Chapitre 35 :

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Tranquillité. Dans les brumes d'une demie inconscience. Je me reposais pour la première fois depuis des semaines. Le souffle chaud à mes côtés, régulier, profond. Je me sentais si bien sous les draps ma peau contre la sienne. Ce qui était triste c'est que je savais pertinemment que ça ne durerait pas. Le calme avant la tempête. Ma vie n'était pas ce long fleuve tranquille dont certains rêvaient. Mon existence était un combat chaque jour. Survivre !

Parfois je me plaisais à oublier ma condition, aujourd'hui c'était un de ces jours où je me laisser porter par l'innocence de mon personnage.

Á mes côtés, le bruit des draps se plissant sous le mouvement de mon partenaire qui émergeait lentement des bras de Morphée. J'ouvrais doucement les yeux pour l'observer un instant. La couette reposait sur ses reins, dévoilant son corps dénudé. Son dos était musclé, quelques grains de beauté, imperfections sur sa peau lisse, donnait de la profondeur au jeune homme. Un véritable garçon, pas une image digne des magazines de mannequins. J'en comptais sept en tout. Deux sur le creux de ses reins que je caressais d'une main légère. Trois du côté de son épaule gauche, s'alignant dans une ligne légèrement incurvé. Et pour finir deux, placé sur le milieu de son dos.

Silencieuse je m'échappais du lit, ma main glissant sur ses fesses pour l'en retirer aussi vite. Je me dirigeais vers la salle de bain pour le passage obligé du matin. Coup de peigne. Brossage de dents. Lentille de contact ! Prête à repartir me « coucher ». Dans la chambre, je le retrouvais assis dos contre le mur, la main tendu dans ma direction. Je la saisis et souris. Tendrement. Amoureusement serait mentir. L'amour ce n'est plus pour moi. L'affection peut-être, mais pas l'amour. L'amour cela blesse beaucoup trop. Cela n'en vaut pas la peine. La souffrance est trop insupportable pour souhaiter recommencer.

Je me blottis dans ses bras. Une étreinte douce et agréable qui me donnerait presque l'illusion de sécurité.

-Bonjours Léo, soufflai-je à son oreille.

Ses bras se resserrèrent un peu plus fort autour de moi avant que ses lèvres ne trouvent les miennes dans un délicieux baiser.

-Bonjour princesse.

Je m'étirais paresseusement avec la grâce féline d'un chat au réveil.

-Quels sont les plans pour aujourd'hui ? demanda-t-il, ses yeux aux reflets caramel rivés sur les miens.

Les petites rides au coin de ses yeux m'indiquaient le bonheur que lui procurait la situation. Ma réponse l'enchanterait d'avantage.

-J'ai bien une petite idée, déclarai-je un sourire malicieux sur les lèvres.

Je ne lui donnais pas le temps de répondre que déjà je me hissai sur son corps, nouant mes doigts entre les siens. Je déposais une morsure amoureuse, comme on peut parfois appeler suçons dans sa nuque. Nous étions repartis pour un petit jeu de lutte gréco-romaine sous la couette...

Si seulement !

Mon portable sonna.

La mélodie m'indiqua qu'il s'agissait de Sam. Alors que Léo me murmurait d'ignorer l'appel tout en couvrant mon cou de baisers, je l'ignorai et bondissais hors du lit à la recherche de l'appareil posé sur mon bureau.

-Allô ?! dis-je d'une voix inquiète.

S'il m'appelait alors qu'il était conscient que je passais mon week-end avec Léo, cela pouvait seulement dire que c'était important.

-Sonya, on a un problème !

J'adorais quand les nouvelles commençaient de la sorte. J'ignorais l'air agacé de Léo et me couvrais d'un paréo, qui me servait de dessus de lit.

-La Secte a Edward. Ils vont lui faire du mal. Clara a été envoyée comme messagère. Ils me veulent. Je ... merde ! On était si prêt du but !

Silence. Je réfléchissais à mille à l'heure pour réarranger le plan, modifier le tir. Attendre demain et mener l'assaut ? Edward serait peut-être mort ... Mais la Secte ne s'en prenait généralement pas aux humains, alors pourquoi maintenant ? Ils avaient eu vent de notre entreprise.

-Sam ne panique pas d'accord. J'arrive au plus vite. Tu restes chez toi, d'accord ?

-Clara sera au salon du thé tout près du parc du Roi Soleil. Tu peux t'occuper de la mettre en sureté ?

Il ne m'écoutait pas. Aux petites inspirations du jeune homme, je devinais qu'il était en train de bouger. C'était exactement le but de la Secte, ils voulaient déstabiliser Sam, pour qu'il fasse des erreurs.

-Sam, rentre chez toi. Je t'interdis de faire ce que tu fais ! Attend moi ! Ne fais pas l'idiot.

L'adolescent se dirigeait pour sûr vers la planque de matériel que nous avions établi. Il allait confronter nos ennemis sans moi.

C'était ce qu'ils espéraient. Il s'offrait sur un plateau d'argent, mettant ses émotions en avant plutôt que sa raison. Imbécile. Sam allait se faire tuer !

-Mets Clara à l'abri s'il te plait !

-Écoute moi Sam : ne fais pas ça ! Rentre chez toi et attends ! criai-je pratiquement dans le combiné.

Il me rendait folle !

Ce fut le son de fin d'appel qui me répondit. Furieuse je tentais de le rappeler, en vain. Il ne répondrait pas. Inutile de perdre plus de temps. Je devais l'empêcher de mettre fin à sa vie aussi ridiculement.

-Un problème ? demanda Léo qui avait entendu mes cris de protestations depuis le salon.

-Habille toi, on a du travail, annonçai-je en retournant dans la chambre pour m'habiller.

L'adolescent était toujours à moitié allongé dans le lit, la mine dubitative quant à la situation. Pour l'instant il ne comprenait pas l'urgence, il n'aurait pas plus d'explications de toutes façon. J'ouvrais ma commode et me plongeais sur l'étagère spéciale mission. J'enfilais ma tenue d'intervention. Débardeur noir. Pantalon près du corps, souple. Mon brassard radio sur le bras gauche. Ma ceinture de munition et d'armes sur les hanches. J'avais l'habitude de me préparer en deux minutes pou les urgences. Pas Léo apparemment.

Il ressemblait à un adolescent pas éveillé à son cours de mathématique de huit heure du matin. Je lui jetai son caleçon au visage dans l'espoir qu'il se réveille. Ce fut un coup de fouet suffisant, il sursauta avant de se lever, son caleçon Calvin Klein à la main. Il semblait outré.

-Dépêche toi c'est urgent ! grondai-je sans sympathie.

Chaque seconde que nous perdions nous rapprochait d'une tragédie.

Je n'avais pas le temps pour ses enfantillages. Je me rendais dans le séjour pour rassembler les derniers éléments nécessaire. Mon manteau, mes mitaines de protections. J'étais prête. Je n'attendais plus que la Belle au Bois Dormant, qui déboula après cinq bonnes minutes dans la pièce. Les cheveux en pétard, les yeux fatigués. Il faisait un peu pitié.

-Tu sais conduire ? demandai-je bien que connaissant la réponse.

-Euh oui pourquoi ?

Soudainement sa voix commencer à manquer d'assurance. Il effleurait le sérieux de la situation du bout de ses doigts d'adolescent naïf. Je lui jetai un regard avant d'agiter des clés sous ses yeux.

-Je te fais confiance avec ma voiture pour la suite, allons-y !

La porte claqua derrière nous tandis que nous quittions l'appartement pour nous diriger vers le parking. Vite. Plus vite !

MétamorphoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant