, je t'ai dit que c'est des crampes.

Khadim n'était toujours pas convaincu.

-Aldiouma je m'inquiète tellement pour toi. S'il y'a quoi que ce soit sache que tu pourras toujours venir te confier à moi.

-Oui, je sais.

Il finit par ramasser son sac et le lui tendit.

Aldiouma le remercia et s'en alla et en marchant une idée subite lui surgit de la tête.

Cheick ignorait qu'il ne l'avait pas touché et pour qu'il ne sache jamais la vérité, elle avait peut-être trouvé la solution.

Elle se donnerait à Khadim. Si lui était le premier, Cheick ne découvrirait alors jamais ce qu'elle avait fait.

Elle se promit de lui rendre visite une fois qu'elle arriverait à se libérer et surtout bien avant que Cheick n'ait encore envie d'elle.

Elle n'était pas dupe, elle savait que même après sa promesse de ne plus la toucher. Tôt ou tard, il la voudrait de nouveau dans son lit.

Elle se retourna et vue Khadim qui la regardait toujours de loin.

C'était lui qu'elle voulait et personne d'autre.

Elle avait besoin d'agir en conséquence.

Le prix de la vengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant